roman ado

Guerrière (2023)

Auteure : Cécile Alix

Editeur : Slalom

Pages : 256

Alors que Nekeli et son frère jumeau Soulaï s’occupent des chèvres, leur village est sauvagement attaqué par des mercenaires en guerre contre la politique de leur pays. Massacrant à coup de kalachnikov ou de machettes les habitants, réduisant en cendre les habitations, ils usent d’une force brute pour arracher les enfants à leur famille qu’ils sont souvent contraints de tuer eux-mêmes, avant d’être enlever pour rejoindre des camps dans lesquels les garçons seront formés pour devenir soldats et les filles seront réduites à l’état d’esclaves sexuelles.

J’ai abordé la lecture de Guerrière sans vraiment savoir à quoi m’attendre, la quatrième de couverture ne révélant finalement que bien peu sur le sujet abordé. On comprend très rapidement que la lecture ne sera pas facile car la récit est chargé de toute la violence à laquelle sont soumis ces enfants, parfois guère plus âgé de six ans, brutalisés, violés, drogués, formés à tuer pour une cause qui les dépassent.

Voilà, c’est comme ça que ça se passe, je ne peux pas raconter autrement. Il y a des hommes assez ignobles sur cette terre pour capturer des enfants, les obliger à tuer leurs parents, leur farcir la tête de mensonges, de violence et de terreur, les dresser pour la guerre et les transformer en démons. C’est inimaginable, impossible à supporter. Pourtant je le vis.

Au travers d’une écriture poétique et imagée, Cécile Alix aborde le sujet avec une certaine pudeur, sans pour autant épargner son lecteur qu’elle confronte à une réflexion sur la culpabilité des enfants-soldats. S’ils tuent de façon souvent ignoble et barbare, ils sont eux-mêmes victimes d’une situation à laquelle ils ne peuvent qu’obéir pour rester en vie…

Depuis le jour de notre naissance, il y a douze ans, j’ai grandi en Soulaï et il a grandi en moi. Nous nous aimions déjà dans le ventre de mama. Je lui ai donné mes yeux, il m’a donné sa bouche, je lui ai donné mon nez, il m’a donné son front, nous sommes les deux visages d’une même âme.

Violent et révoltant, le récit se nourrit cependant de la force de son héroïne qui trouve son origine dans le lien qui l’unit à son jumeau. Nekeli veille sur Soulaï et Soulaï protège Nekeli. Elle se voit ainsi épargner la situation des autres filles, envoyée à l’entrainement avec son frère qui, toujours, s’assure de tuer pour deux, permettant ainsi à Nekeli de rester elle-même et de garder espoir de pouvoir s’enfuir. Cet espoir apparaît dans des fenêtres que le texte met à notre disposition comme pour nous permettre de reprendre pied avec notre réalité, de reprendre notre souffle après des scènes d’une violence crue, insoutenable.

Le rire de Soulaï éclate. Éblouissant. Une rafale de soleils sortie de sa gorge pour m’aveugler, me ravir et m’étourdir.

Guerrière est un roman difficile mais essentiel. L’histoire aborde un sujet terrible qui mérite d’être d’avantage médiatisé pour sauver ces enfants des horreurs auxquelles ils sont confrontés.

L’UNICEF mène des actions pour venir en aide à ces enfants-soldats, ils expliquent la situation et leurs actions sur leur SITE.

D’autres avis : Héloïse et Lucie.

***

Je m’appelle Nekeli. Ecoute bien ce que je dis. Parce que je ne sais pas si j’aurai la force de te le raconter une seconde fois.

Un village loin de tout,
le bonheur et l’insouciance de Soulaï et Nekeli
– deux visages d’une même âne.

Une communauté anéantie,
la terreur et le désespoir des jumeaux
– forcés, brisés, séparés.

Un cœur dévasté, une enfance abîmée, une rage décuplée.
Puissante et déterminée, une guerrière est née.

4 commentaires sur “Guerrière (2023)

  1. Je n’ai jamais rien lu évoquant ce thème difficile et presque inimaginable des enfants-soldats alors j’espère avoir l’occasion d’y remédier à travers ce roman.

    1. Comme toi je n’avais jamais rien lu sur ce sujet et franchement l’auteure s’en sort vraiment bien pour sensibiliser en nous montrant toute l’horreur, la violence tout en nous gardant à une distance certaine pour nous donner envie d’aller au bout et de garder espoir.

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