roman ado

Guerrière (2023)

Auteure : Cécile Alix

Editeur : Slalom

Pages : 256

Alors que Nekeli et son frère jumeau Soulaï s’occupent des chèvres, leur village est sauvagement attaqué par des mercenaires en guerre contre la politique de leur pays. Massacrant à coup de kalachnikov ou de machettes les habitants, réduisant en cendre les habitations, ils usent d’une force brute pour arracher les enfants à leur famille qu’ils sont souvent contraints de tuer eux-mêmes, avant d’être enlever pour rejoindre des camps dans lesquels les garçons seront formés pour devenir soldats et les filles seront réduites à l’état d’esclaves sexuelles.

J’ai abordé la lecture de Guerrière sans vraiment savoir à quoi m’attendre, la quatrième de couverture ne révélant finalement que bien peu sur le sujet abordé. On comprend très rapidement que la lecture ne sera pas facile car la récit est chargé de toute la violence à laquelle sont soumis ces enfants, parfois guère plus âgé de six ans, brutalisés, violés, drogués, formés à tuer pour une cause qui les dépassent.

Voilà, c’est comme ça que ça se passe, je ne peux pas raconter autrement. Il y a des hommes assez ignobles sur cette terre pour capturer des enfants, les obliger à tuer leurs parents, leur farcir la tête de mensonges, de violence et de terreur, les dresser pour la guerre et les transformer en démons. C’est inimaginable, impossible à supporter. Pourtant je le vis.

Au travers d’une écriture poétique et imagée, Cécile Alix aborde le sujet avec une certaine pudeur, sans pour autant épargner son lecteur qu’elle confronte à une réflexion sur la culpabilité des enfants-soldats. S’ils tuent de façon souvent ignoble et barbare, ils sont eux-mêmes victimes d’une situation à laquelle ils ne peuvent qu’obéir pour rester en vie…

Depuis le jour de notre naissance, il y a douze ans, j’ai grandi en Soulaï et il a grandi en moi. Nous nous aimions déjà dans le ventre de mama. Je lui ai donné mes yeux, il m’a donné sa bouche, je lui ai donné mon nez, il m’a donné son front, nous sommes les deux visages d’une même âme.

Violent et révoltant, le récit se nourrit cependant de la force de son héroïne qui trouve son origine dans le lien qui l’unit à son jumeau. Nekeli veille sur Soulaï et Soulaï protège Nekeli. Elle se voit ainsi épargner la situation des autres filles, envoyée à l’entrainement avec son frère qui, toujours, s’assure de tuer pour deux, permettant ainsi à Nekeli de rester elle-même et de garder espoir de pouvoir s’enfuir. Cet espoir apparaît dans des fenêtres que le texte met à notre disposition comme pour nous permettre de reprendre pied avec notre réalité, de reprendre notre souffle après des scènes d’une violence crue, insoutenable.

Le rire de Soulaï éclate. Éblouissant. Une rafale de soleils sortie de sa gorge pour m’aveugler, me ravir et m’étourdir.

Guerrière est un roman difficile mais essentiel. L’histoire aborde un sujet terrible qui mérite d’être d’avantage médiatisé pour sauver ces enfants des horreurs auxquelles ils sont confrontés.

L’UNICEF mène des actions pour venir en aide à ces enfants-soldats, ils expliquent la situation et leurs actions sur leur SITE.

D’autres avis : Héloïse et Lucie.

***

Je m’appelle Nekeli. Ecoute bien ce que je dis. Parce que je ne sais pas si j’aurai la force de te le raconter une seconde fois.

Un village loin de tout,
le bonheur et l’insouciance de Soulaï et Nekeli
– deux visages d’une même âne.

Une communauté anéantie,
la terreur et le désespoir des jumeaux
– forcés, brisés, séparés.

Un cœur dévasté, une enfance abîmée, une rage décuplée.
Puissante et déterminée, une guerrière est née.

album·Docu·Beaux Livres

Louvre Olympique (2024)

Auteur : Daniel Soulié

Illustratrice : Marjolaine Leray

Editeurs : Musée du Louvre Editions & Editions Courtes et Longues

Pages : 64

Présenté comme un parcours fléché, Louvre Olympique est bien plus qu’un simple documentaire sur la représentation des jeux antiques dans l’art. C’est aussi un parcours fléché et un véritable guide de visite pour une balade dans le musée du Louvre, à la découverte des œuvres du passé qui mettent le sport à l’honneur. Il sera un compagnon idéal pour accompagner les lecteurs dans leur découverte de ces amphores, coupes et autres sculptures ou statuettes qui valorisent les jeux dans leur représentations symboliques et historiques.

Proposition intéressante et pertinente que de nous présenter les jeux en revenant aux origines et nous faire comprendre le but de cet événement, ses bienfaits sur le corps et l’esprit dans ce que cela représente aux yeux des grecques de l’époque, les lieux, les disciplines, les récompenses mais aussi la place des femmes, la trêve politique… Le tout à grand renfort de représentations mythologiques et artistiques, et d’explications lexicales.

C’est clairement un documentaire original et pertinent qui s’adresse à toute la famille, car si les enfants s’amuseront du parcours fléchés, c’est bien en famille que l’on apprendra plein de choses qui viendront enrichir notre culture des Jeux Olympiques et Antiques.

Explorez les origines des Jeux olympiques avec Louvre olympique, une fascination inédite entre sport et art. Découvrez les trésors historiques conservés au cœur du musée du Louvre et plongez dans une aventure palpitante où compétition et excellence se côtoient. Ne manquez pas cette occasion unique de vivre les émotions des Jeux olympiques comme jamais auparavant.

album·BD/manga

Choupisson, tome 1. La vie en ver (2024)

Auteur/Illustrateur : David Périmony

Editeur : La Gouttière

Pages : 40

Alors qu’il sort d’hibernation, un choupisson part en quête de nourriture pour calmer son appétit. Une première rencontre lui dit qu’il devrait chercher un ver de terre, mais quand il en trouve un, ce dernier est prêt à tout pour assurer sa survie et propose au petit hérisson de l’aider dans sa quête d’un déjeuner.

La vie en ver est le premier volume d’une série de BD pour les jeunes lecteurs aussi mignonne que drôle. Si le comportement du ver de terre n’est pas toujours très avenant, l’histoire n’est reste pas moins bourrée d’humour et de jeux de mots bien tournés. Et si la naïveté du choupisson permet au ver de se tirer d’affaire, on ne peut que rire quand la situation prend un tournant qu’il n’avait pas vu venir et qui en fait le dindon de la farce.

Choupisson est une série qui séduit par la tendresse de son petit héros et par la beauté de ses illustrations lumineuses aux couleurs pastelles. David Périmony, auteur de Billy Symphony, revient en force avec cet album poétique. Après Sous les arbres, les éditions La Gouttière étendent leur collection avec une nouvelle série , idéale pour initier les petits lecteurs à ce format de lecture.

Je remercie Babelio et les éditions La Gouttière pour l’envoi de cette adorable BD dans le cadre de Masse Critique.

Bienvenue au potager ! Paillasson le choupisson a faim, mais ne sait pas quoi manger. Sur les conseils d’un drôle d’escargot. Il part en quête d’un « vert de terre ». Hum, Hum… Qu’est-ce que ça peut bien être ?

roman ado

De délicieux enfants (2024)

Auteure : Flore Vesco

Editeur : l’école des loisirs

Collection : Medium +

Pages : 224

Depuis L’Estrange Malaventure de Mirella, Flore Vesco se plait à réinventer les contes classiques pour dénoncer les travers de la société en plaçant les femmes au cœur de récits féministes, portés par des héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux. De délicieux enfants nous entraîne en plein cœur d’une forêt sombre, peuplée de loups et de créatures mystérieuses.

Dans une maison pleine de rires et de vie, les écuelles restent aussi vides que le sont les estomacs. Sept enfants composent cette famille, les six premiers, venus par paires, sont forts et vigoureux, le septième est plus petit et discret mais aussi plus curieux. L’amour qui unit tous les membres de la famille les aide à supporter les privations et le goût de la soupe qui n’a bientôt plus que celui de l’eau. Mais quand sept autres enfants affamés viennent frapper à leur porte, l’équilibre se rompt…

Dans cette réécriture du Petit Poucet, l’auteure s’amuse à glisser des références à Hansel et Gretel encore au Petit Chaperon Rouge au travers d’un vocabulaire toujours aussi riche et imagé. Elle développe également tout un vocabulaire de la faim, dont le champ lexical vient se mêler étroitement à celui du désir et de l’éveil à la sensualité, le manque réveillant d’autres pulsions et envies. Ainsi la chair et le sang deviennent source de jeux de mots et de phrases à double sens qui viennent étoffer un message féministe dans lequel les ogrionnes se libèrent de l’enfermement familiale pour assouvir leurs désirs de chair auprès des hommes qui se présentent sur leur chemin.

Le sang est celui de la viande qui gicle et celui des jeunes filles qui deviennent femmes. A l’image de la couverture, la couleur rouge est omniprésente dans le texte ; c’est la couleur du désir et des passions. Sa présence dans la chaumière vient créer un sentiment de malaise que j’ai parfois eu du mal à gérer, notamment dans la notion de sang qui gicle de la chair que l’on découpe ou que l’on mord. Sentiment renforcé par le fait que l’auteure s’amuse à perdre son lecteur dans le déroulé des événements créant des situations que j’ai trouvé parfois dérangeantes.

Flore Vesco parvient une fois de plus à surprendre dans un texte qui emprunte aux contes classiques tout en déconstruisant les codes patriarcaux, pour offrir un regard plus moderne et féministe tout en dénonçant les stéréotypes et les préjugés de la société. Pourtant, le malaise ressentie au fil de l’histoire m’a privé d’un réel plaisir de lecture et m’a empêché de pleinement apprécié ce roman qui ne manque pas de mordant.

Autre avis : Héloïse et Lucie

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IL NE FAUT PAS MANGER POUR VIVRE, MAIS VIVRE POUR MANGER LE MONDE ! Depuis des jours, les écuelles sont vides, tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu…Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure.
Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies sanglantes ? Pour le découvrir il vous suffit, à vos risques et périls, de suivre les traces…

album

Quand on est au milieu (2024)

Bunny in the Middle (2019)

Auteure : Anika A. Denise

Illustrateur : Christopher Denise

Editeur : Kaléidoscope

Pages : 40

La place du milieu n’est pas toujours la plus enviable dans une fratrie. Jamais le plus grand mais néanmoins pas assez petit, il n’est pas toujours facile de ne pas avoir les mêmes privilèges que l’aîné sans pour autant bénéficier de la même souplesse ou liberté accordée au petit dernier.

Mais être au milieu c’est aussi avoir toujours un compagnon de jeu, être ou avoir un modèle à suivre, avoir des responsabilités mais pouvoir aussi s’appuyer sur quelqu’un. Et dans tous les cas, la place du milieu a de ça en commun avec celle de l’aîné ou du benjamin que l’on fait parti d’un même tout, d’une même famille, auprès de qui il y aura toujours des moments de complicité, d’aventures partagées, de besoin de solitude, et surtout, toujours beaucoup de chaleur et d’amour à partager.

Quand on est au milieu est un très bel album pour aborder la question de la place du milieu dans la fratrie. La simplicité du texte d’Anika A. Denise résonne avec la richesse des illustrations de Christophe Denise aux couleurs lumineuses et au charme désuet. La complicité des enfants prend forme dans tous ces instants de la vie de famille qui unissent ces adorables petits lapins aux traits réalistes. L’ensemble forme un album plein de tendresse dont le style graphique n’est pas sans rappeler celui de Beatrix Potter.

Autres avis : Héloïse et Tachan.

À tous les frères et sœurs, les grands, les petits… et surtout celles et ceux qui sont juste entre les deux !

roman ado

My Lady Jane (2023)

The Lady Janies, book 1. My Lady Jane (2016)

Auteures : Cynthia Hand, Brodi Ashton & Jodi Meadows

Traductrice : Sarah Dali

Editeur : Rageot

Pages : 592

Alors que le Roi Edouard II se meurt, son fidèle conseiller, Lord Dudley, l’enjoint à désigner Lady Jane Grey pour lui succéder sur le trône d’Angleterre. Il propose une union avec son fils cadet, Guildford Dudley, afin d’asseoir la souveraineté de la cousine du roi par la naissance d’héritiers mâles, et celle des Edians par la transmission génétique. Mais l’Histoire ne saurait être complètement réécrite et Lady Mary entend bien prendre la place qui lui revient de droit à la mort de son frère…

Je ne sais pas si j’aurais lu ce titre si sa quatrième de couverture ne m’avait pas tant surprise au préalable et sans les nombreux avis élogieux des bookstagrameur.ses et autres babelionautes. Il faut dire que cette uchronie a de quoi surprendre avec ses thérianthropes qui prennent ici le nom d’Edians. Ainsi, les guerres de successions entre les enfants d’Henry VIII prennent un tournant fantastique, l’opposition religieuse étant remplacée par une opposition entre Edians et Authentiques, les premiers ayant pu sortir de l’anonymat après qu’Henry VIII se soit transformé en lion lors d’une colère monstrueuse.

Si l’on retrouve la chronologie et les étapes majeurs de l’Histoire d’Angleterre, tout le reste est pure fiction bien que ses auteures s’amusent à nous faire croire le contraire dans un jeu de dupes des plus pertinents. L’avantage de ce remaniement historique pour ses principaux acteurs, est que leur sort n’en est que plus positif, la mort prenant plus souvent la forme d’une fuite.

Ecrit à six mains, My Lady Jane est un roman fantastique bourré d’humour qui trouve son paroxysme dans des dialogues savoureux aux intonations so british et des quiproquos nés de l’ambiguïté de situations toutes plus cocasses les unes que les autres. J’ai par ailleurs particulièrement apprécié les personnages et notamment leur fonctionnement en binôme qui soulève toujours plus de dérision et permet des rapprochements romantiques attendus, bien que non essentiels au plaisir de lecture.

Voilà un roman qui devrait trouver son public chez les adolescent.es et jeunes adultes, surtout si l’on tient compte de son adaptation en série TV et sa diffusion prochaine sur Prime Video. Je serai, pour ma part, au rendez-vous le 27 juin !

Autre avis : Héloïse.

My Lady Jane de Cynthia Hand, Brodi Ashton & Jodi Meadows, HarperTeen, 2016.

Edward est le roi d’Angleterre. Accessoirement, il est aussi mourant. 
Jane, sa cousine, est sur le point de se marier et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne lui fait pas plaisir. 
Gifford est son futur époux. Il est également un cheval, la moitié du temps. Il fait partie des Edians, ces individus capables de se transformer en animaux. 
Pris au piège d’un complot qui les dépasse, ils vont devoir s’allier pour sauver l’Angleterre – et leur tête. 

roman graphique

Lebensborn (2024)

Auteure/Illustratrice : Isabelle Maroger

Editeur : Bayard

Collection : Graphic’

Pages : 224

Blonds aux yeux bleus c’est que ça devient RARE COMME RACE !!!

Il aura fallu cette réflexion d’une vieille femme sur son fils, pour qu’Isabelle Maroger se lance dans l’écriture de ce roman graphique qui retrace l’histoire de sa famille, l’histoire de sa mère. Une façon de dénoncer le racisme banalisé et le concept de race avec ce que cela implique de conséquences.

Fière de ses origines norvégiennes, l’auteure a grandi dans une famille soudée et unie qui revendiquait fièrement leurs ascendances nordiques. Si les enfants savaient que leur mère avait été adopté très jeune, ils étaient loin de s’imaginer le lourd héritage que sa naissance cachait. Née en 1944 dans un lebensborn, elle fait partie de ces milliers d’enfants issus d’un programme de repeuplement mis au point par les nazis.

Alors que le dépeuplement se fait dans les camps de concentration par la mise à mort de milliers de juifs, le chef suprême des SS, Heinrich Himmler, met en place un programme de promotion des naissances visant à repeupler le pays de petits aryens. Pour ce faire, des maternités spéciales ouvrent en nombre dans les pays d’Europe et notamment en Norvège où les soldats allemands sont vivement encouragés à se reproduire avec des jeunes femmes blondes aux yeux clairs. La politique nazie est en route et n’est plus à une horreur prêt…

Entre quête d’identité et devoir de mémoire, Lebensborn met en lumière une pratique méconnue mais pourtant lourde de conséquences de contrôle des naissances par un régime dictatorial prêt à tout au nom d’une idéologie discutable. Le témoignage est par ailleurs très touchant du fait d’une imprégnation familiale forte et d’un retour aux sources fort de rencontres qui ressemblent à des retrouvailles.

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Il y avait deux programmes nazis secrets : le premier avait pour but d’exterminer les juifs dans des camps, le second de faire naître des aryens dans des maternités.

album·Docu·Prix littéraire

Balade en Fromagie (2023)

Auteur.es : Bernard Friot & Aurore Paillusson

Illustrateurices : Thomas Baas & Charlotte Fréreau

Editeur : Milan jeunesse

Pages : 104

Sélection Prix Sorcières 2024 – Carrément Sorcières Non-Fiction

Voilà un album que j’attendais avec impatience, un album qui raconte le fromage à travers les âges et les départements. Car oui, le fromage fait partie intégrante du patrimoine gastronomique français et même si certains Sont produits au-delà de nos frontières, ils n’en reste pas moins que la plupart trouve ses origines sur nos terroirs.

Balade en Fromagie est né de la coopération entre l’écrivain et poète Bernard Friot et la crémière et fromagère Aurore Paillusson, propriétaire de la fromagerie Le Trou de Souris à Besançon. Album documentaire original, il invite à l’exploration du monde du fromage entre informations, activités ludiques, recettes de cuisine et poésies, le tout servi sur un plateau d’humour frais et divertissant.

Découpé en 7 parties, ce documentaire propose une véritable immersion dans l’Histoire du Fromage en passant par les secrets de sa fabrication, son impact sur notre santé et, sur l’économie et l’écologie de notre pays. Riche en informations, le texte reste accessible aux lecteurs dès 6/7 ans car toujours délivré avec humour et un aspect ludique qui montre toute la passion de ses auteurs pour le fromage… et les bons mots !

La collaboration se retrouve dans les illustrations, ponctuées de photos piochées dans des banques d’images. Thomas Baas réalise de très belles illustrations qui viennent dynamiser le texte dans des « affiches » colorées, le rendre plus fluide aussi. On y retrouve des références publicitaires ou culturelles dessinées avec une pointe d’humour toujours appréciable. De son côté, Charlotte Fréreau vient animer les textes de pictogrammes rigolos, mais propose également des diagrammes et des planches de BD amusantes pour mettre en scène des interviews.

Balade en Fromagie est un album gourmand et généreux à déguster en famille !

Un livre sur le fromage éclectique et généreux, où alternent informations documentaires très sérieuses, mots d’humour, petites activités ludiques, recettes de cuisine, poésies, devinettes, interviews sous forme de BD… Pour un public d’amateurs de 7 à 77 ans et plus large encore…

masse critique·roman

La folle destinée des Kerdelec, tome 1. Un secret bien gardé (2024)

Auteure : Aurore Drécourt

Editeur : Calmann-Lévy

Pages : 542

L’histoire prend place dans la Bretagne du XVIIIè siècle à une époque où de nombreux nobles désargentés se voient contraints d’accepter des alliances avec des familles de naissance inférieure mais à la fortune considérable. Une façon pour les uns de retrouver un revenu qui leur permette de vivre selon leur rang, aux autres de faire oublier leur ascendance et rejoignant la noblesse. C’est ainsi qu’Etienne de Kerdelec, fraichement remonté dans l’ordre de succession, se voit « proposer » de prendre la tête de la famille et d’accepter, se faisant, un mariage imposé.

Chacun devrait pouvoir vivre comme il l’entend, quelle que soit sa naissance, prononça Antoine. Et je ne parles pas seulement de titres ou de richesses. La société accentue les clivages, il n’appartient qu’à nous de ne pas les respecter.

Lorsque sa famille constate sa fuite et la perte d’un document majeur pour récupérer un héritage imprévu, sa sœur jumelle, Sophie, décide de prendre sa place. Elle compte sur leur ressemblance pour duper son monde, comme lorsqu’ils étaient enfants. Mais bien loin des jeux qui lui apportaient la liberté de parcourir leurs terres, Sophie découvre le monde des hommes dans ce qu’il comporte de dangereux et de plus sordides. La compagnie du Comte de Carnac, autre prétendant à l’héritage, lui apporte une certaine sécurité, mais sera-t-elle préserver son identité secrète alors que le comte courtise la jeune femme tout en devenant ami avec la version qu’elle donne de son jumeau ?

En participant à cette masse critique privilège, je pensais postuler pour un cosy mystery, mais j’ai vite compris que ce premier volet de la saga familiale des Kerdelec tenait plus de la romance historique que de roman d’enquête. Si surprise il y a eu, elle n’en a pas été mauvaise pour autant car j’ai vite pris mes marques dans ce roman qui à beaucoup à dire (plus de 540 pages au compteur), et auprès de cette famille qui a beaucoup à offrir. Aurore Drécourt a su développer ses personnages en leur écrivant une histoire et un vécu qui leur donnent de l’épaisseur tout en les faisant évoluer dans un univers riche où les complots politiques flirtent avec les drames familiaux.

Un ami, un vrai, s’obtient avec le temps. Certes, une inclination est nécessaire au départ, mais ce sont les moments de joie, comme les pires épreuves, qui vous permettent de forger une amitié.

Je dois quand même avouer avoir eu un peu de mal avec l’écriture du personnage d’Etienne-Sophie notamment dans le fait que lorsqu’elle prend la place de son frère, Sophie devient Etienne même dans l’écriture du récit, l’auteur parle d’elle comme s’il s’agissait d’un homme. Si je comprends que c’est probablement un effet stylistique pour brouiller les pistes quant à son identité, en tant que lecteur qui sait, j’ai trouvé ça assez déstabilisant pour ne pas dire étrange.

En revanche, j’ai adoré l’aspect historique avec ses réflexions sur l’égalité et les droits de chacun. Nous sommes à l’aube des Lumières et l’auteure a su parfaitement amener les problèmes sur lesquels ils réfléchissent pour l’intégrer à son récit. De même, peu au fait de l’Histoire de la Bretagne, j’ai été particulièrement intéressée par les idées avancées sur le fonctionnement à part de la politique bretonne par rapport à l’ensemble du pays, porté par le fait d’être breton avant d’être français. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur le sujet.

La folle destinée des Kerdelec – Un secret bien gardé est le premier volume d’une saga intéressante et bien menée qui mêle habilement intrigue politique et romance historique dans une époque que l’on sait troublée et dont les grands changements se font déjà ressentir.

Je remercie Babelio pour l’offre de Masse critique privilège et les éditions Calmann-Lévy pour l’envoi de ce titre.

Une fille cadette, la noblesse bretonne, un papier volé… Engouffrez-vous dans les aventures captivantes des Kerdelec. 
Tout l’univers de Sophie, fille cadette du baron de Kerdelec, vient de s’écrouler. Lors du grand bal donné hier à Rennes, le précieux acte de baptême qui allait assurer l’avenir des Kerdelec a été volé. Pire, son frère jumeau Étienne a disparu, et le double choc est si grand que leur père le baron est victime d’une attaque. 
Mais Sophie est une jeune fille courageuse et libre – bien trop pour les convenances, dirait sa mère. Prête à tout pour sauver les siens, et consciente qu’elle ne pourra rien faire en tant que femme, elle décide de partir à la recherche de l’acte volé en se faisant passer pour son frère jumeau. Après tout ils ont joué à échanger leurs places durant toute leur enfance sans se faire repérer ! 
Commence alors pour elle une quête périlleuse dans un monde impitoyable dont elle ne connaît pas les codes. Quête d’autant plus déroutante que le séduisant et provocant comte de Carnac revendique lui aussi l’héritage…

Docu·roman jeunesse

Le feuilleton des jeux d’Olympie en quatorze épisodes (2024)

Auteure : Murielle Szac

Illustrateur : Olivier Balez

Editeur : Bayard jeunesse

Collection : La mythologie grecque en cent épisodes

Pages : 96

C’est aujourd’hui que sera allumée la première torche du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024. Comme le veut la tradition, cette cérémonie se déroulera dans le Sanctuaire d’Olympie, en Grèce. Puissant symbole des jeux, la flamme représente les vertus de la compétition sportive moderne mais elle ancre également les jeux antiques dans l’intemporalité.

C’est tout naturellement que j’ai choisi de parler du dernier feuilleton de Murielle Szac en ce jour symbolique. En effet, forte de ses connaissances en mythologie grecque, l’auteure signe un nouveau récit, écrit en 14 épisodes, pour nous raconter les jeux antiques et les valeurs qui portent encore cet évènement sportif : amitié, respect et excellence !

Des valeurs auxquelles vient ici s’en ajouter un plus contemporaine, la tolérance. Car si le récit a pour principal intérêt de nous faire découvrir les jeux tels qu’ils existaient dans l’Antiquité, l’auteure ne cache pas y avoir ajouter une touche de modernité pour répondre à la demande de la Maison de la culture de Grenoble d’écrire un texte qui défende le combat pour l’égalité des genres, des droits et pour le respect des minorités.

Porté par un jeune héros sensible et épris de justice, Le feuilleton des Jeux d’Olympie est une réussite en ce qu’il nous raconte les jeux dans la sélection de ses juges, les hellanodices, l’arrivée des sportifs sur le site d’Olympie, les épreuves, la victoire et la gloire, dans une écriture imagée aux descriptions colorées qui nous font voyager. Mais c’est aussi une réussite dans ce qu’il dénonce l’interdiction de laisser les femmes mariées assister à la compétition, sous peine de mort, et dans l’intolérance et le refus de laisser un sportif de couleur amener la gloire sur sa cité.

Un récit à lire en épisodes ou d’une traite… car si le découpage est parfait pour avancer lentement, les enfants risquent fort d’en redemander.

Lorsque l’on toque à la maison de ses parents, le jeune Crissias ne se doute pas de l’aventure qui l’attend : il a été tiré au sort pour devenir hellanodice lors de la prochaine olympiade qui se tiendra quelques mois plus tard dans la ville d’Olympie. Son devoir sera de veiller aux normes et à l’héritage des jeux et de maintenir le respect de ses règles lors des épreuves.
Le garçon qui ne sait rien faire d’autre que rêver et se disputer avec son frère Lykos n’a pas d’autre choix qu’accepter. Alors qu’une troupe d’athlètes débarque de Thessalie pour les premières sélections, et dans l’attente du voyage à Olympie, Crissias découvre donc le monde grandiose et cruel de l’olympisme.