album·poésie

juste le ciel et nous (2022)

Auteure : Annie Agopian

Traducteur vers l’arabe : Golan Haji

Illustratrice : Carole Chaix

Editeur : Le port a jauni

Pages : 24

Plus qu’un recueil, Juste le ciel et nous est un long poème qui défile d’un bout à l’autre amenant une réflexion philosophique, un questionnement sur l’existence, sur le rapport de l’humain à l’univers, à la nature.

En nous donnant le rôle d’observateur du ciel, simplement rattachés au sol par nos pieds, Annie Agopian nous invite à repenser la brièveté d’une vie humaine comparée à celle de la nature qui se répète dans le cycle infini des saisons. Mais son texte invite aussi à repenser le monde sans limites, sans frontières, aussi infini que le ciel.

Les bilingues pourront relire le livre dans l’autre sens, dans la langue arabe (texte traduit) ; les deux textes se font miroir et se partagent un même espace, une même illustration de Carole Chaix qui a su si parfaitement restituer les mots de l’auteure et les sublimer.

Le ciel comme une cartographie du monde dans laquelle se tracent les routes des nomades et des exilés.
Le ciel comme dernier repère pour les sans-frontières. Le ciel infini.
Le ciel et notre regard perdu dans lui. Notre regard et son questionnement sur notre existence. Regarder le ciel et penser à la terre, où finissent nos vies.
Juste le ciel et nous est tout à la fois une cartographie, un pamphlet politique, une réflexion philosophique. C’est un long poème que l’on peut lire d’un bout à l’autre, et inversement.
Carole Chaix s’est emparée de ces mots clefs : cartographie, nomadisme, peine, violence des hommes, chemin de vie, de haut en bas, du ciel à la terre, et l’homme au dedans. Juste le ciel et nous s’est transformé en dessins au trait qui, mis bout à bout, forment une carte ou un organigramme, et qui, pris individuellement, forment les pages d’un cahier secret.

poésie

Immenses sont leurs ailes (2021)

Auteure : Murielle Szac

Illustratrice : Nathalie Novi

Editeur : Bruno Doucey

Collection : Poés’Histoires

Pages : 80

Hala et Haïssam sont frère et sœur. Enfants de Syrie, ils ont déjà connu deux visages du monde : il y a eu un avant la guerre et il y a l’après. Mais Murielle Szac nous raconte aussi la fin d’une époque, celle durant laquelle les enfants jouaient, dansaient, chantaient, riaient… pour mieux nous raconter la lumière qui s’est éteinte dans leurs yeux lorsque les bombes ont rasé une maison, une école, un village, et qu’il a fallu partir en laissant tout derrière. Les visages de ces enfants, peints par Nathalie Novi, sont autant de portraits qui nous regardent intensément et nous transmettent les émotions teintées d’espérances.

La collection Poés’Histoires s’adresse aux enfants et souhaite leur offrir de la poésie qui les prenne au sérieux en abordant des sujets peu présents en jeunesse. Immenses sont leurs ailes est un poème narratif qui bouleverse par le lien ténu qui se tisse entre la beauté des mots et des traits, et les atrocités de la guerre.

Ils se nomment Hala et Haïssam, les enfants que Murielle Szac met en scène dans ce long poème narratif. Ils jouent, ils chantent, ils dansent, s’inventent des histoires, et ferment les yeux pour rêver lorsque le monde devient trop dur à regarder. La vie dans le quartier aux mille saveurs, puis les bombardements et le chemin d’exil. Mais l’enfance toujours, qui ne vend jamais ses ailes au chagrin… Eux nous regardent intensément, venus de ces lointains qui mettent souvent le coeur en peine : ce sont les enfants de Syrie que Nathalie Novi peint depuis des années, avec l’espoir de leur rendre le soleil que la vie leur a volé. Il fallait des mots de poète pour les sortir de leur silence. C’est chose faite : dans ce livre, les mots et les images tricotent un nid « pour l’oiseau de leur vie ».

poésie·roman ado

J’ai vu Sisyphe heureux (2020)

Auteure : Katerina Apostolopoulou

Editeur : Bruno Doucey

Pages : 128

Pépites du Salon de Montreuil – Roman adolescents européen 2020

« Il faut imaginer Sisyphe heureux » disait Albert Camus.
« J’ai vu Sisyphe heureux. » lui répond Katerina Apostolopoulou.

Dans ce recueil de trois poèmes narratifs, l’auteure nous raconte la Grèce de son enfance, berceau de ses histoires dans laquelle évoluent ses personnages : une jeune veuve, un couple et un vieil ermite. Tous ont en commun leur pauvreté, leur ténacité et leur résilience. Chacun a pris son parti de cette répétition des tâches et y trouve le bonheur dans ces petits riens qui remplissent l’existence d’amour, de partages, de solidarité.

Leur situation paraît presque enviable si l’on regarde attentivement ce mode de vie qui se perd, un mode de vie certes assez pauvre mais dans lequel on n’est jamais seul, toujours soutenu et entouré. Là où notre société consumériste nous confronte à la difficulté de faire moultes choix chaque jour, les héros de ce recueil se contentent de ce qu’ils ont sans se poser de question, ils accueillent et prennent ce que la vie leur donne comme une évidence. Leur liberté semble arbitraire et pourtant…

Je découvre la poésie narrative avec ce recueil et je dois dire que si la poésie y prend toujours cette forme, y déverse toujours les émotions ainsi, alors c’est une poésie que j’apprécie. Racontant personnage et existence, chacune des trois histoires se suffit de peu de mots pour nous dire l’attachement et les valeurs qui rendent la vie plus belle.

L’auteure imprègne par ailleurs ces textes de cette double culture qui est la sienne. Et si, confrontée à mes propres limites, je me suis contentée de lire le texte en français, je ne peux nier avoir été attiré par la langue grecque, si inaccessible. Elle interroge sur l’écriture et le sens, et je n’ai pu m’empêcher de penser que peut-être Katerina Apostolopoulou avait encore plus à nous dire…

***

Vivre pauvre sans être rustre
Avoir peu et tout offrir
Garde le meilleur pour l’ami ou l’étranger
Reprendre tous les matins le même chemin
Savoir que toute la vie sera ainsi
Et en sourire
Moi
J’ai vu
Sisyphe heureux.

album·poésie

Madame Automne et cætera (2018)

Auteure : Palina

Illustratrice : Baptistine Mésange

Editions : du Jasmin

Collection : Points de Suspension

Pages : 50

Recueil de quatre poèmes, les textes s’étalent sur le papier telles les saisons sur une année. Madame Automne ouvre le bal dans sa robe lisière avant de céder la place aux saisons suivantes qui se succèdent dans une ronde autour du monde, formant un tout, formant un cycle de vie, une boucle temporelle.

Palina propose de découvrir la poésie autour du sujet vaste mais intemporel des saisons, chacune se parant des couleurs, sensations et événements qui en font le charme et en rythment le temps qui passe. Avec une infinie douceur, les mots habillent madame Automne, monsieur Hiver, mademoiselle Printemps et monsieur Eté, leur donnant consistance et vitalité.

Mais la poésie et la douceur se retrouvent aussi dans le trait de Baptistine Mésange. L’artiste varoise habille les textes de la poétesse de formes rondes et de couleurs pastelles qui viennent parer les saisons d’aquarelles plus ou moins diluées, laissant apparaître le blanc du papier, appuyant la luminosité et la poésie du trait.

J’avais besoin de douceur et de tendresse, Madame Automne et cætera a comblé toutes mes attentes, et donné envie de lire un peu plus de poésie. C’est un énorme coup de cœur que je partage avec ma fille, Gabrielle.

Quatre poèmes. Un par saison, et l’on commence par l’automne, ce qui suivra le calendrier des écoliers. Des couleurs, des sensations, des images fortes et du ressenti pour suivre cette ronde du temps, ballet farandole qui n’en finit pas de tourner…

album·poésie

Et si on redessinait le monde? (2013)

Auteur: Daniel Picouly

Illustratrice: Nathalie Novi

Editeur: Rue du Monde

Collection: Vaste monde !

Pages: 28

Recueil de poésies, Et si on redessinait le monde ? est un album très grand format qui invite à la création et à l’introspection, encourageant le lecteur à repenser les limites de notre monde. Limites géographiques et culturelles mais également humaines, les textes de Daniel Picouly interrogent sur les inégalités de notre monde et incitent le jeune lecteur à penser demain en gommant les imperfections. L’auteur se met à hauteur d’enfant pour imaginer un futur dans lequel personne n’aurait faim ou ne vivrait la guerre; mais il amène également une réflexion plus écologique, imaginant un monde dans lequel l’Homme, à l’image des autres espèces animales, vivrait en accord avec la nature.

Nathalie Novi vient magnifier la poésie de Picouly par de superbes peintures réalisées sur des atlas anciens apportant un côté vintage très appréciable et renforçant l’encrage de ses personnages dans un monde qui leur est propre avec ses références culturelles. C’est absolument magnifique! Son travail est immersif et nous emmène dans un véritable voyage autour du monde. 

Pour aller plus loin, je vous renvoie au site de l’illustratrice : Les voyages de Nathalie Novi : peinture sur Atlas du monde.

Je vous invite à lire l’avis de Pépita ICI.

« Moi, si je redessinais le monde, je le ferais s’éclore comme un livre… » Et toi, comment le dessineras-tu? Comment t’y prendras-tu pour gommer la faim, repeindre la haine ou crayonner de belles histoires d’amour entre l’air, les plantes ou tous les humains de la planète?