album

La ville grise (2023)

Die graue Stadt

Auteur/Illustrateur : Torben Kuhlmann

Adaptation française : Anne-Judith Descombey & Nelle Hainaut – Baertsoen

Editeur : Nord-Sud

Pages : 64

Lorsque Nina arrive à la ville, c’est contrainte et forcée par le déménagement qui va permettre à son père de commencer un nouvel emploi. Rapidement la fillette s’aperçoit du manque de couleur dans la ville. Et ce ne sont pas interdictions absurdes d’en porter ou d’en utiliser qui vont éteindre son désir d’inverser la tendance en se rebellant contre un système auquel elle refuse de se soumettre.

A la lecture de La ville grise, la beauté des illustrations de Torben Kuhlmann aspire le lecteur dans cette ville oppressante dans laquelle la vie semble presque éteinte. Il multiplie les prises de vues et cadrages pour signifier l’impression d’enfermement, d’emprisonnement, renforcée par les nuances de gris, couleur neutre artistiquement qui inspire pourtant la saleté, la tristesse, la dépression… Au cœur de cette grisaille, l’imper jaune de Nina amène la lumière qu’elle porte en elle et attire le regard des plus réfractaires comme une lumière attire un papillon dans la nuit.

A l’image de la petite Momo de Michael Ende, Nina reste hermétique aux règles imposées. Mais là où Momo ne se soumettait pas à la pression de l’urgence, Nina fuit ce qui tend à ressembler à un régime autoritaire. Au cœur de cette ville grise, les quelques couleurs qui filtrent sont autant de symboles que Nina n’est pas seule à lutter pour la liberté. Un graffiti par-ci, un peu de musique par-là, et un rayon de bibliothèque dissimulé plus tard, l’art s’impose comme sauveur de l’humanité et libérateur de l’oppression.

Véritable bouffé d’oxygène dans l’étouffement imposé par la ville, l’art (et la couleur) illumine les pages et l’histoire, il ouvre l’esprit de la jeune héroïne à rechercher l’origine de ce mal par l’interprétation scientifique de l’expression de la couleur. Torben Kuhlmann impose son style dans un album unique, et ses centres d’intérêts comme autant d’éléments nécessaires à la sauvegarde de nos sociétés. Pourtant, si l’histoire ne manque pas d’intérêt, il est dommage que les tenants et aboutissants ne soient pas exposés, cela m’a empêchée de complètement adhérer au récit, même si je reste très sensible à son message porteur d’espoir.

Je remercie chaleureusement les éditions Nord-Sud pour l’envoi de ce nouvel album dans le cadre d’une lecture commune des membres d’A l’ombre du grand arbre. Un grand merci à Isabelle dont la maitrise de l’allemand a rendu possible un échange avec l’auteur : Torben Kuhlmann, et pour son initiative auprès de l’éditeur.

Nina emménage avec son père dans une nouvelle ville. Une ville grise. Alors tous les matins, Nina enfile son ciré jaune. Mais cela lui vaut les reproches des autorités de la ville, qui ne veulent pas qu’elle chamboule leurs plans. Accompagnée de son ami Alan, elle va tout faire pour rendre leurs belles couleurs à la ville et à ses habitants.

7 commentaires sur “La ville grise (2023)

    1. Je me suis posé la même question en le lisant mais je pense qu’il s’agit vraiment de montrer le fonctionnement d’un régime totalitaire. Donc il y a des normes arbitraires (pourquoi le gris ?) qui n’ont d’autre sens que de contrôler la vie des habitants jusque dans leur moindres recoins. Les régimes totalitaires fonctionnement vraiment comme ça.

  1. On en parlait sur insta qu’elle merveilleuse expression graphique que cette utilisation parcimonieuse de la couleur.
    J’aime beaucoup l’interprétation d’Elire quand au fond de l’histoire.

  2. J’adore la série des souris de Torben Kuhlmann ! Le thème du totalitarisme et de l’art pour le contrer est passionnant. Je note ce titre (et tes réserves :-D). Merci aussi pour l’interview de l’auteur.

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