album·BD/manga

Choupisson, tome 1. La vie en ver (2024)

Auteur/Illustrateur : David Périmony

Editeur : La Gouttière

Pages : 40

Alors qu’il sort d’hibernation, un choupisson part en quête de nourriture pour calmer son appétit. Une première rencontre lui dit qu’il devrait chercher un ver de terre, mais quand il en trouve un, ce dernier est prêt à tout pour assurer sa survie et propose au petit hérisson de l’aider dans sa quête d’un déjeuner.

La vie en ver est le premier volume d’une série de BD pour les jeunes lecteurs aussi mignonne que drôle. Si le comportement du ver de terre n’est pas toujours très avenant, l’histoire n’est reste pas moins bourrée d’humour et de jeux de mots bien tournés. Et si la naïveté du choupisson permet au ver de se tirer d’affaire, on ne peut que rire quand la situation prend un tournant qu’il n’avait pas vu venir et qui en fait le dindon de la farce.

Choupisson est une série qui séduit par la tendresse de son petit héros et par la beauté de ses illustrations lumineuses aux couleurs pastelles. David Périmony, auteur de Billy Symphony, revient en force avec cet album poétique. Après Sous les arbres, les éditions La Gouttière étendent leur collection avec une nouvelle série , idéale pour initier les petits lecteurs à ce format de lecture.

Je remercie Babelio et les éditions La Gouttière pour l’envoi de cette adorable BD dans le cadre de Masse Critique.

Bienvenue au potager ! Paillasson le choupisson a faim, mais ne sait pas quoi manger. Sur les conseils d’un drôle d’escargot. Il part en quête d’un « vert de terre ». Hum, Hum… Qu’est-ce que ça peut bien être ?

roman graphique

Lebensborn (2024)

Auteure/Illustratrice : Isabelle Maroger

Editeur : Bayard

Collection : Graphic’

Pages : 224

Blonds aux yeux bleus c’est que ça devient RARE COMME RACE !!!

Il aura fallu cette réflexion d’une vieille femme sur son fils, pour qu’Isabelle Maroger se lance dans l’écriture de ce roman graphique qui retrace l’histoire de sa famille, l’histoire de sa mère. Une façon de dénoncer le racisme banalisé et le concept de race avec ce que cela implique de conséquences.

Fière de ses origines norvégiennes, l’auteure a grandi dans une famille soudée et unie qui revendiquait fièrement leurs ascendances nordiques. Si les enfants savaient que leur mère avait été adopté très jeune, ils étaient loin de s’imaginer le lourd héritage que sa naissance cachait. Née en 1944 dans un lebensborn, elle fait partie de ces milliers d’enfants issus d’un programme de repeuplement mis au point par les nazis.

Alors que le dépeuplement se fait dans les camps de concentration par la mise à mort de milliers de juifs, le chef suprême des SS, Heinrich Himmler, met en place un programme de promotion des naissances visant à repeupler le pays de petits aryens. Pour ce faire, des maternités spéciales ouvrent en nombre dans les pays d’Europe et notamment en Norvège où les soldats allemands sont vivement encouragés à se reproduire avec des jeunes femmes blondes aux yeux clairs. La politique nazie est en route et n’est plus à une horreur prêt…

Entre quête d’identité et devoir de mémoire, Lebensborn met en lumière une pratique méconnue mais pourtant lourde de conséquences de contrôle des naissances par un régime dictatorial prêt à tout au nom d’une idéologie discutable. Le témoignage est par ailleurs très touchant du fait d’une imprégnation familiale forte et d’un retour aux sources fort de rencontres qui ressemblent à des retrouvailles.

***

Il y avait deux programmes nazis secrets : le premier avait pour but d’exterminer les juifs dans des camps, le second de faire naître des aryens dans des maternités.

manga

Mars – Perfect Edition (2024)

Mars, bunbokan (2006)

Auteure : Fuyumi Soryo

Traductrice : Xavière Daumarie

Editeur : Panini Manga

Collection : Shojo

Pages : 362

Volume : 4/8 (en cours)

Alors que Makio se réjouit d’avoir su provoquer la colère de Rei exprimée dans une explosion de violence, ce dernier prend conscience de l’agressivité qui l’anime et prend peur. En effet, s’il est prêt à tout pour protéger Kira, il craint aussi de la perdre. En révélant cette faiblesse, Rei met pourtant la vie de la jeune fille en danger, poussant Makio à s’en prendre à celle qu’il considère comme responsable d’avoir attendri le cœur de son idole. Se faisant, il pousse Kira dans ses retranchements et fait remonter à la surface un traumatisme qu’elle était parvenu à enfouir derrière un mur de protection. Alors qu’elle se confie à Rei, la santé de sa mère la confronte à un choix délicat qui met leur relation en péril…

Tu sais pourquoi tous les gens rêvent d’un monde de paix où toute discrimination aurait disparu ? Parce que l’être humain n’est pas une créature paisible. Parce qu’il aime discriminer. Toute relation humaine commence par un rapport dominant-dominé.

Dans ce quatrième volume, la présence de Makio Kirishima soulève des questions sur la capacité des deux héros à accepter la part d’ombre qui existe eu chacun d’eux. L’affection qu’il se porte mutuellement s’exprime dans la confiance et le respect qu’ils ont l’un de l’autre. Sans jamais se voiler la face, ils prennent conscience que leur rencontre est ce qui les maintient sur le droit chemin, leur attachement prenant force dans la chaleur de leur couple, mais aussi dans celle qu’ils trouvent auprès de leurs amis, Harumi et Tatsuya, qui veillent sur eux avec un regard protecteur et bienveillant.

J’ai eu beaucoup de mal à peindre Kashino. Il a plusieurs sortes de couleurs en lui… Elles sont si subtiles et complexes qu’il m’a fallu beaucoup d’efforts pour les exprimer. Mais toi, Kirishima, tu serais très facile à peindre. Il me suffirait de recouvrir la toile de noir. Tu es incapable de changer le cœur de qui que ce soit.

Pourtant, leur relation stagne, Kira ayant beaucoup de mal à laisser la tendresse qui la lie à Rei s’exprimait dans une relation plus intime et charnelle. Les révélations de Makio viennent ainsi une fois de plus confronter le couple à la noirceur de l’âme et à la difficulté de surmonter un traumatisme. C’est pour Fuyumi Soryo le moment de lever le voile sur le passé de sa jeune héroïne et d’interroger la capacité de l’être humain à surmonter une blessure par la force de son mental. Elle illustre son propos dans des scènes d’une profonde tendresse et avec une certaine pudeur qui laisse l’émotion s’exprimer dans des planches d’une grande beauté.

Je voudrais partir quelque part, n’importe où, là où je pourrais tout oublier. Si seulement je pouvais tout oublier pour enfin renaître.

Tantôt froid, tantôt chaleureux, ce quatrième volume de Mars – Perfect Collection confronte un peu plus les deux héros à la noirceur du cœur humain tout en laissant s’exprimer sa lumière qui puise sa source dans le rapport aux autres. Le style graphique de la mangaka témoigne d’ailleurs de ce questionnement sur l’ombre et la lumière qui s’exprime dans son trait dur et froid, et qui trouve son point de bascule dans les scènes où les héros laissent leurs émotions s’épanouir. Se faisant, elle s’éloigne du genre shojo pour se rapprocher du josei, destiné à un public plus mature tant par le visuel que par ses thématiques, et fait de Mars une série unique qui séduira un public plus large.

Pourquoi ne l’ai-je jamais détesté ? Maintenant, je comprends, c’est parce qu’il savait ce qu’était le désespoir. Parce qu’il connaissait la douleur d’une blessure que rien ne peut apaiser.

Kira Asou est une jeune fille très renfermée sur elle-même, qui cherche sans cesse à éviter le contact avec autrui. Sa rencontre avec Rei Kashino, le garçon le plus populaire du lycée, mais aussi le plus casse-cou, lui sera déterminante. C’est ce garçon qui aime la vie plus que tout, lui qui n’a pas peur des sensations fortes, qui parviendra à la faire sortir de son cocon. Leur rencontre se passe dans un jardin public. Alors que Kira dessinait, le jeune homme vient l’aborder pour lui demander son chemin. Celle-ci lui dessine un plan au dos de sa feuille. C’est alors que le dessin l’émeut, de par sa beauté et son symbolisme: une mère avec un enfant, quoi de plus naturel ? Sauf que pour quelqu’un qui n’a jamais eu réellement de mère, c’est une chose merveilleuse. C’est ainsi qu’il fait tout pour se rapprocher de la jeune fille. Plusieurs obstacles viendront se dresser entre eux, mais cela ne fera que renforcer leur amour déjà grand dès les premiers jours. 

manga

Nodame Cantabile – Masterpiece (2024)

Nodame Cantabile (2021)

Auteure : Tomoko Ninomiya

Traducteurs : Taro Ochïai & Marie-Saskia Reynal

Editeur : Pika

Collection : Josei

Pages : 368

Volume : 1/13 (en cours)

Initialement publiée en France entre 2009 et 2018, au format de 23 volumes + 2 volumes bonus, Nodame Cantabile revient dans une édition Masterpiece à l’image de la réédition du 20ème anniversaire de la série au Japon, en 13 tomes et en grand format. Pour l’occasion, Tomoko Ninomiya a redessiné toutes les couvertures pour en proposer de nouvelles originales. Chaque tome est agrémenté de pages couleurs, mais aussi de chapitres bonus inédits que la mangaka a dessiné pour la réédition. Le petit plus de l’édition française tient dans l’exclusivité de la frise créée pour parcourir les dos de tous les tomes. On trouvera également un fin de ce premier volume une interview de la mangaka et une interview du célèbre violoniste et chef d’orchestre français, Jean-Christophe Spinosi.

Fan de la première heure, je suis heureuse de pouvoir me plonger dans cette nouvelle édition plus élégante, à l’image de la Perfect Edition de Mars. Nodame Cantabile s’inscrit dans le genre josei destiné à un public féminin, plus mature que la lectrice du shojo manga. Ainsi ses personnages ont une vingtaine d’année et sont étudiants à l’Université. Si une romance s’installe au fil de la série, elle reste très légère. Il est surtout question d’une rencontre entre deux personnalités totalement opposées que la musique rapproche.

C’est la Sonate pour piano n°8 de Beethoven, dite la grande « pathétique ». Pathétique, c’est le cas de le dire… vu comment c’est joué.
Mais non… Je me goure complètement ! Les notes, c’est pas toujours ça, mais il y a vraiment quelque chose ! Quelle sensibilité !

Megumi Noda, surnommée Nodame, étudie le piano à l’Université Momogaoka. Passionnée, elle se laisse portée par la musique et les émotions qui l’animent pour interpréter les morceaux qu’elle apprend à l’écoute, incapable de suivre une partition. Sa rencontre avec Shin’ichi Chiaki, un sempaï du conservatoire et un voisin, vient bouleverser son rapport à la musique. Génie de la musique, ce dernier rêve devenir Chef d’Orchestre mais est coincé au Japon en raison d’une peur démesurée de l’avion et du bateau. Nodame vient insuffler un renouveau dans sa perception de la musique et lui permet d’entrevoir des perspectives nouvelles.

Rapidement, Nodame est séduite par ce garçon froid qui n’a de cesse de la repousser, blâmant son manque de rigueur et son hygiène douteuse. Pourtant, il n’arrive bientôt plus à l’ignorer tant il est séduit par le jeu de cette jeune fille pot de colle. Si elle a un petit côté asociale, Nodame est d’une tendresse touchante et ne manque pas d’énergie ni de persévérance. Leur relation amène de nombreuses situations comiques qui viennent insuffler une certaine fraicheur au récit. On s’attache très rapidement à ce couple atypique.

Une exécution merveilleuse au milieu d’une montagne de déchets… C’est la façon dont j’ai rencontré Megumi Noda.

Nodame Cantabile offre aussi un aperçu de la vie des étudiants en musique avec ce que cela entraine comme rigueur de travail, de persévérance et de motivation. Les rivalités sont fortes dans ce milieu où les débouchés sont finalement assez peu nombreux. L’arrivée de personnages secondaires vient d’ailleurs confronter les étudiants à l’échec mais aussi à la réussite, avec ce que cela entraine en terme de motivation. Chacune cherchant à se relever et à toujours progresser pour atteindre le même objectif : vivre de sa passion !

L’écriture est riche et utilise le langage précis propre à la musique classique. Chaque œuvre musicale est nommée et toujours complétée d’une brève présentation qui permet d’en apprendre toujours un peu plus sur son compositeur, son écriture ou son contexte historique. L’humour rythme l’ensemble même si certains gags sont dépassés. Le dessin, s’il va beaucoup évolué au cours de cette série, n’en reste pas moins parfaitement maitrisé, notamment quand il est question des détails sur les instruments lorsqu’ils sont joués est d’une grande justesse.

Une exécution si parfaite qu’elle transporte même son interprète, c’est extrêmement rare. Dans le passé, j’ai souvent rêvé d’y arriver mais j’avais abandonné tout espoir de vivre un tel moment un jour.
Mais à cet instant précis, je sens que c’est là tout proche… Je touche du doigt quelque chose que je n’avais jamais ressenti.

Enfin, je ne pourrais conclure sans parler du comportement problématique de Stresemann, chef d’orchestre de renom, qui tombe clairement dans un cas récurent de harcèlement sexuel. Si cela sert à amener de l’humour, cela n’est reste pas moins un vrai problème, sans doute plus banalisé lors de la première publication. La mangaka s’excuse d’ailleurs (un peu) du comportement de ce personnage important de la série et rappelle qu’il reste à chacun le choix d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. Je trouve qu’il reste pertinent de montrer ce genre de personnages pour rappeler que le harcèlement sexuel existe dans tous les milieux, même les plus élitistes. On pourra saluer ici la force de caractère des personnages féminins qui savent parfaitement maitriser ce vieux lubrique.

Tomoko Ninomiya signe une série unique en son genre qui met la musique en son cœur pour construire un cadre solide dans lequel vont évoluer des personnages de divers origines partageant une passion commune. Son écriture est très documentée mais ne laisse pas pour autant les émotions de côté, proposant ainsi une lecture qui transporte le lecteur dans les couloirs d’un conservatoire supérieur de musique ou dans les coulisses d’une salle de concert.

Shin’ichi Chiaki est l’un des meilleurs élèves de l’université de musique Momogaoka. Fils d’un pianiste connu à l’international, il rêve de partir en Europe étudier la direction d’orchestre ! Malheureusement, sa phobie absolue de l’avion le maintient cloué au sol… Au fond du trou et prêt à abandonner la musique, il s’endort un jour dans le couloir de son immeuble et se réveille… au milieu d’immondices, dans l’appartement de sa voisine, Nodame, une étudiante en piano talentueuse mais pour le moins extravagante ! Cette dernière a en effet eu le coup de foudre pour lui et a décidé de ne plus le lâcher d’une semelle. Mais celle que Shin’ichi voit comme un véritable parasite azimuté pourrait changer sa vie et sa carrière… si elle ne le rend pas fou avant !

manga

Mars – Perfect Edition (2024)

Mars, bunbokan (2006)

Auteure : Fuyumi Soryo

Traductrice : Xavière Daumarie

Editeur : Panini Manga

Collection : Shojo

Pages : 346

Volume : 3/8 (en cours)

Rei tire un trait sur les amis qu’il avait au collège et les enjoint à ne pas vivre dans le passé. Mais il reste hanté par le souvenirs de son frère et doit faire le point sur sa relation avec Kira qui, de son côté, est prête à accepter une simple amitié si tant est que Rei garde le sourire. Cependant, les deux adolescents trouvent la force d’affronter les difficultés et d’avancer en se soutenant mutuellement, c’est dans la chaleur de l’autre qu’ils se sentent le plus en sécurité et entretiennent le désir de protéger l’autre.

Devant lui, je peux sangloter en toute sécurité. Mais Rei… Quand pleure-t-il ? Où est-ce qu’il se sent assez en sécurité pour pleurer ?

Un nouvel élève vient confronter leur couple à la noirceur de Rei et à la profondeur de la distorsion qui l’habite. Makio Kirishima semble fragile et sensible au premier abord, mais Rei saisit immédiatement la solidité des nerfs du jeune homme et la force qui émane de lui. On découvre bientôt que Makio a longtemps été victime d’un camarade d’enfance qu’il a fini par tuer dans une affaire conclue comme étant de la légitime défense. Alors que Kira se rapproche du jeune homme, Rei la met en garde face au danger que représente Makio. Mais ce dernier, cherchant à pousser Rei dans ses retranchements les plus sordides, est bien décidé à utiliser Kira pour atteindre celui qui le fascine.

Ce troisième tome est l’occasion pour Fuyumi Soryo d’aborder plus en profondeur les nuances qui caractérisent la personnalité de Rei. Comme le disait Kira dès leur rencontre, elle perçoit de la noirceur en lui tout autant que de la lumière, et alors qu’elle se sent attirée par sa lumière et la chaleur que Rei dégage, Makio vient lui chercher sa noirceur. Il voit d’ailleurs dans le tableau qu’a peint Kira et qu’elle a intitulé « MARS », une allégorie au dieu grecque de la guerre, cruel et rusé, alors que Kira cherchait justement à exprimer la personnalité du jeune homme au travers de la double fonction du dieu, également gardien des cultures.

Une double fonction qui s’exprime très clairement au travers de Rei. D’abord protecteur de son frère, il reprend ce rôle auprès de Kira. En parallèle, il a tendance à avoir trop facilement recours à la violence et se confronte régulièrement au danger ne serait-ce qu’au travers de sa passion pour les courses de moto, mais aussi dans son mode de vie en général. Mais cette ambivalence s’exprime dans toute les facettes de sa personnalité, c’est ce qui le rend humain et attachant. Il lutte contre lui-même car il a conscience de la distorsion qui l’anime mais ne souhaite pas pour autant éteindre toute étincelle de vie qui brûle en lui.

Moi, je sais qu’il y a surtout de la gentillesse et de la chaleur en toi.

A l’inverse, Makio nourrit et entretien sa part sombre, il est dénué d’empathie et de chaleur. Les violences qu’il a subi et l’incapacité qu’il avait à s’en protéger l’ont contraint à bâtir une barrière de protection autour de lui qui trouve sa force dans les émotions négatives et se nourrit de son dégoût de l’être humain. Contrairement à Rei qui, malgré une famille dysfonctionnelle, a su s’entourer de personnes qui veillent sur lui, Makio est complètement seul. Cela amène une réflexion pertinente sur l’importance de s’entourer d’amis, de sa famille, de personnes capables de nous protéger, mais aussi de personnes qui nous poussent à affronter les difficultés plutôt qu’à les laisser nous submerger.

Ce ne sont ni la beauté ni la gentillesse qui font palpiter le cœur des gens. Elles les émeuvent, certes, mais ces émotions ne perdurent que peu de temps. En revanche, la colère et la tristesse sont différentes. Elles laissent comme des traces d’ongle indélébiles. Même si ces blessures parviennent à guérir, on ne peut en oublier complètement la douleur.

Ce troisième tome nous entraine un peu plus loin dans la compréhension de son héros masculin tout en interrogeant toujours plus sa relation à Kira. L’auteure ne les ménage pas en invitant des personnages secondaires qui viennent toujours un peu plus les confronter à leur passé et à leur douleur propre tout en questionnant leur rapport aux autres et la capacité de l’être humain à survivre à l’hostilité du monde.

MARS – Kira Asou

Kira Asou est une jeune fille très renfermée sur elle-même, qui cherche sans cesse à éviter le contact avec autrui. Sa rencontre avec Rei Kashino, le garçon le plus populaire du lycée, mais aussi le plus casse-coup, lui sera déterminante. C’est ce garçon qui aime la vie plus que tout, lui qui n’a pas peur des sensations fortes, qui parviendra à la faire sortir de son cocon. Leur rencontre se passe dans un jardin public. Alors que Kira dessinait, le jeune homme vient l’aborder pour lui demander son chemin. Celle-ci lui dessine un plan au dos de sa feuille. C’est alors que le dessin l’émeut, de par sa beauté et son symbolisme: une mère avec un enfant, quoi de plus naturel ? Sauf que pour quelqu’un qui n’a jamais eu réellement de mère, c’est une chose merveilleuse. C’est ainsi qu’il fait tout pour se rapprocher de la jeune fille. Plusieurs obstacles viendront se dresser entre eux, mais cela ne fera que renforcer leur amour déjà grand dès les premiers jours. 

manga

Mars – Perfect Edition (2023)

Mars, bunbokan (2006)

Auteure : Fuyumi Soryo

Traductrice : Xavière Daumarie

Editeur : Panini Manga

Collection : Shojo

Pages : 378 x2

Volume : 2/8 (en cours)

Publié pour la première fois en France entre février 2003 et juin 2005 au format de 15 volumes + un recueil d’histoires courtes, Mars revient dans une nouvelle édition qui s’inscrit dans la lignée des Perfect Edition proposés chez divers éditeurs : un format plus grand dont chaque volume compile deux volumes de la première édition. Pour l’occasion, un travail a été fait avec la traductrice pour revoir et mettre à jour sa traduction.

Fan de la première heure, c’est avec plaisir que je me suis replongée dans les pages de ces deux premiers volumes. Cette réédition m’a tout de suite séduite par son format et la qualité de ses couvertures plus épurées, plus élégantes. Je considère ce titre comme un petit chef d’œuvre du genre shojo manga car, si on y retrouve les clichés de la romance lycéenne, on s’aperçoit assez rapidement de la maîtrise narrative de sa mangaka qui a su apporté une certaine originalité à son récit au travers de personnages à la personnalité forte, nuancée par leurs vécus respectifs et le lien qui se tisse entre eux.

Je perçois de la couleur en Kashino. Une couleur violente et belle… triste, aussi.

Rei est au premier abord un garçon très sociable qui semble détaché de tout, il flirte avec les filles avec la même intensité qu’il parcourt les circuits de courses sur sa moto. Très populaire auprès de ses camarades, il donne l’impression d’être une tête brûlée. De son côté, Kira est très sage, très timide, elle se fait discrète et évite les autres par crainte de se faire remarquer. Passionnée par le dessin, elle semble se complaire dans la solitude et combler les rapports humains dans les émotions que son art lui procure. Si leurs personnalités ne sont à priori pas compatibles, les deux adolescents vont se rapprocher peu à peu, attirés l’un par l’autre par la force que leur confère leur passion respective et la compréhension qu’ils ont l’un de l’autre.

Tu m’as dit que tu m’avais abordée dans le parc avant de réaliser ce que tu faisais. C’est pareil pour moi. Tout à coup, j’étais en train de te parler. Et sans m’en rendre compte, je suis tombée amoureuse de toi.

Ainsi le tome 1 se concentre sur la présentation des personnages principaux et leur entourage proche. L’auteure appuie leurs différences pour renforcer l’impression d’incompatibilité entre eux et notre incompréhension, ainsi que celles de leurs camarades de classe, d’assister à un rapprochement qui, de plus en plus, apparaît comme inévitable. Une amitié s’installe entre les deux protagonistes et, en même temps que se jouent des drames, la force de leur attachement s’intensifie. Confrontés au suicide, aux difficultés familiales ou encore au harcèlement scolaire, Rei et Kira tracent leur chemin main dans la main. Ces sujets majeurs du récit viennent en nourrir la trame et permettent de faire progresser les héros dans le développement de leur personnalité propre mais également dans leur relation à l’autre.

Derrière son apparente insouciance, Rei dévoile peu à peu une personnalité violente et un caractère autodestructeur qui se retrouve dans sa passion pour la course à moto et sa conduite mordante. Bientôt pourtant, la présence de Kira, lui permet de se calmer et de reprendre contact avec la réalité. Car la jeune fille pose un regard dénué de jugement, un regard aiguisé par son sens artistique qui lui permet de voir au-delà des apparences. Rei vient lui apporter du courage et de la force, il lui offre aussi une certaine sécurité et montre aux autres qu’elle n’est pas si dénuée d’émotions ou d’intérêts qu’ils le pensaient. On trouve probablement ici l’origine de leur relation amoureuse, le soutien qu’ils s’apportent respectivement est porteur et leur permet de grandir.

Kyoko disait que les circuits sont habités par des anges et des démons… Seigneur, faites que les anges sourient à Kashino.

Si la fin du volume amène les premiers éléments pour comprendre que toute cette violence trouve probablement ses racines dans la douleur de la perte et un sentiment d’abandon, il faut attendre le tome 2 pour découvrir la tragique histoire de la famille de Rei et la profondeur des blessures qu’il porte en lui comme autant de problèmes non résolus. En effet, alors que Rei participe aux 8 heures de Suzuka – une course d’endurance moto courue sur le circuit de Suzuka – Kira réalise un portrait de lui qui sera exposé dans une galerie. Ce tableau amène de nouveaux personnages tout droit sortis du passé de Rei. Ils viennent introduire l’histoire du jeune homme et de son frère jumeau, Sei, tout en interrogeant sa situation propre et notamment sa capacité à avancer, à grandir, alors qu’il semble avoir fui plutôt que d’avoir fait son deuil.

En même temps ils viennent confronter Kira à ses propres doutes quant à sa place auprès de celui qu’elle aime de plus en plus. Que lui trouve Rei ? Que/Qui voit-il en elle ? N’est-elle pas un substitue ? En tant que lecteur on ne peut que remarquer les similitudes entre Kira et Sei, et se positionner dans un questionnement similaire au sien. Pourtant, la sincérité de Rei et la confrontation direct mettent en avant les dissemblances entre ces deux personnes qui se trouvent essentiellement dans la capacité de Kira à affronter les problèmes de front et à ne pas les laisser la submerger. Elle accepte également Rei avec sa part d’ombre et sa part de lumière sans remettre en question sa passion qui pourtant le confronte au danger.

Pourquoi courir au prix de telles souffrances ?
Si je lui posais la question, ça reviendrait au même que de me demander à moi pourquoi je dessine. Probablement parce que je suis en vie…

J’aurais encore beaucoup à dire sur ces deux premiers volumes. Si l’écriture de ses personnages et de son récit sont déjà de qualité, j’aime aussi énormément le style graphique, précis et pourtant épuré, de Fuyumi Soryo. Son trait est parfaitement maitrisé, qu’il s’agisse de ses personnages ou des différents lieux de l’action, les proportions sont respectées et s’approchent de la réalité. On pourra aussi saluer le travail éditorial sur le choix du papier, le style de la couverture avec ses inscriptions en reliefs, l’ajout d’un marque-page ou encore la préface de début de volume qui ne manque pas d’intérêt. Un seul bémol : l’absence de marge gène parfois la lecture, les bulles de dialogues étant ponctuellement mangées par la zone de reliure.

Kira Asou est une jeune fille très renfermée sur elle-même, qui cherche sans cesse à éviter le contact avec autrui. Sa rencontre avec Rei Kashino, le garçon le plus populaire du lycée, mais aussi le plus casse-coup, lui sera déterminante. C’est ce garçon qui aime la vie plus que tout, lui qui n’a pas peur des sensations fortes, qui parviendra à la faire sortir de son cocon. Leur rencontre se passe dans un jardin public. Alors que Kira dessinait, le jeune homme vient l’aborder pour lui demander son chemin. Celle-ci lui dessine un plan au dos de sa feuille. C’est alors que le dessin l’émeut, de par sa beauté et son symbolisme: une mère avec un enfant, quoi de plus naturel? Sauf que pour quelqu’un qui n’a jamais eu réellement de mère, c’est une chose merveilleuse. C’est ainsi qu’il fait tout pour se rapprocher de la jeune fille. Plusieurs obstacles viendront se dresser entre eux, mais cela ne fera que renforcer leur amour déjà grand dès les premiers jours. 

album·BD/manga

Un jardin extraordinaire (2022)

Auteur : Isabelle Rimasson

Illustrateur : Simon Hureau

Editeur : Motus

Pages : 60

C’est en préparant un article sur les jardins pour le blog A l’ombre du grand arbre, que j’ai eu envie de découvrir ce Jardin Extraordinaire que j’avais repéré quelques semaines plus tôt. Il y est question de liens intergénérationnels entre un enfant et sa grand-mère chez qui Nino passe les vacances seul pour la première fois.

Cette gentille mamie vit sans écran ni connexion et n’aime rien tant que passer du temps dans le jardin qu’elle entretient avec beaucoup de patience et d’amour. Elle entend bien initier son petit-fils au plaisir que l’entretien d’un jardin peut procurer en y associant la découverte de tout un écosystème dont l’existence de chaque espèce dépend de celle des autres et est rythmé par les saisons.

Simon Hureau sublime le texte d’Isabelle Rimasson par des illustrations un brin vintage aussi généreuses en couleurs que les végétaux qui prolifèrent au fil des pages. A eux d’eux ils mettent un peu de ce qu’il avait mis dans L’oasis : de la passion, de l’énergie et une sensibilisation à la protection de l’environnement.

Album richement illustré, bande dessinée, album documentaire, Un jardin extraordinaire est un peu tout cela à la fois. La multiplicité des formats dynamisme la lecture et séduira les lecteurs de tout âge. La lecture est par ailleurs un véritable plaisir pour les yeux et s’achève sur la satisfaction d’un repas réalisé avec le fruit de son travail partagé entre amis. On en ressort avec une furieuse envie de mettre les mains dans la terre.

Nino passe pour la première fois ses vacances d’été chez sa grand-mère, à la campagne. Là-bas, pas de wifi, pas de jeux vidéo, pas d’enfants de son âge. Pourtant, Nino ne s’ennuiera pas, car sa mamie décide de l’initier à sa passion : le jardin. À ses côtés, il apprendra à planter, à récolter, à nommer, et… à prendre le temps d’observer.

manga

En garde ! (2021)

Minasama Eto Vu Pure? (2017)
En garde !, série complète en 3 volumes, Tokihiko Tamaru, Pika édition.

Avec trois enfants escrimeurs à la maison, je ne pouvais faire l’impasse sur cette série. Mais si Juliette y a trouvé un certain plaisir à la lire, je ne peux pas en dire autant.

Chika est une solitaire au caractère bien trempé. Ses camarades semblent la fuir et voir en elle une délinquante. En passant devant la salle de sport de son lycée, elle aperçoit un entrainement d’escrime qui provoque admiration et désir de s’initier. Rapidement repérée par les deux seules membres du club, Chika démontre une habileté à reproduire les gestes qu’elle voit et, en copiant l’adversaire, à progresser rapidement. Elle se lance alors dans ce sport sans se douter des surprises que cela va provoquer dans sa vie.

Shônen par excellence, En garde ! tente de faire découvrir l’escrime au travers d’une héroïne aux talents exceptionnels. Progression rapide et capacités exceptionnelles lui permettent de s’illustrer en compétition en moins de trois mois. Pourtant, on peine à y croire tant la place laisser à la pratique du sport est dérisoire en comparaison au temps accordé aux relations entre les trop nombreux personnages secondaires.

Trop gourmand, l’auteur propose une histoire qu’il n’a malheureusement pas le temps de développer en si peu de volumes. Certains éléments sont complètement inutiles et desservent le récit : les « harceleuses » sont clairement inintéressantes, le grand-père pervers n’a d’autre vocation que de tenter de faire rire ; mais son obsession pour les fortes poitrines tombe complètement à plat et ne parviendra probablement qu’à faire sourire un public masculin à peine pubère…

De son propre aveu, Tokohiko Tamaru ne connaissait rien à l’escrime avant de se lancer dans l’écriture de ce manga, en prévision des JO d’été de Tokyo 2020. Cela se ressent malheureusement un peu trop puisqu’il privilégie les scènes durant lesquels les personnages font tout un tas de choses sauf de l’escrime, laissé vraiment au second plan. On saluera cependant la qualité de ses illustrations d’escrime, pour lesquelles il s’est appuyé sur des photographies.

Je ne suis donc pas convaincue par ce titre que je choisis malgré tout de présenter car il a au moins le mérite de parler d’un sport méconnu, alors que la France en est le berceau.

En garde ! Etes-vous prêts ? Allez !

Chika est une fille au caractère bien trempé qui n’hésite pas à répliquer si on lui cherche des noises. Elle passe son temps entre les couloirs de son lycée et les salles d’arcades à battre des records aux jeux vidéo. Un jour, elle assiste par hasard à un entraînement d’escrime qui provoque chez elle un véritable électrochoc ! Surprise par la sensation de nostalgie qu’elle éprouve pour ce sport, Chika est loin de se douter que le destin lui réserve des retrouvailles plutôt agitées…

BD/manga·masse critique

Par la force des arbres (2023)

D’après le roman d’Edouard Cortès

Scénario : Edouard Cortès & Dominique Mermoux

Dessin et couleurs : Dominique Mermoux

Editeur : Rue de Sèvres

Pages : 120

Après la liquidation de son exploitation agricole, Edouard Cortès n’a plus goût ni foi en la nature humaine. Mais plutôt que d’utiliser le nœud de sa corde pour se pendre, il choisit d’en faire un outil qui lui permettra de monter le matériel nécessaire à la construction de la cabane dans laquelle il souhaite s’isoler pour prendre du recul avec le monde. Encourager par ses proches, il entend bien passer plusieurs mois en haut de cet arbre qu’il s’est choisi pour tenter de trouver un nouveau point d’encrage suffisamment solide pour reprendre goût à la vie.

Au fil des pages, Edouard Cortès partage son expérience de vie en communion avec la nature. L’album, richement et superbement illustré, nous fait découvrir les richesses de la nature, faune et flore vivant en symbiose ou partageant un même espace dont ils tirent chacun avantage pour rester en vie. Oiseaux, insectes, mammifères, mais aussi divers essences d’arbre, de mousses et autres lichens sont autant de merveilles qui viennent redonner foi en l’existence à cet homme qui, comme Le Baron perché d’Italo Calvino, a fait le choix de s’installer en haut d’un arbre, pour mieux se trouver.

Récit de vie, Par la force des arbres est aussi et surtout le témoignage d’un homme éprouvé par le métier d’agriculteur dont les conditions de travail se sont durcies avec le temps et la rigidité bureaucratique. C’est presque un appel à l’aide que l’on entend souffler entre les branches de cet arbre, une prière silencieuse pour sauver l’agriculture française et ceux qui tentent encore d’en vivre.

Je remercie les éditions Rue de Sèvres et Babelio pour l’envoi de ce titre dont la lecture est un véritable baume au cœur.

« Je me sentais fatigué du monde d’en bas et de moi-même, je suis donc monté là-haut.
J’entreprends une métamorphose à l’ombre des forêts.
Je veux voir à hauteur d’arbre. »

roman graphique

Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l’hippopotame (2023)

Auteur : Vincent Zabus

Illustrateur : Hippolyte

Editeur : Dargaud

Pages : 168

Romain s’apprête à entrer dans la cour des grands, à faire le grand saut dans la vie adolescente. Si physiquement le changement s’arrête au passage piéton qui sépare l’école primaire du collège, le mental lui fait déjà des bonds et du haut de ses presque douze années, Romain se rend compte qu’il a déjà commencé à changer : ses jouets de l’amusent plus autant, les histoires qu’il se raconte n’apaisent plus son esprit tourmenté, ses parents semblent de plus en plus indifférents… Et que penser de son enseignante adorée, Mademoiselle Sophie, dont l’embonpoint s’est encore aggravé pendant les vacances. Encourager par sa sœur, étudiante en psychologie, le garçon décide de mener l’enquête pour comprendre quelle douleur se cache derrière toutes ses rondeurs, mettant un pied dans le monde des adultes et commençant son apprentissage de la vie.

Après le magnifique et vibrant Incroyable !, publié en 2020, le duo Zabus-Hippolyte revient avec un nouveau titre touchant et sensible par la façon dont il aborde le passage de l’enfance à l’adolescence en l’enveloppant dans d’autres thèmes importants tels que la grossophobie et les troubles alimentaires. Le texte tout en délicatesse de Zabus soulève avec intelligence un questionnement sur le comportement et le jugement de l’humain face aux personnes en surpoids. Il pousse à regarder au-delà de l’enveloppe charnel pour mieux comprendre l’autre. Les aquarelles d’Hyppolyte mettent en valeur le regard de Romain sur Sophie, insistant sur les émotions par un joli jeu d’ombre et lumière. Poétique, Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l’hippopotame est un récit profondément humain à découvrir dès 9/10 ans.

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Romain, 12 ans, a une soeur, étudiante à l’université, et a pour professeur d’école mademoiselle Sophie. L’embonpoint prononcé de Sophie lui vaut les moqueries de plusieurs élèves, sans qu’elle semble y prêter attention. Romain observe avec curiosité et empathie sa professeure et devine un mal-être qu’il ne peut expliquer avec son regard de jeune ado. Romain essaie pourtant de comprendre cette tristesse palpable : sa corpulence est-elle une conséquence de ses sentiments, ou l’inverse ? Est-elle malade ? A quoi ressemble son quotidien ? A-t-elle un amoureux ? … Doté d’une imagination débordante, Romain commence son apprentissage de la vie et découvre une partie du monde des adultes, notamment grâce à sa grande soeur. Peut-on dissimuler les souffrances ou les doutes et tenter, malgré tout, de faire bonne figure ? …