Prix littéraire·roman ado

Pony (2023)

Pony (2021)

Auteure : R.J. Palacio

Traductrice : Isabelle Chapman

Editeur : Gallimard jeunesse

Pages : 336

Sélection Prix Sorcières 2024 – Carrément Passionnant Maxi

Silas et Martin Bird vivent aux abords de Boneville. Orphelin de mère, Silas a grandit dans la chaleur de l’amour paternel et dans l’affection de Mittenwool, être spectral qu’il est le seul à voir. Cette faculté de converser avec une entité aussi mystérieuse qu’invisible, en fait un être à part, moqué des autres enfants et des adultes, aussi étroits d’esprits qu’insensibles à la différence.

Toute mon existence, j’ai croisé des individus dans son genre. Bornés et sans imagination. Sans aucune vivacité d’esprit. Alors ils essaient de limiter le monde à des choses dérisoires qui leur paraissent compréhensibles, mais le monde ne peut pas être limité. Le monde est infini ! Et toi, si jeune que tu sois, tu le sais déjà.

Martin Bird officie comme bottier, mais il est surtout connu pour inventer des objets qui facilitent le quotidien. C’est le procédé qu’il a mis au point et qui permet d’imprimer l’image sur du papier plutôt que sur une plaque de cuivre qui attire l’attention de Roscoe Ollerenshaw, faux-monnayeurs recherché, qui espère bien améliorer la qualité de ses faux billets. Père et fils sont séparés et commence pour Silas une grande aventure.

[…]nos vies basculèrent pour toujours, à la suite de la visite avant l’aube de trois cavaliers et d’un poney à la tête sans poils.

Porté par le cheval qui a fuit les brigands qui ont emmené son père, Silas parcourt les paysages immenses de l’Ohio, bientôt accompagné par le Marshall Enoch Farmer. Au travers de leur voyage, c’est tout un pan de l’histoire américaine qui nous est contée alors que la Guerre de Sécession est sur le point d’éclater. Du massacre des Indiens à la conquête de l’Ouest par les européens, en passant par le combat contre les esclavagistes, l’auteure donne une voix aux victimes de ces combats au travers de la faculté de son héros à communiquer avec les fantômes. Mais au-delà de la guerre, il est aussi question de progrès et de découvertes scientifiques. Nous sommes à l’aube de la Révolution Industrielle et des changements majeurs qui en découlent.

[…]la guerre n’est juste que si elle est menée pour apporter la paix. Mais notre gouvernement ne se bat pas pour la paix. Il se bat pour des territoires.

Dans Pony, le lecteur trouvera tous les codes du western et du récit initiatique au travers du parcours de Silas, de ses rencontres et du combat inéluctable entre les bons et les vilains. Mais c’est aussi et avant tout une ode à l’amour, celui qui se poursuit au-delà de la mort et qui trouve ici son apogée dans la relation père-fils. Bien qu’ils soient séparés, le récit se nourrit des souvenirs ou anecdotes de Silas et Martin. Ils aident le jeune garçon à garder le cap et à croire en ce père dont l’histoire se dévoile peu à peu, le poussant à affronter l’histoire de ses origines.

À l’amour. À ce qui nous transcende. L’amour nous guide. L’amour ne nous quitte pas. L’amour est un voyage sans fin.

Comme on le découvre en postface, R.J. Palacio collectionne les daguerréotypes dont certains portraits d’anonymes viennent ouvrir chacune des onze parties qui composent son roman. Ils servent à donner un visage à ses personnages et d’une certaine manière, ils viennent les ancrer dans la réalité en les rendant plus tangibles. Je trouve ce procédé intéressant car la dimension fantastique de son roman joue justement sur la notion de vie et de mort, en confrontant le héros aux âmes restées sur place et en questionnant le lecteur sur la réalité des personnages qui entourent Silas.

Autre fait intéressant, le récit est ponctué de citations ou de références à des classiques de la littérature classique notamment autour des mythes grecques, le roman préféré de Silas étant Les aventures de Télémaque de Fénelon. Si elles servent intelligemment le récit, elles viennent aussi renforcer la nuance entre le réel et l’irréel, Silas prenant conscience au fil de son voyage qu’il a grandit dans un monde très protégé mais complètement déconnecté de la réalité. Cela rend son personnage d’autant plus intéressant et lui donne plus de profondeur.

Pony me permet enfin de découvrir une auteure dont je n’avais encore rien lu, une auteure qui écrit avec l’intelligence de l’esprit et du cœur. Pony est un énorme coup de cœur, un de ces textes qui m’a fait vibrer d’émotions et n’a pas manqué de m’arracher une petite larme.

Ohio, 1860. Silas Bird, douze ans, est réveillé en pleine nuit par trois cavaliers qui enlèvent son père sous ses yeux. Lorsqu’un singulier poney à tête blanche apparaît sur le seuil de sa cabane, Silas n’a plus qu’une idée : partir à cheval à la poursuite des ravisseurs. Accompagné d’un ami étrange et inséparable nommé Mittenwool, il embarque dans un périlleux voyage à travers les grands espaces et la nature sauvage américaine sur les traces de son père… et de son histoire.

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