roman jeunesse

On ne dit pas sayônara (2023)

Auteur : Antonio Carmona

Editeur : Gallimard Jeunesse

Pages : 224

_ On ne dirait pas « sayônara » pour dire au revoir en japonais dans cette situation.
_ Ah, bon ?
_ Non, « sayônara« , c’est adressé à quelqu’un que tu n’as pas très envie de recroiser. C’est un adieu froid ou définitif. C’est pour ça que mamie te dit « mata ne », ça veut dire à bientôt.

Depuis la mort de la mère d’Elise, son père a enfermé la douleur et la tristesse derrière une liste de règles absurdes qui tendent à tenir cet être aimé à distance. Mais alors qu’elle grandit, Elise cherche des réponses à ses questions. Entre quête d’identité et travail du deuil, elle va devoir prendre son courage pour oser poser LA question qui occupe son esprit. Elle peut compter sur le soutien de son amie Stella, fantasque, solaire et pleine d’exubérance pour la pousser à se surpasser, et sur sa grand-mère, fraichement débarquée du Japon, pour mener une révolution.

Je n’avais jamais envisagé qu’on puisse laisser autant de place à quelqu’un qui n’était plus. J’avais vécu quatre ans avec le silence, le secret, le gris et le mois de novembre éternel de papa et voilà que mamie faisait entrer le soleil et la pluie dans notre maison !

Vainqueur du Concours premier roman jeunesse, organisé par Gallimard jeunesse et Télérama, Antonio Carmona signe un titre tout en pudeur qui aborde la perte d’un être cher et le travail de deuil qui en découle dans un texte touchant qui évite les écueils larmoyants et parvient même à faire rire. Sensible et drôle, le texte aborde aussi la quête d’identité dans la construction de soi alors que sa jeune héroïne s’apprête à entrer dans l’adolescence.

Les tartes aux oignons sont entrées dans nos vies peu après le décès de maman.
Elles sont entrées dans nos vies parce qu’il fallait bien que mon père trouve un espace pour vivre son chagrin sans que ni lui ni la créature ne s’en rendent compte.

Porté par une héroïne métisse, le récit est une véritable immersion dans le Japon avec ce que sa culture amène de traditions, de spécialités culinaires et de héros de manga. Par ailleurs, j’aime beaucoup l’utilisation des métaphores (puzzles, tartes aux oignons…) pour parler du chagrin et de l’identité. Je trouve que l’auteur en fait une utilisation pertinente qui lui permet d’aborder des sujets lourds en conservant une certaine légèreté sans pour autant manquer de délicatesse.

Ce soir où il m’a dit la vérité, tout a pris sens enfin. Tous les morceaux du puzzle de mon cœur se sont mis à leur place.

On ne dit pas sayônara est un roman vibrant d’émotions qui parlent aussi de passions dans ce qu’elles ont à offrir au travers du partage, comme l’amour et l’amitié ; mais aussi dans ce qu’elles permettent de s’évader, d’échapper au quotidien, tout en permettant de recentrer sa pensée, sa réflexion pour mieux avancer et aller de l’avant. C’est un coup de !

***

Interdiction d’entrer dans la chambre au piano.
Interdiction de parler japonais.
Interdiction de lire des mangas ou de regarder des animés.
Et bien sûr, interdiction de parler de maman et de son pays d’origine…

Depuis la mort de la mère d’Élise, son père a imposé des règles impitoyables à la maison. Il barricade sa tristesse. Heureusement, au collège il y a l’extravagante Stella, avec son visage qui passe par toutes les lettres de l’alphabet. Et quand mamie Sonoka débarque du Japon, c’est le début d’une révolution.
Mais Élise osera-t-elle enfin poser LA question interdite ?

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