album·Nouvelle

Petite nouvelles de la révolution (2021)

Auteur : Alex Cousseau

Illustrateur : Henri Meunier

Editeur : Sarbacane

Pages : 48

Seize affiches, associées chacune à un texte, pour un peu plus de seize enfants et adolescents qui viennent parler de leur rêve d’un monde plus juste dans lequel il y aurait plus de place pour s’amuser et où les enfants pourraient décider de ce qui est bon pour eux, que ce soit dans l’assiette ou dans leur vie de tous les jours. Certains appellent à la fin des frontières tandis que d’autres veulent être plus libres, des filles veulent les mêmes droits que les garçons et d’autres veulent être libre d’aimer qui elles veulent.

S’inspirant des affiches révolutionnaires telles qu’on les voit encore dans livres d’Histoire, Alex Cousseau et Henri Meunier proposent un album qui invite à repenser le monde, à en redéfinir les limites afin que chacun puisse accéder à la culture, à l’éducation, que chacun puisse être aimer pour ce qu’il est, aimer qui il veut, choisir son destin et voyager sans se soucier des frontières. Au fil des textes on se prend à rêver avec eux d’un monde plus juste.

A quoi rêve-t-on aux quatre coins du monde quand on a 7, 9, 13 ou même 16 ans ? De s’amuser plus, de partir en vacances, de contester l’autorité abusive, d’abolir les frontières… Parfois, le rêve consiste juste à s’évader du cauchemar de la vie réelle.

Nouvelle·roman ado

Je ne dirai pas le mot (2022)

Auteure : Madeleine Assas

Editeur : Actes Sud jeunesse

Collection : d’une seule voix

Pages : 80

Il est son ami d’enfance, son meilleur ami, celui avec qui elle a tant partagé depuis la petite enfance, mais cette année, il n’est plus le même. Il a grandi, il est devenu plus beau et elle a d’avantage conscience de sa présence. Ce n’est pas seulement parce que la cage d’ascenseur lui parait plus petite, c’est surtout son cœur qui bat plus vite, les papillons qui volent dans son ventre. Il est tellement plus qu’un ami… Mais comment le lui dire ? Et s’il ne ressentait pas la même chose ? Elle tente de lui écrire une lettre, de poser les mots sur le papier pour rendre ses émotions palpables. Mais s’il la rejetait ? Si elle le perdait ?

Je ne dirai pas le mot raconte le premier amour, les émotions que cela soulève et la difficulté de les exprimer par les mots, par peur qu’ils ne soient pas partagés. Aimer n’est qu’un mot mais l’exprimer est bien plus difficile que de le dire. Madeleine Assas parvient à nous faire revivre les sensations d’un premier amour avec les doutes et les craintes qui l’entourent, mais aussi avec tout le courage qu’il faut pour embrasser ce nouveau sentiment en osant enfin lui donner une chance d’exister. Son héroïne s’interroge sur le poids des mots dans la construction d’une relation, tout en se confrontant à la réalité d’un attachement qui n’a pas besoin d’être nommé pour exister. Un texte plein de justesse !

***

Ils sont amis d’enfance et habitent le même immeuble. Depuis quelques temps, son regard sur lui a changé, et elle a l’impression que lui non plus ne la regarde pas pareil. Comme si entre eux, inexplicablement, tout était différent. Ou est-ce qu’elle se fait des idées ? SMS effacés, brouillons de lettre qui finissent à la poubelle… Et si mettre un mot – LE mot – sur ce sentiment nouveau, c’était prendre le risque de le perdre ?

Nouvelle·roman ado

Pas sûr que les cow-boys s’embrassent (2021)

Auteur : Henri Meunier

Illustratrice : Nathalie Choux

Editeur : Actes Sud junior

Pages : 128

Recueil de dix-sept histoires qui ne sont en fait que l’expression de sept jeunes autour d’un seul et même fil rouge, Pas sûr que les cow-boys s’embrassent joue sur l’alternance de narrateur pour nous laisser entrevoir les relations de ce groupe, les liens qui les unissent, leur amitié, leur amour, mais aussi les blessures et les coups durs. Unis et solidaires, ils avancent côte à côte, s’épaulent dans les moments difficiles, échangent des baisers, et tentent de se sauver d’une vie de famille bancale et étouffante, voir carrément violente.

Henri Meunier livre un récit percutant dans sa construction et les blessures qu’il dessine dans les non-dits, les glissant entre les mots, entre les lignes. Touchants, ses personnages sont multiples et déversent chacun leur tour la douleur de leur existence, la quête du plaisir et leur espoir d’une vie plus belle pour un parent qui se retrouve seul, un petit-frère qu’on ne veut pas voir prendre les coups que l’on endure déjà, mais aussi pour soi, parce que le bonheur est un droit !

L’écriture retransmet les émotions avec beaucoup de justesse. Même si j’ai eu du mal à donner un âge aux personnages de par le décalage entre leur façon de s’exprimer et leurs actes, j’ai été très sensible au choix des mots, à la forme désuète de ce « parler jeune » qui donne un charme suranné et pourtant intemporel aux événements. Par ailleurs, les illustrations en noir et blanc de Nathalie Choux viennent installer un décor et appuyer la douleur et la détresse de ses ados paumés.

Pas sûr que les cow-boys s’embrassent est un récit qui m’a surprise par son histoire, bien loin des amourettes d’écoliers auxquelles je m’attendais mais m’a littéralement prise par la main pour affronter un tourbillon émotionnel que je n’avais pas vu venir.

***

Attention, les secrets, c’est vachement précieux. Jeanne aime Pascal. Mais elle aime aussi Wilfried, qui est amoureux fou de Sophie qui ne sait pas si elle préfère lui ou Alphonse. Alphonse qui n’embrasse pas comme un amoureux. Mais au fond, est-ce que les cow-boys s’embrassent ? Une petite bande d’amis racontent leurs éclats de vie. Cette vie qui ondule, pétille, hésite, prend son envol.

Nouvelle·Partenariat

Plus jamais petite (2010/2022)

Auteure : Séverine Vidal

Editeur : Nathan

Collection : Court Toujours

Pages : 64

Lucie est devant la prison. Elle cherche dans ses souvenirs et ses blessures la force d’affronter cet homme derrière les barreaux, cet homme qu’elle a autrefois appelé son père mais qui a cessé de l’être lorsqu’il lui a volé son innocence. Acte thérapeutique, cette confrontation doit l’aider à avancer.

Plus jamais petite est une nouvelle puissante, intense, qu’on lit d’une traite, le souffle suspendu, les larmes aux yeux jusqu’à ce que la dernière page tournée nous permette enfin de nous laisser aller. L’émotion tangible de Lucie confronte le lecteur à l’impensable, l’innommable et pourtant si véritable crime de l’inceste.

Avec pudeur, mais également justesse, Séverine Vidal raconte la douleur d’une adolescente trahie par celui qui aurait du être son protecteur, l’impossibilité de pardonner et la nécessité de parler. Après la compréhension et la bienveillance d’une mère, d’une grand-mère, d’une amie, la déclaration au commissariat sonne comme une nouvelle agression et rappelle combien la parole des victimes est encore trop souvent banalisée, car trop souvent reçue par un personnel non sensibilisé et non formé.

Initialement publié chez Oskar éditions, Plus jamais petite, trouve sa place dans la collection Court Toujours des éditions Nathan par son sujet grave qui résonne terriblement avec une actualité encore trop présente.

Je remercie Séverine Vidal et les éditions Nathan pour l’envoi de cette nouvelle bouleversante.

***

 » – J’ai des mots comme ça, des mots qui ne passent plus, restent coincés au fond de ma gorge, m’étranglent. Même les entendre, prononcés par d’autres, me fait monter les larmes aux yeux. Hier, devant la boutique où maman travaille, un petit garçon a crié « PAPA ! », deux fois. Il a crié deux fois « PAPA ! » et c’est comme si on m’enfonçait un couteau en plein cœur. «