roman

La servante écarlate (2021)

The Handmaid’s Tale (1984)

Auteure : Margaret Atwood

Traductrice : Michèle Albaret Maatsch

Editeur : Robert Laffont

Collection : Pavillons Poche

Pages : 548

Après avoir regardé les cinq saisons disponibles de l’adaptation télévisée, j’avais le besoin de découvrir l’œuvre originale pour me faire une idée plus précise de l’univers créé par Margaret Atwood. Car si la première saison fut un (presque) coup de cœur, force est de constater que la qualité a pris une pente descendante dès la deuxième saison. Aussi n’ai-je pas été surprise de découvrir que le roman ne couvre que la première saison.

Le roman se fait la voix de Defred (Offred en anglais), qui incarne, par son statut de servante écarlate, la forme la plus forte de déshumanisation que la société de Gilead a mis en place pour pourvoir à un manque essentiel : la vie et, par extension, la survie de l’espèce humaine. Le mot « survie » s’applique d’ailleurs à l’ensemble de la population dont l’existence est rythmée par le dogme sur lequel repose la monothéocratie venue se substituer à la démocratie en place dans ce qui fut les Etats-Unis d’Amérique.

Glaçant de réalisme, le texte de Margaret Atwood s’appuie sur des faits ayant déjà eu lieu ou ayant encore valeur de normalité dans certains pays aujourd’hui. Le statut de la femme se limite à son appartenance à l’homme et sa valeur ne dépend que de sa capacité à se reproduire. Les privations et l’enfermement de toute une partie de la population crée un sentiment de claustrophobie développé dans des lois liberticides que Defred dépeint avec une précision terrifiante.

Si la société imaginée par cette auteure canadienne avait tout d’une dystopie au moment où elle fut écrite en 1985, sa projection de l’infertilité liée à des problématiques modernes (pollution, surconsommation, exploitation abusive des ressources de la planète…) donne aujourd’hui l’impression d’une réalité tangible. C’est d’autant plus terrifiant que le point de vue subjectif de l’héroïne ne nous rend sa réalité que plus concrète et nous confronte directement à ce qu’elle vit en nous plaçant à ses côtés plutôt que de faire de nous des spectateurs.

La servante écarlate est un roman puissant qui interroge sur la capacité de l’humain à s’autodétruire au travers d’une critique de la société de consommation et sur notre rapport à la Terre. Féministe, le texte soulève également de nombreuses questions sur le pouvoir de la religion et la place de la femme dans la société.

La servante écarlate, 1987.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Galaad, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d’autres à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Paru en 1985, La Servante écarlate est aujourd’hui un classique de la littérature anglo-saxonne et un étendard de la lutte pour les droits des femmes. Si la série adaptée de ce chef-d’œuvre a donné un visage à Defred, celui d’Elisabeth Moss, cette nouvelle traduction révèle toute sa modernité ainsi que la finesse et l’intelligence de Margaret Atwood. La Servante écarlate est un roman polysémique, empli de références littéraires et bibliques, drôle même… et c’est à nous, lecteurs, de découvrir ses multiples facettes.

6 commentaires sur “La servante écarlate (2021)

  1. Je n’ai jamais osé me lancer ayant peur que certaines choses sonnent un peu trop réalistes à mon goût. Mais d’un côté, ça a l’air du genre de texte qui pousse à la réflexion qu’il est intéressant de lire.

    1. Et bien le texte tombe bien moins dans le voyeurisme que la série donc je l’ai trouvé plus digeste. Offred expose sa situation clairement mais tout est très mesuré, pesé. Suffisant pour que l’on comprenne ce qui se passe, mais jamais trop. Un style d’écriture que j’apprécie vraiment.

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