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Nodame Cantabile – Masterpiece (2024)

Nodame Cantabile (2021)

Auteure : Tomoko Ninomiya

Traducteurs : Taro Ochïai & Marie-Saskia Reynal

Editeur : Pika

Collection : Josei

Pages : 368

Volume : 1/13 (en cours)

Initialement publiée en France entre 2009 et 2018, au format de 23 volumes + 2 volumes bonus, Nodame Cantabile revient dans une édition Masterpiece à l’image de la réédition du 20ème anniversaire de la série au Japon, en 13 tomes et en grand format. Pour l’occasion, Tomoko Ninomiya a redessiné toutes les couvertures pour en proposer de nouvelles originales. Chaque tome est agrémenté de pages couleurs, mais aussi de chapitres bonus inédits que la mangaka a dessiné pour la réédition. Le petit plus de l’édition française tient dans l’exclusivité de la frise créée pour parcourir les dos de tous les tomes. On trouvera également un fin de ce premier volume une interview de la mangaka et une interview du célèbre violoniste et chef d’orchestre français, Jean-Christophe Spinosi.

Fan de la première heure, je suis heureuse de pouvoir me plonger dans cette nouvelle édition plus élégante, à l’image de la Perfect Edition de Mars. Nodame Cantabile s’inscrit dans le genre josei destiné à un public féminin, plus mature que la lectrice du shojo manga. Ainsi ses personnages ont une vingtaine d’année et sont étudiants à l’Université. Si une romance s’installe au fil de la série, elle reste très légère. Il est surtout question d’une rencontre entre deux personnalités totalement opposées que la musique rapproche.

C’est la Sonate pour piano n°8 de Beethoven, dite la grande « pathétique ». Pathétique, c’est le cas de le dire… vu comment c’est joué.
Mais non… Je me goure complètement ! Les notes, c’est pas toujours ça, mais il y a vraiment quelque chose ! Quelle sensibilité !

Megumi Noda, surnommée Nodame, étudie le piano à l’Université Momogaoka. Passionnée, elle se laisse portée par la musique et les émotions qui l’animent pour interpréter les morceaux qu’elle apprend à l’écoute, incapable de suivre une partition. Sa rencontre avec Shin’ichi Chiaki, un sempaï du conservatoire et un voisin, vient bouleverser son rapport à la musique. Génie de la musique, ce dernier rêve devenir Chef d’Orchestre mais est coincé au Japon en raison d’une peur démesurée de l’avion et du bateau. Nodame vient insuffler un renouveau dans sa perception de la musique et lui permet d’entrevoir des perspectives nouvelles.

Rapidement, Nodame est séduite par ce garçon froid qui n’a de cesse de la repousser, blâmant son manque de rigueur et son hygiène douteuse. Pourtant, il n’arrive bientôt plus à l’ignorer tant il est séduit par le jeu de cette jeune fille pot de colle. Si elle a un petit côté asociale, Nodame est d’une tendresse touchante et ne manque pas d’énergie ni de persévérance. Leur relation amène de nombreuses situations comiques qui viennent insuffler une certaine fraicheur au récit. On s’attache très rapidement à ce couple atypique.

Une exécution merveilleuse au milieu d’une montagne de déchets… C’est la façon dont j’ai rencontré Megumi Noda.

Nodame Cantabile offre aussi un aperçu de la vie des étudiants en musique avec ce que cela entraine comme rigueur de travail, de persévérance et de motivation. Les rivalités sont fortes dans ce milieu où les débouchés sont finalement assez peu nombreux. L’arrivée de personnages secondaires vient d’ailleurs confronter les étudiants à l’échec mais aussi à la réussite, avec ce que cela entraine en terme de motivation. Chacune cherchant à se relever et à toujours progresser pour atteindre le même objectif : vivre de sa passion !

L’écriture est riche et utilise le langage précis propre à la musique classique. Chaque œuvre musicale est nommée et toujours complétée d’une brève présentation qui permet d’en apprendre toujours un peu plus sur son compositeur, son écriture ou son contexte historique. L’humour rythme l’ensemble même si certains gags sont dépassés. Le dessin, s’il va beaucoup évolué au cours de cette série, n’en reste pas moins parfaitement maitrisé, notamment quand il est question des détails sur les instruments lorsqu’ils sont joués est d’une grande justesse.

Une exécution si parfaite qu’elle transporte même son interprète, c’est extrêmement rare. Dans le passé, j’ai souvent rêvé d’y arriver mais j’avais abandonné tout espoir de vivre un tel moment un jour.
Mais à cet instant précis, je sens que c’est là tout proche… Je touche du doigt quelque chose que je n’avais jamais ressenti.

Enfin, je ne pourrais conclure sans parler du comportement problématique de Stresemann, chef d’orchestre de renom, qui tombe clairement dans un cas récurent de harcèlement sexuel. Si cela sert à amener de l’humour, cela n’est reste pas moins un vrai problème, sans doute plus banalisé lors de la première publication. La mangaka s’excuse d’ailleurs (un peu) du comportement de ce personnage important de la série et rappelle qu’il reste à chacun le choix d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. Je trouve qu’il reste pertinent de montrer ce genre de personnages pour rappeler que le harcèlement sexuel existe dans tous les milieux, même les plus élitistes. On pourra saluer ici la force de caractère des personnages féminins qui savent parfaitement maitriser ce vieux lubrique.

Tomoko Ninomiya signe une série unique en son genre qui met la musique en son cœur pour construire un cadre solide dans lequel vont évoluer des personnages de divers origines partageant une passion commune. Son écriture est très documentée mais ne laisse pas pour autant les émotions de côté, proposant ainsi une lecture qui transporte le lecteur dans les couloirs d’un conservatoire supérieur de musique ou dans les coulisses d’une salle de concert.

Shin’ichi Chiaki est l’un des meilleurs élèves de l’université de musique Momogaoka. Fils d’un pianiste connu à l’international, il rêve de partir en Europe étudier la direction d’orchestre ! Malheureusement, sa phobie absolue de l’avion le maintient cloué au sol… Au fond du trou et prêt à abandonner la musique, il s’endort un jour dans le couloir de son immeuble et se réveille… au milieu d’immondices, dans l’appartement de sa voisine, Nodame, une étudiante en piano talentueuse mais pour le moins extravagante ! Cette dernière a en effet eu le coup de foudre pour lui et a décidé de ne plus le lâcher d’une semelle. Mais celle que Shin’ichi voit comme un véritable parasite azimuté pourrait changer sa vie et sa carrière… si elle ne le rend pas fou avant !

6 commentaires sur “Nodame Cantabile – Masterpiece (2024)

  1. J’étais déjà tentée ayant apprécié l’animé mais ton avis rend ce manga quasi indispensable. J’aime beaucoup ton analyse d’une oeuvre plus profonde que je ne le pensais.

  2. J’ai découvert la série lors de sa première parution (javais même commencé à acheter les tomes en anglais avant qu’elle n’arrive chez nous) et je le regrette presque tant cette édition a l’air chouette.
    Je peux te dire que j’ai eu de nombreux moments de franche rigolade mais aussi d’émotion avec tout le petit monde que tu vas découvrir ! Bonne poursuite 😀

    1. Je l’ai lu aussi à l’époque… J’avais acheté les premiers volumes mais j’étais dans une période « moins de manga » et du coup j’ai arrêté, revendu les quelques volumes que j’avais et j’ai suivi en anglais sur un site internet. J’ai tellement aimé que j’ai vu la série live japonaise + les films et l’anime… Ce que j’ai pu rire 😀

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