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Scholomance, Leçon n° 1. Education meurtrière (2020/2022)

Scholomance, book 1: A Deadly Education 

Auteure : Naomi Novik

Traducteur : Benjamin Kuntzer

Editeur : Pygmalion

Pages : 320

La Scholomance est une école pour sorciers. Autonome, elle leur fournit de quoi pourvoir à leurs besoins tout en mettant leur vie en péril. Car cette école particulière est un véritable nid à maléficats, des créatures monstrueuses qui se nourrissent de mana, particulièrement actif et délicieux au moment de la puberté. Les élèves doivent ainsi survivre aux quatre années de leur scolarité et à l’épreuve finale qui leur permettra de sortir diplômés.

Pour El – Galadriel – Higgins, élève en classe de première, le combat est d’autant plus délicat que les autres élèves la fuient comme la peste et ce n’est certes pas son caractère exécrable qui les retiendra. Comme souvent, l’union fait la force et c’est d’autant plus vrai que des alliances se forment sur le long terme. On découvre ainsi que les élèves qui vivent déjà dans des enclaves depuis leur naissance arrivent à l’école avec des privilèges qui se passent de générations en générations afin d’assurer une plus grande chance de survie.

C’est le cas d’Orion Lake, ce garçon admiré de tous, pourfendeurs de maléficats, qui colle El aux basques et la protège de ces créatures qui semblent particulièrement l’apprécier. Cet étrange duo suscite beaucoup d’interrogations dans l’école et l’action d’Orion vient bientôt créer un déséquilibre qui met la vie de tous en danger, les maléficats étant de plus en plus affamés. Alors qu’El tente de créer une alliance intelligente en préparation de son année de terminale, elle se retrouve bientôt confrontée à la colère des élèves de dernière année, prêts à sacrifier les sorciers des autres étages afin de sortir vivant de cet enfer.

En à peine un peu plus de trois cents pages, Naomi Novik nous présente un univers riche et foisonnant dans un texte dense, presque indigeste dans les premiers chapitres, porté par une héroïne atypique de par son manque de privilèges, de relations et surtout dotée d’un caractère horrible forgé dans la colère, née dans le rejet et les injustices, depuis sa plus tendre enfance. Galadriel tient par ailleurs le rôle de narratrice du récit et semble parfois souffrir d’une logorrhée intarissable qui ne rend pas la lecture facile.

Pourtant, la richesse de l’univers et l’évolution des personnages et de leur relation tiennent en haleine et encourage à tourner la page pour toujours savoir où l’auteure souhaite nous emmener. Et il serait d’ailleurs dommage de ne pas aller au bout tant l’histoire est surprenante. L’univers magique est vraiment intéressant avec ses catégories qui permettent à chacun de se distinguer dans un domaine différent, les sorts qui s’apprennent dans des livres, qui apparaissent quand on en fait la demande, ou par création…

Les personnages ne sont pas en reste, principaux ou secondaires, ils bénéficient tous d’un traitement de qualité avec des personnalités propres et bien développées. On sent que Galadriel cache bien des choses sous sa cape et que nous ne sommes pas au bout de nos surprises d’autant que le final nous laisse sur un message énigmatique qui promet de nouveaux rebondissements pour la suite.

En résumé, Education meurtrière est un premier volume dense mais passionnant qui ne manque ni d’originalité ni de suspens. Il serait dommage de ne pas s’accrocher car c’est une lecture qui vaut vraiment le coup de la découverte. Vivement la suite !

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Bienvenue à la Scholomance, une école pour les surdoués de la magie où l’échec signifie la mort… au sens propre. Dans cet établissement, il n’y a pas de professeurs, pas de vacances et pas d’amitiés, sauf celles qui sont stratégiques.
El Higgins est particulièrement bien préparée pour sa première année. Elle n’a peut-être pas d’alliés, mais elle possède un pouvoir assez puissant pour raser des montagnes. Elle semble donc de taille à affronter cette scolarité hors normes. Le problème ? Sa magie pourrait aussi tuer tous les autres élèves.

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Les Facétieuses (2022)

Auteure : Clémentine Beauvais

Editeur : Sarbacane

Collection : Exprim’

Pages : 320

Clémentine Beauvais vivote depuis son retour en France un an plus tôt. Déprimée, peut-être aussi un peu perdue, elle est en panne d’inspiration et ce n’est certes pas la demande de Tibo, son éditeur, qui la motive. C’est qu’il attend un roman fantastique et que Clémentine préfère les récits réalistes. Alors qu’elle s’interroge sur son avenir en tant qu’écrivaine, une proposition d’emploi la place face à un événement historique incongru autour duquel un mystère vient titiller sa curiosité et relancer sa fibre chercheuse : Louis XVII, fils du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette, est mort dans de terribles conditions dans un cachot froid, sombre et humide. Mais où donc était sa Marraine la Bonne Fée ? Pourquoi l’a-t-elle abandonné à une mort certaine ? Et surtout qui était-elle ? Clémentine entend bien répondre à ses questions et tirer un essai ou un roman de son enquête.

Si le sujet avait déjà de quoi surprendre, la présence de Clémentine Beauvais en tant qu’héroïne du récit vient complètement flouter les contours et rompre la frontière entre réalité et fiction. Je dois dire que les trois premiers chapitres m’ont plongée dans une intense perplexité, me faisant douter de ma culture générale et remettant en question la qualité des cours d’Histoire reçus tout au long de ma scolarité. Honteuse de mes propres limites j’ai fini par aller googler l’existence d’une école de marraines ou de Bayardine de Seyrigeac. Quel talent !

Essai, uchronie, enquête, récit de vie, roman fantastique, Les Facétieuses est un peu tout ça à la fois, pas vraiment classable… Si le texte m’a semblé parfois un peu long, j’ai ressenti ce besoin d’aller au bout pour avoir le fin mot de l’histoire. Clémentine Beauvais fait partie de ces auteur.e.s qui arrive à captiver par leur écriture immersive et nous donner envie d’obtenir les réponses promises. Par ailleurs, sa plume déborde d’humour et parvient à captiver par un sujet original, preuves à l’appuie de citations d’ouvrages aux titres, auteurs et éditeurs réels, interrogeant le lecteur sur les limites entre le réel et l’imaginaire. C’est brillant !

Je vous invite à lire les avis d’Isabelle et de Lucie.

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L’héroïne, Clémentine Beauvais, autrice jeunesse déprimée par une série d’échecs littéraires et amoureux, trébuche sur une curieuse énigme historique :
Qui était la Marraine la Bonne Fée du petit prince Louis XVII, fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ?

Comment cette fée – dotée, comme toutes ses consœurs de l’époque, de pouvoirs magiques puissants _ a-t-elle pu abandonner le petit prince à une mort atroce ? Plus étrange encore, pourquoi a-t-elle disparu des archives de l’Histoire après la Révolution ?
Et si derrière ces mystères se trouvait la clef d’un autre, encore plus grand :
Que s’est-il passé le jour où la magie s’est évaporée ?

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Iron Widow (2021/2022)

Auteure : Xiran Jay Zhao

Traductrice : Isabelle Troin

Editeur : La Martinière J.

Collection : Fiction

Pages : 464

Huaxia est un pays fragilisé à sa frontière par les attaques répétés de Hunduns, sorte de monstres géants aux pouvoirs exceptionnels. Pour les affronter, des pilotes et leurs concubines utilisent leurs qi combinés au cœur d’une Chrysalide, gigantesque machine à la forme animale, qui leur confère une force et un pouvoir dévastateur. Mais Huaxia est aussi régi par une politique autoritaire et patriarcale qui utilise les jeunes, sans soucis de leur vie, pour protéger ses frontières. Ainsi si les pilotes sortent généralement vivants de leur combat contre les Hunduns, ce n’est que rarement le cas des filles, sacrifiées sur l’autel d’une idéologie aussi floue qu’arbitraire.

Wu Zetian est une héroïne assez atypique et, il faut bien le reconnaître, fort peu sympathique. Meurtrie dans son cœur par une famille qui ne voit en elle qu’un moyen d’améliorer son niveau de vie ; meurtrie dans son corps entravé par des pieds bandés, origine d’une rancœur amère à l’intention des femmes de sa famille qui lui ont fait subir cette mutilation, l’handicapant à vie, et des hommes qui ont décidé cet acte odieux, la jeune femme est habitée par une forte colère qui dicte ses décisions et ses actes. Blessée par la mort de sa sœur de la main d’un pilote, elle s’engage en tant que concubine afin de se venger de cet homme. Mais rapidement on prend conscience que sa colère va bien au-delà d’un simple sentiment de vengeance. C’est contre toute la société de Huaxia que Zetian entretient une hargne profonde qui motive sa décision de renverser le pouvoir en place et de changer le destin des femmes de son pays.

Iron Widow est une dystopie féministe qui fleurte avec la science-fiction et rappelle d’autres récits du genre ainsi que certaines séries d’animation japonaise. L’auteur.e dit d’ailleurs avoir puisé dans cette dernière catégorie pour le fonctionnement des Chrysalides. Chinois.e, Xiran Jay Zhao s’inspire également de son pays et de ses traditions pour créer Huaxia et son peuple. Au travers de Wu Zetian, j’ai eu de nombreuses fois l’impression que c’est l’auteur.e qui exprimait sa colère et son ressentiment envers la Chine dont iel semble vouloir s’émanciper. Je n’ai pas toujours été en accord avec son héroïne, parfois extrême dans ces actes et souvent désagréable. Mais on comprend bien qu’elle a des circonstances atténuantes et que, derrière cette colère et cette façade dure et froide, Zetian se bat pour une juste et noble cause : le droit des femmes, l’égalité et la liberté. L’auteur.e dénonce les violences faites aux filles/femmes et les comportements d’avilissement d’une moitié de la population sur l’autre.

Premier roman, Iron Widow n’est pas toujours pertinent, mais j’ai aimé l’univers et l’évolution de l’intrigue. Le récit souffre de quelques longueurs et je n’ai pas été convaincu par les romances qui, si elles s’encrent dans l’égalité, thème récurant du roman, m’ont paru un peu forcées. Les personnages secondaires sont nombreux et peu présents, ils se succèdent rapidement pour les besoins du scénario. Les deux héros masculins s’en sortent plutôt bien vu le traitement réservé aux autres personnages de leur genre. J’ai particulièrement été touché par Li Shimin et son histoire. C’est un être torturé et manipulé qui a depuis longtemps perdu l’espoir et la volonté de vivre. Sa rencontre avec Wu Zeitan sera déterminante dans sa lutte pour regagner sa liberté.

Malgré quelques faiblesses scénaristiques, ce titre est un page turner que j’ai pris plaisir à lire. La fin reste ouverte sur une suite possible que je lirai très certainement. Enfin, je conclurai sur la couverture dépliable que je trouve vraiment superbe dans son traitement graphique.

Je remercie les éditions La Martinière et Babelio pour cette très bonne lecture offerte dans le cadre de Masse Critique.

Les frontières d’Huaxia sont défendues par les Chrysalides, gigantesques machines pilotées par les énergies psychiques combinées d’un homme et de sa concubine. Hélas ! les combats sont violents, et si les hommes en réchappent, les femmes sont presque toujours sacrifiées. Malgré cela, Zetian s’engage dans l’armée. Son objectif ? Venger sa sœur en tuant le pilote responsable de sa mort. Sortie victorieuse de l’affrontement grâce à sa force psychique exceptionnelle, Zetian devient alors Veuve de Fer et rejoint l’élite des combattants. Elle sera dès lors associée à Li Shimin, le pilote le plus dangereux et controversé d’Huaxia. Bien décidée à rester en vie, Zetian compte profiter de son nouveau statut pour lutter contre le système patriarcal qui régit la société. Elle s’en fait la promesse : dorénavant, les jeunes femmes ne seront plus sacrifiées…

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Kô (2020)

Auteure : Joëlle Ecormier

Editeur : Zébulo

Pages : 112 pages

Mention spéciale du Prix Vendredi 2021

Kô arpente chaque jour la plage en quête d’un signe qui pourrait lui confirmer que son père est vivant. Pêcheur en mer, ce dernier a disparu sans laisser de traces alors qu’il était parti sur son bateau. Si sa mère et sa jeune sœur semblent avoir acceptées la réalité, Kô ne veut pas perdre l’espoir. Lorsqu’une aile d’avion est rejetée par l’océan, un troublant parallèle se met en place entre l’histoire de cette famille indienne et celle des familles des victimes : une quête de vérité, un besoin de comprendre pour enfin accepter l’inacceptable et commencer le douloureux travail de deuil qui ramènera ceux qui restent dans la réalité et dans le monde des vivants.

Joëlle Ecormier signe un texte sensible et poétique dont les émotions tangibles nous font ressentir toute la douleur de la perte et la sensibilité à fleur de peau de cet adolescent qui semble perdu entre le monde des morts et celui des vivants. A tout moment, la corde semble prête à craquer mais toujours elle résiste et tend à voir l’impossible signe d’un espoir ténu qui conduit toujours un peu plus vers l’acceptation. Le récit est fort, bouleversant. Il touche par son sujet mais aussi par ses personnages aussi émouvants que réels et nous entraîne à la suite de son jeune héros dans une quête de vérité et de liberté.

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Les yeux noirs de Kô ne quittent presque jamais l’Indien. Même hors de sa vue, la nuit pendant son sommeil, quelque chose en lui guette les flots. « Ne tourne jamais le dos à l’Océan où il te prendra au moment où tu t’y attends le moins. » Son père, qui lui avait donné ce conseil, s’était pourtant fait prendre. Kô se souvient que c’était un vendredi. Le jour de l’effondrement de l’univers, l’arrêt de la danse des étoiles et du mouvement de toutes choses.
Le roman de Kô est celui de la vérité qui tente de se frayer un chemin au milieu des sentiments emmêlés de quatre personnages sur le rivage d’une île : Kô, un adolescent taciturne de 16 ans qui ne vit que dans l’espoir du retour de son père, sa sœur Sindhu, une fille vive et enjouée de 13 ans, leur paisible mère Nila, et un étranger troublant, Darpan.

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Villa Anima (2021)

Auteure : Mathilde Maras

Editeur : Gulf Stream

Collection : Echos

Pages : 320

A paraître le 23 septembre

Magdalène, seize ans, vit à Eau-Noire avec sa famille. Avec sa peau sombre et ses cheveux noirs, elle n’a jamais vraiment réussi à s’intégrer dans ce pays où tous sont blancs aux cheveux blonds. Sa différence physique attire les regards et les préjugés. Gouverné par la Main, le pays est soumis à des lois autoritaires et patriarcales qui laissent peu de place aux libertés et aux possibilités de s’élever socialement, encore plus si l’on est une fille/femme. Lorsqu’elle se découvre enceinte, Magda décide de passer les épreuves de la Villa Anima dont la réussite lui permettrait d’accéder à l’interruption de grossesse. Sur place, elle s’aperçoit que les épreuves ne sont peut-être pas aussi inaccessibles qu’on le dit. Alors que les dangers se multiplient, la jeune fille se lance à l’assaut des différents paliers, gorgée de l’espoir de changer son destin et celui de ses proches.

Villa anima est portée par une héroïne de caractère qui se bat pour changer le monde. Malgré ses peurs et ses doutes, elle arrive toujours à trouver la motivation nécessaire et suffisante pour continuer à avancer vers son objectif. Et quand elle flanche, ses proches ont toujours un mot pour l’aider à se relever. Les personnages secondaires ne sont pas nombreux mais l’auteure a su leur insuffler assez de personnalité pour les rendre intéressants. Notamment en la personne de Racal, une jeune fille forte, qui pratique les combats de rue pour subvenir aux besoins de sa famille et en Reynes Degraives, antagoniste par excellence. Manipulateur et Maître de cérémonie, il dirige la Villa Anima comme s’il en était le seigneur et maître. Il considère d’un très mauvais œil l’ascension d’une jeune fille du peuple, voyant en sa réussite la menace de l’équilibre politique et la porte ouverte à tous.

Mais c’est probablement la Villa Anima elle-même qui surprend le plus. De sa description personnifiée à la survenue d’évènements déconcertants, la villa semble animée d’une volonté propre qui bouleverse l’équilibre et trouble les facultés de jugements du lecteur tout autant que celui de l’héroïne. Elle semble opposer une résistance à Magdalène et à sa réussite, amenant la jeune fille à se questionner sur les intentions et les motivations réelles de ces tests qu’elle s’impose. A certains moments, il est difficile de déterminer si nous sommes encore dans la réalité, si la villa joue un rôle dans l’organisation des épreuves ou si cela vient d’une personne tapie dans l’ombre qui tirerait des ficelles bien plus emmêlées qu’il n’y parait.

Entre ses personnages féminins et le combat mené pour une plus grande égalité des genres, Villa Anima s’inscrit dans les romans dystopiques féministes. Malgré quelques longueurs, l’histoire est vraiment intéressante et interroge constamment, poussant à lire toujours plus pour comprendre où l’auteure souhaite nous emmener. L’écriture est très visuelle, permettant une plus grande immersion dans le récit. La construction du récit est intelligente et permet de suivre l’évolution de l’héroïne ainsi que le fonctionnement de cet empire qui enferme les gens dans un rôle défini par leur naissance et leur sexe.

Villa Anima est un premier roman séduisant, à l’écriture moderne. Son récit engagé, porté par des personnages attirants voir, pour certains, intrigants en fait un livre féministe qui plaira aux amateurs du genre. A découvrir cette semaine en librairie!

Je remercie les éditions Gulf Stream pour ce partenariat.

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Lorsque les portes massives de la Villa Anima se referment derrière elle, Magdalène a le sentiment d’être engloutie par un monstre. Mais dans cet endroit mythique foulé par les plus grands elle ne peut se retourner si elle veut atteindre son objectif : remporter la première épreuve de l’Esprit, celle de l’écharpe verte. Un simple morceau de soie qui lui octroierait un statut dans la société, alors qu’elle est une femme, ainsi que le droit de mettre un terme à cette grossesse qu’elle ne désire pas du haut de ses seize ans. Quelle sera la nature du défi à relever ? Nécessite-t-il, comme on le dit, des aptitudes spirituelles hors du commun ? Magda se prépare comme elle peut entre ces murs où elle assiste à d’étranges phénomènes, allant jusqu’à se demander si son esprit lui joue des tours… ou si quelqu’un ne souhaiterait pas la détourner de son projet. Le méprisant maître de cérémonie peut-être, devant lequel elle peine à étouffer une ambition nouvelle. Car, si elle parvient à obtenir la première épreuve, pourquoi s’arrêterait-elle en chemin ?

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La Ville sans Vent (2020)

Auteure : Eléonore Devillepoix

Editeur : Hachette

Collection : Romans

Pages : 442

A Hyperborée, les habitants ne souffrent pas des intempéries liées au climat extrême de la région car la ville est enfermée sous un dôme protecteur. Sa construction en niveaux rattachés par des canaux en fait une cité inégalitaire dans laquelle ceux du bas vivent dans la pauvreté et la saleté alors que ceux du haut vivent dans l’opulence et le faste. Difficile de quitter la fange pour s’élever lorsque le passage des niveaux se monnaie au prix fort. Pour Arka, une bonne dose d’ingéniosité et une habileté combinée à une capacité à survivre hors du commun, seront la clé de la réussite. De courses de chevaux aux tests de l’Attribution, Arka réussit à se hisser parmi les élus qui pourront suivre la formation des mages au septième niveau. Elle est alors placée sous la responsabilité de Lastyanax, un génie dans son genre. 19 ans à peine et récemment élu plus jeune ministre d’Hyperborée, il doit s’assurer de préserver sa vie et celle d’Arka tout en enquêtant discrètement sur les conditions troublantes de la mort de son mentor. S’il espérait pouvoir compter sur son nouveau statut, il va vite déjanter.

Premier volet d’un diptyque de fantasy adolescente, La ville sans vent nous entraine dans un univers politique plus complexe qu’il n’y parait dans lequel un complot se trame dans l’ombre. La magie est omniprésente et les quelques sorts lancés, s’ils n’ont rien d’exceptionnels, servent à aider les personnages dans leur quotidien ou à se sortir de situations difficiles. La mise en place de l’intrigue est assez lente alors que la résolution finale m’a semblée rapidement traitée. Si j’ai trouvé les personnages intéressants et bien développés, j’ai eu plus de mal avec la ville en elle-même que je n’ai jamais vraiment réussi à me représenter. Si je reste sur un avis mitigé, l’intrigue a su donner un rythme intéressant au récit et le final a su laissé suffisamment de questionnements pour donner envie de lire la suite.

Lu en lecture commune avec Gabrielle, ce roman l’a bien plus séduite que moi. Elle a d’ailleurs enchainé avec la suite qu’elle a dévoré. Du haut de ses douze ans, elle est le public cible et on sent bien que son intérêt pour les univers fantastiques, la magie, les dystopies lui ont permis de pleinement apprécier ce roman, ses personnages et son intrigue.

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À dix-neuf ans, Lastyanax termine sa formation de mage et s’attend à devoir gravir un à un les échelons du pouvoir, quand le mystérieux meurtre de son mentor le propulse au plus haut niveau d’Hyperborée. Son chemin, semé d’embûches politiques, va croiser celui d ‘Arka, une jeune guerrière à peine arrivée en ville et dotée d’un certain talent pour se sortir de situations périlleuses. Ca tombe bien, elle a tendance à les déclencher… Lui recherche l’assassin de son maître, elle le père qu’elle n’a jamais connu. Lui a un avenir. Elle un passé. Pour déjouer les complots qui menacent la ville sans vent, ils vont devoir s’apprivoiser.

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Agence Lovecraft, tome 1. Le mal par le mal ! (2021)

Auteur : Jean-Luc Marcastel

Illustrations : VADERETRO

Editeur : Gulf Stream

Pages : 192

A paraître le 09 septembre 2021

Ryan, Marie et Sergueï sont des (pré)adolescents qui apparaissent très rapidement dotés de capacités surprenantes, héritages de monstres qui s’éveillent après des millénaires. Alors qu’ils ont grandi dans des pays différents, sur des continents différents, ces trois jeunes, que rien ne prédestinait à se rencontrer, se retrouvent à bord d’un même vaisseau sous-marin. Là, ils découvrent qu’une organisation ultra-secrète, l’Agence Lovecraft a besoin d’eux pour sauver l’humanité d’une menace profondément endormie depuis la nuit des temps, bien avant que l’homme naisse sur Terre. Les trois héros semblent être la clef pour sauver le monde.

Premier volet d’une série d’aventures fantastiques à l’ambiance steampunk, Le mal par le mal ! nous plonge dans un récit hommage à l’univers horrifique de Lovecraft : le roman s’imprègne de l’œuvre dont il se nourrit pour donner vie à un monde dans lequel des monstres aussi puissants qu’ils sont difficilement imaginables, tentent de prendre possession de la Terre. Les nombreux véhicules sous-marins font, eux, références à Jules Verne dont les connaissances scientifiques s’accordent avec celles de Lovecraft bien qu’elles pourraient s’en éloigner de par leur authenticité et leur encrage dans une réalité plus tangible.

Pourtant, l’auteur utilise leurs œuvres en les plaçant dans une nouvelle réalité dans laquelle leur travail s’inspirerait de la notre. C’est brillant! L’écriture est fluide et les mots résonnent agréablement. J’ai d’ailleurs lu une bonne partie du texte à voix haute pour en apprécier un peu plus l’expérience immersive qui nous entraîne dans un monde fantastique de par son récit dynamique et l’absence de temps morts.

De L’Appel de Cthulhu à Dagon en passant par Le Cauchemar d’Innsmouth, les fans ne manqueront pas les nombreux clins d’œil. Pour autant, l’écriture de Jean-Luc Marcastel séduira plus facilement les jeunes lecteurs en leur permettant de découvrir un auteur de génie qui en a inspiré tant d’autres. Il est d’autant plus intéressant de lire la génèse de l’ouvrage pour comprendre la place que cet univers a eu dans la vie de l’auteur et l’hommage qu’il a souhaité lui rendre. Bien que situé à la fin du roman, j’aurais envie d’en conseiller la lecture avant de s’attaquer au récit.

Enfin, je ne pourrais pas parler de ce roman sans parler du superbe travail du studio VADERETRO qui a su donner vie au roman en lui donnant une couverture incroyable. J’avais adoré leur travail sur la série SteamSailors (et tome 2), je suis définitivement séduite et j’ai hâte de retrouver d’autres de leurs créations. Entre le choix des couleurs et l’effet relief, l’illustration donne un aperçu de le noirceur du monde dans lequel les héros évoluent.

Je remercie les éditions GulfStream de m’avoir fait confiance pour ce partenariat et l’envoi en avant première de ce roman que je vous recommande fortement.

Age conseillé: 13 ans .

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En des temps immémoriaux, d’effroyables formes de vie dominaient le monde. En sommeil lorsque l’espère humaine est apparue sur Terre, elles n’attendent que l’alignement de certaines étoiles pour régner à nouveau…

Ryan, Marie et Sergueï ne se connaissent pas. Ils ont pourtant un point commun : ils sont dotés de pouvoirs effrayants convoités par de mystérieux individus. Pour leur échapper, les trois adolescents acceptent l’aide d’une jeune fille qui travaille pour une obscure organisation : l’Agence Lovecraft. Dans la guerre secrète que ses membres livrent contre un ennemi implacable et ses adorateurs, Ryan, Marie et Sergueï pourraient bien être les éléments décisifs qui feront pencher la balance… mais de quel côté?

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L’année de grâce (2019/2020)

The Grace Year

Auteure: Kim Liggett

Traductrice: Nathalie Peronny

Editeur: Casterman

Pages: 448

Seize ans est un entre-deux âges qui marque physiquement le passage à l’âge adulte. Les jeunes filles ne sont plus des enfants et cela se voit dans le regard sans équivoque des hommes. A seize ans, Tierney se voit contrainte de quitter sa famille pour vivre l’année de grâce avec les autres filles de son âge. Mises à l’écart par leur communauté, elles sont envoyées affronter leur magie qu’il leur faudra dissiper. Installées derrière une palissade de bois, elles vont vite comprendre que si celle-ci les protège des dangers extérieurs, elles ne sont pas à l’abri des dangers qui viennent d’elles-même. Car si certaines élèvent, nombreuses préfèrent piétiner leurs consœurs et cet équilibre instable sera au cœur des relations qu’entretiendront ces jeunes filles. Tandis que certaines ne rentreront jamais chez elles, d’autres reviendront complètement changées.

L’année de grâce met en scène une communauté dans laquelle les hommes ont tous pouvoirs. Soumises à leur bon vouloir, les femmes ne représentent que la tentation et le désir sexuel qui se ternit avec le temps et la perte de fertilité. L’empreinte théologique est omniprésente dans l’éducation que reçoivent filles et garçons, qui appliquent dès le plus jeune âge les principes misogynes mis en place par le régime patriarcal. La dictature mise en place dans ce roman utilise la peur et l’assujettissement pour maintenir en équilibre une façon de vivre étouffante et brutale. Personne ne sort indemne de ce lieu de vie reclus. Le régime extrémiste appliqué à une communauté restreinte permet de saisir toute l’ampleure de la cruauté qui emprisonne les femmes dans un unique rôle reproductif.

Le texte de Kim Liggett invite à la réflexion sur la condition des femmes de notre époque dans certains pays: les difficultés d’accès à l’éducation, l’absence de liberté et la soumission imposée par les hommes sous peine de mise à mort. Portée par une héroïne intelligente et éprise de liberté, ce roman féministe pose la question de la place de la femme dans la société, et tente de démontrer qu’elles ne sont pas responsables des agissements des hommes à leur encontre lorsqu’ils se laissent dominer par leur désir. Si le récit est glaçant, il n’en porte pas moins l’espoir d’un avenir meilleur par le biais d’actions menées en secret par certains personnages féminins et masculins.

Je vous invite à lire l’avis d’Isabelle et celui de Pépita.

Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit. Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie.. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans: notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante.

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Sirius (2017)

Auteur: Stephane Servant

Editeur: Rouergue

Collection: épik

Pages: 474

Avril est une jeune fille qui vit avec un petit garçon nommé Kid. Ensemble, et tant bien que mal, ils vivent dans une cabane dans l’Arbre, un grand chêne. Chaque mois, quand leurs réserves sont au plus bas, ils vont jusqu’à la Capsule, une grande boîte qui contient des provisions. Mais, cette fois-ci, Avril est confrontée à son passé ; un ancien ami, Darius, lui court après pour que leurs ancien gang, les Etoiles Noirs, soient de nouveaux réunis. Elle décident donc de partir avec Kid, quand ils font une rencontre inattendue, Sirius, un cochon noir que Kid prend pour son ancien chien. A contre cœur, Avril décide d’emener le cochon avec eux dans leurs voyage vers la Montagne.

Post-apocalyptique, road-trip, roman de sience-fiction, il tout ce qu’il faut pour me plaire. J’ai beaucoup aimé l’histoire car on peut suivre l’évolution du voyage des deux enfants. On peut voir le côté animal de Kid remonter petit à petit, son langage devient de plus en plus primaire. Réécriture moderne du mythe biblique l’Arche de Noé, Sirius est un roman écologique.

L’avis de maman.

***

Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d’élever Kid. Entre leurs expéditions pour trouver de la nourriture et les leçons données au petit garçon, le temps s’écoule doucement… jusqu’au jour où le mystérieux passé d’Avril les jette brutalement sur la route. Il leur faut maintenant survivre sur une terre stérile pleine de dangers.

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D’or et d’oreillers (2021)

 

Auteure: Flore Vesco

Editeur: l’école des loisirs

Collection: Medium +

Pages: 234

 

Lorsque Flore Vesco sort un nouveau livre, c’est toujours une fête et la garantie d’un grand moment de lecture. Comment fait-elle pour toujours capter l’attention de son lecteur? Avec D’or et d’Oreillers, elle nous entraîne dans une réécriture moderne et sensuelle du conte d’Andersen, La Princesse au Petit Pois. Mais ici il n’est nullement question de princesse ou de petit pois, et il ne s’agit même pas d’un conte mais d’une histoire d’amour pleine de magie, de sorcellerie.

Lorsque la rumeur se répand que lord Handerson se cherche une épouse, toutes les mères ayant des filles à marier se réjouissent de la nouvelle et se préparent à lancer leurs filles sur le marché du mariage. Pourtant, l’annonce d’un test mis au point par le jeune homme les fait bondir. En effet ce dernier demande à ce que chaque jeune fille dorme sous son toit sans chaperon dans une chambre apprêtée à leur intention, une chambre ordinaire si ce n’était ce lit d’une hauteur prodigieuse fait d’un empilement d’une dizaine de matelas. Avec trois filles à marier, Mrs Watkins est prête à tout. Elle organise le séjour de ses filles chez ce mystérieux lord qu’elle envoie accompagnée de leur femme de chambre. Lord Handerson, faisant peu de cas de la classe sociale, fait passer le test aux quatre jeunes filles. Une seule validera le test et elle n’a rien d’une lady, ce qui n’est pas plus mal car elle aura fort à faire dans ce château hanté où la magie est si forte qu’elle laisse peu de répit à ses habitants. Sadima réussira-t-elle à lever le voile sur les mystères qui entourent le lord et sa demeure? Le défit est lancé…

Comme dans ses titres précédents, Flore Vesco enchante son lecteur par la qualité de son récit et son habileté avec la langue qu’elle utilise pour faire des jeux de mots toujours fort appréciables. Utilisant les codes du genre, elle signe un titre romanesque digne d’un Jane Austen avec ses jeunes filles frivoles et la course au mari dans laquelle elles se lancent avec frénésie pour conquérir un revenu mirobolant plus que l’amour d’un homme. Elle sort cependant des sentiers battus en introduisant de la sorcellerie qui ramène au conte. Sadima est une héroïne courageuse, forte et déterminée; loin des innocentes jeunes filles nobles, elle ne craint pas de découvrir son corps dans l’intimité de sa chambre.

D’or et d’oreillers est un récit moderne et sensuel à réserver au plus de 13 ans qui sera séduire le lecteur par son humour noir, sa plume entraînante et la richesse de la langue qui transportent le lecteur dans un monde fantastique enchanteur porté par une héroïne de caractère. Flore Vesco signe un titre résolument féministe dans lequel l’éveil à la sexualité des jeunes filles passe par la découverte de leur corps et de leur plaisir.

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C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse: chaque candidate est invitée à passer une nuit chez lui, à Blenkinsop Castle, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Dormir chez un inconnu, sans parent ni chaperon! Quoi de plus scandaleux pour une jeune fille de bonne famille! Malgré tout, Mrs Watkins y envoie ses trois filles, accompagnées d’une femme de chambre. Elles se rendent en tremblant au château. Seule l’une d’entre elles retiendra l’attention du lord… Cette dernière, pourtant, n’a rien d’une princesse au petit pois! Et c’est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées, mais dans une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…