album

La Biblio d’Orazio (2022)

Auteur : Davide Cali

Illustrateur : Sébastien Pelon

Editeur : ABC Melody

Pages : 40

Ancien professeur des écoles, Orazio partage désormais son amour des livres avec les habitants des collines en jouant au bibliothécaire ambulant. Installée dans une Piaggio Ape, véhicule à trois roues italien, sa bibliothèque déborde de livres en tout genre, récupérés ça et là auprès de ceux qui n’en veulent plus. La venue d’Orazio est très attendu et chacun se précipite dès que le bourdonnement du moteur se fait entendre sur les routes montagneuses. Aussi lorsque Orazio perd son véhicule dans un accident, c’est tout un monde qui s’écroule…

Vous connaissez mon intérêt pour les albums de Davide Cali et une fois de plus, c’est un sans faute. Avec La biblio d’Orazio c’est un monde empli de partage et de générosité qui s’offre au lecteur, un monde dans lequel les livres ont une place d’honneur et deviennent vecteur de liens et de solidarité. Mobile, la bibliothèque permet à tous d’accéder à la lecture et remplit le rôle essentiel de lieu de vie culturel et social dans ces villages coupés les uns des autres par les collines.

Les illustrations très colorées de Sébastien Pelon débordent de lumière et de chaleur. Au fil des pages, le lecteur voyage littéralement, sentant la douce chaleur du soleil lui caresser les doigts lorsqu’ils se posent sur le papier. Les paysages sont tout simplement magnifiques et l’on sentirait presque la douce brise sur notre visage lorsqu’Orazio parcourt les collines à bord de sa biblio, fenêtres ouvertes. La Sicile se dévoile au travers de ses paysages et de ses habitants qui forment une communauté solidaire. Tout simplement magnifique !

Dans les collines de Sicile, c’est l’heure de la sieste. Tout est calme mais parfois, on distingue un bourdonnement étrange: BzzzZZZ…Une abeille ?
Mais non, c’est la bibliothèque d’Orazio ! Cet ancien instituteur sillonne les villages des collines dans sa bibliothèque à trois roues. Sa mission : offrir des lectures aux populations isolées.
Il y a le vieux colonel qui veut apprendre à cultiver des tomates, la fleuriste qui lit des histoires à sa maman malade, les petits écoliers passionnés d’aventures de cyclopes et de monstres marins…

album·poésie

juste le ciel et nous (2022)

Auteure : Annie Agopian

Traducteur vers l’arabe : Golan Haji

Illustratrice : Carole Chaix

Editeur : Le port a jauni

Pages : 24

Plus qu’un recueil, Juste le ciel et nous est un long poème qui défile d’un bout à l’autre amenant une réflexion philosophique, un questionnement sur l’existence, sur le rapport de l’humain à l’univers, à la nature.

En nous donnant le rôle d’observateur du ciel, simplement rattachés au sol par nos pieds, Annie Agopian nous invite à repenser la brièveté d’une vie humaine comparée à celle de la nature qui se répète dans le cycle infini des saisons. Mais son texte invite aussi à repenser le monde sans limites, sans frontières, aussi infini que le ciel.

Les bilingues pourront relire le livre dans l’autre sens, dans la langue arabe (texte traduit) ; les deux textes se font miroir et se partagent un même espace, une même illustration de Carole Chaix qui a su si parfaitement restituer les mots de l’auteure et les sublimer.

Le ciel comme une cartographie du monde dans laquelle se tracent les routes des nomades et des exilés.
Le ciel comme dernier repère pour les sans-frontières. Le ciel infini.
Le ciel et notre regard perdu dans lui. Notre regard et son questionnement sur notre existence. Regarder le ciel et penser à la terre, où finissent nos vies.
Juste le ciel et nous est tout à la fois une cartographie, un pamphlet politique, une réflexion philosophique. C’est un long poème que l’on peut lire d’un bout à l’autre, et inversement.
Carole Chaix s’est emparée de ces mots clefs : cartographie, nomadisme, peine, violence des hommes, chemin de vie, de haut en bas, du ciel à la terre, et l’homme au dedans. Juste le ciel et nous s’est transformé en dessins au trait qui, mis bout à bout, forment une carte ou un organigramme, et qui, pris individuellement, forment les pages d’un cahier secret.

roman graphique

Le Bal des Folles – Bd (2021)

Auteure : Victoria Mas

Adaptation de : Véro Cazot

Illustratrice : Arianna Melone

Editeur : Albin Michel

Pages : 136

Eugénie Cléry se fait interner sur ordres de son père à l’hôpital de la Salpêtrière, dénoncée par une grand-mère qui a révélé que la jeune fille communiquait avec les esprits. Dirigé par le Docteur Charcot, l’hôpital tient plutôt lieu d’asile dans lequel on envoie les femmes jugées encombrantes ou dérangeantes. Parfaitement saines d’esprit à leur arrivée, il est assez rare qu’elles en ressortent en bonne santé… Quand elles en ressortent.

Je n’ai pas lu le roman de Victoria Mas, mais j’en ai vu l’adaptation cinématographique de Mélanie Laurent. L’histoire est particulièrement intéressante et suffisamment révoltante pour toucher un public un tant soit peu intéressé aux droits des femmes. Elle met en lumière la condition précaire des femmes soumises aux règles imposées par les hommes dans une société exclusivement pensée par et pour eux. L’auteure y dénonce le machisme et le patriarcat qui ont tôt fait de condamner une femme devenue encombrante.

Sous couvert de la folie, ces dernières se confrontent aux autorités (in)compétentes dont elles deviennent esclaves, sujets d’études et d’expérimentation quand elles ne servent pas leur plus bas instincts. On découvre ainsi que ce Bal des Folles permet à la classe la plus aisée de s’acoquinait avec ces aliénées, s’amusant un peu plus à leurs dépens. Tout simplement scandaleux !

Je ne pourrais comparer réellement l’adaptation qui m’a cependant semblée assez fidèle à ce que j’en ai vu, quoi que peut-être traitée assez rapidement sur certains aspects. Probablement un parti pris que de dénoncer plus que de s’attarder sur des situations scandaleuses, mais le message est suffisamment fort pour dénoncer et révéler des faits qui ont de quoi glacer le sang. Je n’ai pas été séduites par les visages des personnages mais j’ai aimé l’ensemble des illustrations à l’aquarelle qui retransmettent avec pudeur les mots de l’auteure.

Cette adaptation du Bal des Folles me semble être une belle entrée en matière avant de se lancer dans la lecture du roman.

« Vous savez que je ne suis pas folle ! Je ne souffre de rien. Vous redoutez juste ce que vous ne comprenez pas ! »
Véro Cazot et Arianna Melone s’emparent du best-seller de Victoria Mas et nous dévoilent, dans les pas d’Eugénie, une société de femmes prisonnières des hommes… Un monde où la folie, les ombres et l’humanité n’apparaissent pas toujours là où on les attendait.

poésie

Immenses sont leurs ailes (2021)

Auteure : Murielle Szac

Illustratrice : Nathalie Novi

Editeur : Bruno Doucey

Collection : Poés’Histoires

Pages : 80

Hala et Haïssam sont frère et sœur. Enfants de Syrie, ils ont déjà connu deux visages du monde : il y a eu un avant la guerre et il y a l’après. Mais Murielle Szac nous raconte aussi la fin d’une époque, celle durant laquelle les enfants jouaient, dansaient, chantaient, riaient… pour mieux nous raconter la lumière qui s’est éteinte dans leurs yeux lorsque les bombes ont rasé une maison, une école, un village, et qu’il a fallu partir en laissant tout derrière. Les visages de ces enfants, peints par Nathalie Novi, sont autant de portraits qui nous regardent intensément et nous transmettent les émotions teintées d’espérances.

La collection Poés’Histoires s’adresse aux enfants et souhaite leur offrir de la poésie qui les prenne au sérieux en abordant des sujets peu présents en jeunesse. Immenses sont leurs ailes est un poème narratif qui bouleverse par le lien ténu qui se tisse entre la beauté des mots et des traits, et les atrocités de la guerre.

Ils se nomment Hala et Haïssam, les enfants que Murielle Szac met en scène dans ce long poème narratif. Ils jouent, ils chantent, ils dansent, s’inventent des histoires, et ferment les yeux pour rêver lorsque le monde devient trop dur à regarder. La vie dans le quartier aux mille saveurs, puis les bombardements et le chemin d’exil. Mais l’enfance toujours, qui ne vend jamais ses ailes au chagrin… Eux nous regardent intensément, venus de ces lointains qui mettent souvent le coeur en peine : ce sont les enfants de Syrie que Nathalie Novi peint depuis des années, avec l’espoir de leur rendre le soleil que la vie leur a volé. Il fallait des mots de poète pour les sortir de leur silence. C’est chose faite : dans ce livre, les mots et les images tricotent un nid « pour l’oiseau de leur vie ».

roman ado

Agence Lovecraft, tome 3. Tempus Fugit -2022)

Auteur : Jean-Luc Marcastel

Illustrateur : VADERETRO

Editeur : Gulf Stream

Pages : 245

Après un premier tome palpitant qui offrait une mise en bouche des plus alléchantes et un deuxième tome intéressant malgré quelques longueurs, l’Agence Lovecraft nous entraine de nouveau à l’aventure dans un troisième volet qui démarre tambour battant pour ne laisser que peu de répit à ses héros ou ses lecteurs car, comme le dit le titre Tempus Fugit, « le temps passe vite ».

En effet, alors que l’arrivée de Cthulhu semble imminente, l’équipage du Nautilus doit récupérer la clé de R’lyeh, domaine où sommeille la terrible créature. Pour se faire, Sergueï n’a d’autres choix que de retourner dans le corps du Yithien quelques 375 millions d’années plus tôt. Mais alors que l’Agence Lovecraft croit maitriser ce voyage temporelle, ils découvrent que c’est le Yithien qui tire les ficelles et que cela pourrait changer bien des choses…

Je pense qu’à ce jour ce troisième volume est le plus abouti de la série. En apportant des réponses à plusieurs questions mais aussi dans la multiplicité des actions qui se croisent et s’entrecroisent, le récit prend une forme plus immersive et gagne en qualité. Chaque chapitre apporte quelques choses et permet à l’histoire d’avancer sur différentes temporalités ou différentes scènes, tout en étant connectées les unes aux autres. On sent combien l’auteur maitrise son histoire tant il parvient à faire jouer un rôle essentiel à tous ses personnages et à faire se connecter entre eux des évènements.

Difficile d’en dire d’avantage sans révéler l’histoire, aussi je vais me contenter de dire que Tempu Fugit est un troisième volume parfaitement réussi qui redéfinit les liens et connections entre les personnages et nous rapproche un peu plus du final qui s’annonce explosif.

***

L’arrivée de Cthulhu dans notre monde est imminente. Pour l’empêcher, l’Agence Lovecraft doit récupérer la clé de R’lyeh, cette cité engloutie où patiente l’impitoyable monstre. Cette clé, Sergueï l’a aperçue lorsqu’il a été projeté des millions d’années en arrière dans le corps d’un Yithien. Pas d’autre choix que de retourner dans ce lointain passé pour semer des indices que Ryan et Marie devront retrouver dans le présent. Mais un détail lourd de conséquence a été négligé : en échangeant à nouveau son corps avec le Yithien, Sergueï permet à la créature d’un autre temps d’atteindre l’Agence Lovecraft. Or, c’est précisément ce qu’elle cherchait à faire…

Le coin de Gaby·Le coin de Ju

Culture adolescente #16

La semaine a été très chargée en activités musicales avec notamment deux prestations pour Gabrielle, et les répétitions qui vont avec. Cela a généré beaucoup de fatigue qui les a poussé vers la TV. Voici le petit bilan de la semaine.

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Que lisent-elles à 13 ans 1/2 ?

Avec un passage tardif en médiathèque, les filles n’ont pas encore eu l’occasion de regarder ce que je leur ai ramené (j’ai récupéré pas mal de livres qu’elles avaient réservés ainsi que des nouveautés). Mais Gabrielle a reçu et lu Dear Evan Hansen en quelques jours. Elle avait aimé le film, elle a adoré le roman. Ca a été son compagnon de route durant les périodes d’attente au conservatoire…

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Que regardent-elles à 13 ans 1/2 ?

Nos mots comme des bulles les a accompagné lors de leur rituel dimanche animation, un film intéressant mais quelque peu décevant. Gabrielle a fini deux séries avec son frère, Your lie in April et Kaguya-sama : Love is war. Après quoi, il a proposé de regarder Spy x Family, sachant qu’elles sont fans du manga, et pour une fois, Juliette regarde également.

album·Docu

TOUS ENSEMBLE on fait changer le monde (2022)

People Power

Auteure : Rebecca June

Illustrateur : Ximo Abadía

Traductrice : Corinne Giardi

Editeur : Rue du Monde

Pages : 64

Voilà un album bien sympathique qui fait du bien au moral en nous montrant les actions menées depuis le début du vingtième siècle à travers le monde. S’il n’apporte rien de plus que tant d’autres ouvrages du genre, il tire son originalité en mettant en avant l’importance du groupe dans l’action. En effet, s’il souvent porté par une seule personne, chaque mouvement contestataire a pu être entendu quand les masses se sont rassemblées pour faire plus de bruit, être plus visible.

De 1907 à 2020, du Royaume-Uni aux Etats-Unis, en passant par l’Inde, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, l’Estonie, l’Allemagne, la Bolivie, le Liberia, La Tunisie et la Suède, Tous ensemble revient sur treize mouvements pacifistes qui ont mobiliser les foules et fait changer les choses. Droits des femmes, des minorités, écologie, libération de l’emprise colonialiste ou d’un dictateur, et tant d’autres thèmes sont abordés ici que cet album devient un titre vraiment riche et intéressant. On y retrouve des visages connus, Rosa Parks, Greta Thunberg ou encore Gandhi mais à leurs côtés se trouvent les Suffragettes, les femmes pacifistes de Greenham Common ou celles du Liberia qui manifestèrent pour la paix…

Chaque cas bénéficie de quatre pages pour présenter une situation, un contexte puis détailler la démarche et la manifestation en elle-même. Le style graphique est moderne et oscille entre l’enfantin et le caricatural. J’ai trouvé que ce mélange convenait parfaitement pour d’un côté attirer l’œil des enfants mais aussi, pour appuyer la dénonciation de crimes ou d’atteintes aux libertés. Tous ensemble peut bien sûr le lire d’une traite mais il prendra plus de sens, de poids, si on lit chaque cas séparément, car ils ont de quoi nourrir des discussions et débats familiaux foisonnants.

Ils ont grimpé sur des arbres centenaires pour sauver les forêts tropicales de leur pays, elles ont marché sous une pluie battante pour que les femmes aient le droit de voter, des milliers de jeunes ont protesté ensemble, au-delà des frontières, contre les intolérables discriminations raciales ou ils ont organisé des vendredis revendicatifs contre le changement climatique qui met en danger notre planète…
Ces manifestations pacifiques ont souvent été lancées par des individus courageux avant d’être portées par de vastes foules. En réunissant beaucoup d’énergies, elles sont parvenues à bousculer des situations qui semblaient figées à jamais.
Cet album nous raconte comment, tous ensemble, créatifs, optimistes et ouverts aux autres, nous pouvons rendre le monde meilleur. Il nous montre que nous en avons réellement le pouvoir.

poésie·roman ado

J’ai vu Sisyphe heureux (2020)

Auteure : Katerina Apostolopoulou

Editeur : Bruno Doucey

Pages : 128

Pépites du Salon de Montreuil – Roman adolescents européen 2020

« Il faut imaginer Sisyphe heureux » disait Albert Camus.
« J’ai vu Sisyphe heureux. » lui répond Katerina Apostolopoulou.

Dans ce recueil de trois poèmes narratifs, l’auteure nous raconte la Grèce de son enfance, berceau de ses histoires dans laquelle évoluent ses personnages : une jeune veuve, un couple et un vieil ermite. Tous ont en commun leur pauvreté, leur ténacité et leur résilience. Chacun a pris son parti de cette répétition des tâches et y trouve le bonheur dans ces petits riens qui remplissent l’existence d’amour, de partages, de solidarité.

Leur situation paraît presque enviable si l’on regarde attentivement ce mode de vie qui se perd, un mode de vie certes assez pauvre mais dans lequel on n’est jamais seul, toujours soutenu et entouré. Là où notre société consumériste nous confronte à la difficulté de faire moultes choix chaque jour, les héros de ce recueil se contentent de ce qu’ils ont sans se poser de question, ils accueillent et prennent ce que la vie leur donne comme une évidence. Leur liberté semble arbitraire et pourtant…

Je découvre la poésie narrative avec ce recueil et je dois dire que si la poésie y prend toujours cette forme, y déverse toujours les émotions ainsi, alors c’est une poésie que j’apprécie. Racontant personnage et existence, chacune des trois histoires se suffit de peu de mots pour nous dire l’attachement et les valeurs qui rendent la vie plus belle.

L’auteure imprègne par ailleurs ces textes de cette double culture qui est la sienne. Et si, confrontée à mes propres limites, je me suis contentée de lire le texte en français, je ne peux nier avoir été attiré par la langue grecque, si inaccessible. Elle interroge sur l’écriture et le sens, et je n’ai pu m’empêcher de penser que peut-être Katerina Apostolopoulou avait encore plus à nous dire…

***

Vivre pauvre sans être rustre
Avoir peu et tout offrir
Garde le meilleur pour l’ami ou l’étranger
Reprendre tous les matins le même chemin
Savoir que toute la vie sera ainsi
Et en sourire
Moi
J’ai vu
Sisyphe heureux.

roman graphique

Furieuse (2022)

Auteur : Geoffroy Monde

Illustrateur : Mathieu Burniat

Editeur : Dargaud

Pages : 229

Pépites du Salon de Montreuil – BD/Manga 2022

Vieil ivrogne avachi sur son trône, le Roi Arthur n’est plus que l’ombre du héros qu’il fut lorsqu’il repoussa les terribles créatures descendues des enfers pour répandre la terreur sur Terre. L’épée forgée par Merlin s’ennuie et voit bientôt une porte de sortie se profiler à l’horizon lorsque le vieux et répugnant Baron de Cumbre vient réclamer la main de la Princesse Ysabelle. Cette dernière entend bien choisir sa destinée et prend la poudre d’escampette, aidée de l’épée dont la volonté propre n’a besoin que d’une main pour reprendre du service. Ysa découvre bientôt que le monde n’est que misère et déchéance, d’autant plus si l’on est une femme…

Mythe arthurien, heroic fantasy, aventure féministe, Furieuse est un peu tout ça à la fois. Avec ses 229 pages, ce roman graphique revisite le genre en plaçant le pouvoir entre les mains d’une jeune femme, qui refuse le destin qu’on a choisit pour elle. Les codes sont ici détournés avec talent et beaucoup d’humour par Geoffroy Monde et Mathieu Burniat qui signent un titre engagé en faveur des femmes, prisonnières de leur condition dans un monde pensé par et pour les hommes.

Surprenant, Furieuse est une pépite de la BD comme on en croise rarement avec son style unique, les dessins et le récit semblant se promener d’un registre à un autre en s’inspirant, ça et là, du meilleur et du pire pour notre plus grand plaisir. Divertissant, le récit ne manque pas d’interroger sur le pouvoir et son utilisation au travers d’une arme qui n’est pas sans rappeler l’anneau unique du Seigneur des Anneaux.

Merci Isabelle pour la découverte. Son avis est par ICI.

Le roi Arthur, celui de la légende ? Un vieil ivrogne décrépit qui passe ses journées vautré sur son trône. Sa gloire désormais bien lointaine, il la doit à l’épée magique que Merlin lui a forgée pour terrasser les hordes de démons venues envahir le royaume de Pendragon.

Devenue témoin de sa déchéance, l’arme enchantée s’ennuie ferme tandis que la princesse Ysabelle fulmine car son débris de père l’a promise en mariage à l’ignoble petit baron de Cumbre. Toutes deux bien décidées à se trouver un meilleur destin, Ysa et l’épée s’allient pour fuir le château et partir à la recherche de Merlin et de Maxine, la grande soeur disparue.

Mais le vaste monde peut se montrer bien cruel pour une princesse qui n’a connu que la vie de palais. Et les intentions de l’épée sont peut-être moins nobles qu’il n’y paraît…

album

La parure (2022)

Auteure : Annelise Heurtier

D’après la nouvelle de Guy de Maupassant

Illustratrice : Delphine Jacquot

Editeur : Thierry Magnier

Collection : Album

Pages : 32

La Parure est une nouvelle de Guy de Maupassant, un classique étudié en classe, dans lequel on nous raconte comment une jeune femme insatisfaite de sa condition sociale se fait prêter une rivière de diamants pour se rendre à un dîner officiel et, après l’avoir perdu, emprisonne son couple dans les dettes et une grande pauvreté en achetant une nouvelle parure de remplacement qu’il leur faudra dix années à rembourser.

Annelise Heurtier dépoussière le texte et le rend accessible aux jeunes lecteurs en allégeant l’écriture sans en dénaturer l’essence. Avec ses mots elle nous raconte l’insatisfaction constante de Mathilde et l’éternel optimisme de son mari. On prend plaisir à suivre les caprices de l’une et les sacrifices de l’autre. Le drame qui les frappe vient remettre un peu de bon sens dans la cervelle de la dame Loisel qui ne comprend que bien trop tard que les apparences sont bien souvent trompeuses.

Delphine Jacquot fait le choix intelligent de donner une apparence animal aux différents personnages ; ce bestiaire éclectique donne au récit des allures de conte et invite à réfléchir à l’être et au paraître. Un message terriblement d’actualité à l’heure où l’utilisation des réseaux sociaux questionnent notre rapport aux autres et notamment l’importance à accorder au regard d’autrui.

Je remercie Isabelle qui la première m’a donné envie de lire ce titre et vous invite à lire sa critique.

Mathilde est jeune, belle, et elle rêve d’une vie bien plus grande que la sienne. L’invitation à un bal est l’occasion toute trouvée pour enfin s’échapper de son quotidien étriqué…