album

L’expédition (2022)

Auteur : Stéphane Servant

Illustratrice : Audrey Spiry

Editeur : Thierry Magnier

Pages : 34

Attirée par la mer depuis sa plus tendre enfance, une jeune fille se donne les moyens de partir à l’aventure. Encouragée, portée par l’amour de ses parents, elle se lance dans la fabrication d’une embarcation et prend bientôt le large vers la plus belle des aventures : la vie !

Fans de Stéphane Servant, nous ne pouvions faire l’impasse sur cet album, véritable hymne à la vie. Prenant la forme d’un carnet de voyage, L’expédition nous emporte littéralement à l’aventure dans le sillage de l’embarcation précaire de cette jeune fille qui bientôt devient adulte puis vieille femme, passant le relais à son enfant alors qu’elle atteint le bout du chemin.

Si le texte est déjà magnifique en soi, le message qu’il véhicule touche directement nos émotions en nous rappelant que le plus important n’est pas la destination mais le voyage. De la petite fille dynamique et pleine d’espérances à la vieille femme aux cheveux blanchis par le temps, l’héroïne choisit la vie qu’elle veut vivre, encouragée par des parents qui ont compris que le plus important est de laisser place et liberté à l’enfant de se réaliser.

Pas en reste, le travail d’illustrations d’Audrey Spiry est tout simplement somptueux avec sa palette de couleurs vives, ses paysages chatoyants et ses orages aux formes multiples et incertaines qui rappellent la mer déchainée de Ponyo sur la falaise : on y voit le déchainement des eaux et leur violence matérialisée par des créatures et monstres marins. Chaque illustration foisonne de détails qu’on prend plaisir à observer, nous imprégnant au passage de l’imaginaire de l’artiste qui nous en met plein les yeux !

C’est un énorme coup de cœur !

J’ai écumé les mers. J’ai tatoué mon corps, mes joues, mes bras d’amours et de cicatrices, de blessures et de joies.
Un matin, sur le pont, j’ai serré mon enfant contre mon coeur de pirate.

conte·poésie

Aux filles du conte (2022)

Auteur : Thomas Scotto

Illustratrice : Frédérique Bertrand

Editeur : Pourquoi pas

Pages : 24

Les contes regorgent de jeunes filles idéalisées par des auteurs masculins qui en faisaient des êtres fragiles à sauver, à protéger et à marier. Victimes d’un autre temps, elles sont à l’imagine d’une époque révolue qui ne laissait que peu de place aux femmes en dehors de la maison et de la vie maritale, comme si leur existence n’avait de valeur qu’au travers des hommes. Thomas Scotto se fait la voix de ces princesses de conte qui tendent à regagner leur liberté en défendant leurs intérêts et leur libre-arbitre.

Thomas Scotto donne la parole à une jeune fille, une fille de conte, afin qu’elle puisse défendre sa cause et montrer qu’elle vaut bien plus que la vie que les auteurs de conte lui ont donné. L’écriture en vers libres joue sur les références pour appuyer la manière dont les princesse sont traitées, guère plus précieuses qu’un joli meuble. Ainsi, Aux filles du conte prend la forme d’un manifeste féministe, dénonçant la condition des femmes au travers d’une écriture poétique et d’illustrations presque abstraites qui laissent place à l’imagination.

Si le texte est déjà une réussite, j’ai également été séduite par la forme de l’ouvrage, proche du pamphlet que l’on distribuerait dans les rues, un regroupement de feuilles en papier épais simplement reliées par un fil rouge cousu et laissé libre, sans attaches. Les illustrations de Frédérique Bertrand viennent répondre au texte avec lequel elles s’harmonisent. Le tout forme un ouvrage unique à découvrir de toute urgence.

C’est vrai, je suis une fille d’histoires.
Pas encore écrasée, avalée ni perdue.

Loin de supplices de papier,
je n’ai plus peur de vos forêts.

Ici, j’ai retrouvé ma voix…

Le coin de Gaby·Le coin de Ju

Culture adolescente #20

Un petit bilan pour la quinzaine qui vient de s’écouler, une quinzaine somme toute assez calme au vu des agendas qui ne désemplissent pas. La fin d’année approche et avec elle les examens et autres spectacles occupent bien en répétitions, laissant moins de temps et d’énergie pour les loisirs. Nous allons savourer les vacances qui viennent de commencer même si elles sont déjà richement programmées.

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Que lisent-elles à 13 ans 3/4 ?

Juliette avance toujours aussi vite sur Les Royaumes de feu et au moment où j’écris ces lignes, elle vient même d’attaquer le quinzième volume. Alors que Gabrielle prend d’avantage son temps dans ses lectures et vient à peine de débuter la troisième série de la saga Grisha, King of Scars.

Niveau BD, elles continuent de lire Princesse Sara avec plus ou moins d’enthousiasme. Juliette poursuit également la série Les géants et elle a découvert La chevaleresse d’Elsa Bordier et Titouan Beaulin. Elle n’a pas été emballé par cette dernière d’ailleurs…

Du côté des mangas, chacune avance sur une série différente : Yuzu la petite vétérinaire pour Juliette, l’Atelier des Sorciers pour Gabrielle, qui rattrape son retard.

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Que regardent-elles à 13 ans 3/4 ?

Côté film, nous avons fait une sortie cinéma en famille (j’avais mis de côté mes points fidélités depuis des mois pour acheter les billets) pour le dernier film d’animation des studios Illumination : Super Mario Bros. Un film familial bien sympa qui a plu à toute la famille et nous a bien amusé. Le rituel « dimanche animation » a repris le week-end dernier avec De l’autre côté du ciel qui était sympa mais sans plus. Autrement, les filles souhaitant découvrir de nouveaux superhéros, nous leur avons montrer le premier film de X-Men. Enfin, Gabrielle a regardé avec nous Les femmes du square, un soir où sa sœur était à son cours d’escrime. Comédie française qui fait le job bien que toujours très convenu et donc sans surprise.

manga

Le secrets des écailles bleues (2013/2022)

Aoi uroko to suna no machi (2013), Le secret des écailles bleues, 2 volumes, de Yoko Komori, Delcourt/Tonkam, collection Moonlight, 2022.

Tokiko et son père quittent la grande ville de Tokyo pour venir s’installer chez la grand-mère maternelle de la jeune fille dans un village en bord de mer. Rapidement, on s’aperçoit que Tokiko a un lien particulier avec la mer, un lien noué quelques années plus tôt alors qu’elle a failli se noyer. Elle ne garde que de vagues souvenirs de son sauvetage qui lui revient régulièrement en rêve : une queue de poisson, des écailles bleues… Est-ce que les sirènes existent ? Tout en cherchant des réponses, la fillette commence une nouvelle vie et fait peu à peu sa place dans sa nouvelle école auprès de nouveaux amis dont ce garçon secret au visage familier…

Série en deux tomes, Le secret des écailles bleues m’a attirée par la douceur qui se dégage des couvertures. Je n’avais pas spécialement prévu de la lire, c’était avant tout pour mes filles, mais elles me l’ont tellement recommandé que je me suis laissée tenter et grand bien m’en a pris car j’ai tout simplement adoré. L’histoire est bien plus profonde qu’un questionnement sur l’existence des sirènes et nous entraîne au cœur d’un secret que se partagent tous les adultes du village, un secret qui revient sur les origines du village tel qu’il existe aujourd’hui et sur la disparition plus récente d’un jeune homme.

L’arrivée de Tokiko n’est pas anodine et vient justement interroger ce secret dont l’histoire semble étroitement liée à la sienne. En parallèle, l’auteure amène une réflexion sur le sentiment d’abandon et de perte d’un être cher en soulevant un questionnement sur l’importance de connaître les détails pour faire son deuil et pouvoir avancer vers l’avenir en acceptant le passé.

Portée par des illustrations emplies de douceur, la série nous entraîne dans un récit qui oscille entre réalité et imaginaire, le tout créant une ambiance poétique mystérieuse et chaleureuse. On y découvre aussi la vie des pêcheurs japonais, leurs croyances et la façon plus simple de vivre quand on n’est pas pris dans le rythme de la ville.

Tachan a lu cette série également, voici son avis.

À l’approche de la rentrée scolaire, Tokiko et son père emménagent dans une petite ville côtière. En écoutant le bruit des vagues, la jeune fille sent remonter en elle le souvenir confus du jour où une sirène l’a sauvée de la noyade…

album

Le nuage de Louise (2022)

Lizzy and the cloud

Auteurs/Illustrateurs : The Fan Brothers

Traductrice : Véronique Mercier-Gallay

Editeur : Le nuage de Louise

Pages : 56

Alors que tous les enfants se précipitent vers le magnifique carrousel du parc, Louise se dirige tranquillement vers le marchand de nuages. Ils ne sont certes plus à la mode mais quel plaisir d’avoir un nuage à soi, d’en prendre soin, de l’aider à grandir en lui donnant beaucoup d’amour. Un amour qu’il lui rend d’ailleurs très bien en arrosant les plantes et autres orchidées de l’appartement. Mais voilà, à force de tant de bons soins, le petit nuage devient gros et bientôt il se sent à l’étroit dans la chambre de Louise…

Les frères Fan ne déçoivent jamais en nous offrant des albums de grandes qualités tant sur le fond que sur la forme. Déjà dans le Projet Barnabus, ils amenaient une réflexion sur le bien être animal, ici ils s’attardent d’avantage sur la place de l’animal domestique, l’attention et les soins que cela requiert sans oublier d’inviter à réfléchir à la liberté. Car si Louise aime son nuage plus que tout, elle n’oublie pas la règle essentielle qui veut que le bien être passe avant tout par la place que l’on laisse à l’autre.

Visuellement, l’album est un véritable poème de douceur et de tendresse. Les formes rondes et cotonneuses apportent une grande douceur à l’ensemble, donnant à la ville et son environnement un aspect onirique dont les limites semblent infinies. Le nuage de Louise est un album à découvrir pour son esthétique et le message d’amour et de liberté qu’il transmet en toute simplicité.

Elles ont aimé également : L’île aux trésors, LivresdAvril et Tachan.

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Et si après la lecture vous faisiez un petit atelier avec vos enfants ? Les éditions Little Urban proposent de créer une roue de la météo (un petit clic sur l’image pour accéder à leur site).

©littleurban

Louise appela son nuage Milo.
Chaque jour, elle prenait soin de lui.
Et Milo grossissait, grossissait…

roman ado

John (2023)

Auteur : Emmanuel Bourdier

Editeur : Flammarion jeunesse

Pages : 200

John, onze ans, vit à Liverpool chez sa tante Mimi et son oncle George. Ca ne déborde pas d’amour et de tendresse dans cette maison, mais au moins on veille sur lui et il a un toit sur la tête. Le truc avec Mimi est qu’elle n’est pas très démonstratrice et puis surtout elle a des rêves plein la tête pour John, qu’elle aimerait bien voir devenir médecin par exemple. Mais John, lui, veut être artiste : il dessine et écrit des poèmes, encouragé par Julia, sa mère qui vit à quelques pas de là avec son mec gominé à la margarine. Un mec abusif et violent qui ne veut pas du garçon dans ses jambes. Pas facile de grandir entre une mère fantasque et instable et une tante rigide et autoritaire. Pourtant quand la musique entre dans sa vie, tout bascule !

S’inspirant de ce que l’on connait de cette époque de sa vie, Emmanuel Bourdier nous livre un récit semi-biographique, véritable hommage à John Lennon. John revient sur l’enfance de celui qui deviendra l’un des artistes les plus connus au monde tout en interrogeant le rôle que ces deux femmes, sa mère et sa tante, ont eu sur sa vie, ses choix et sa musique. Au fil des pages on ressent le besoin d’amour de ce gamin qui cherche sa place et défend, bec et ongles, son besoin de liberté et de reconnaissance. Le texte est ponctué de références à des titres qui verront le jour bien plus tard et l’auteur nous offre une petite playlist à écouter pour accompagner ou poursuivre la lecture.

John est l’hommage d’un fan des Beatles à l’un de ces membres, le récit ne manque pas d’intérêt et offre une belle entrée en matière pour faire découvrir ce groupe mythique autrement que par sa musique.

La lecture de ce titre m’a donné envie de revoir le biopic réalisé par Sam Taylor-Johnson en 2009 qui revient sur les débuts des Beatles, avant que le groupe ne prenne ce nom. Un réalisation honnête, des interprètes doués, et de la bonne musique font de ce film un biopic réussi.

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LIVERPOOL, 1950.
John, presque 11 ans, essaie de devenir lui-même. Il navigue entre le feu d’une mère absente et la glace d’une tante trop présente, les couleurs de ses rêves d’artiste et le gris du monde réel. Ses armes pour avancer ? Le dessin, la poésie, l’humour et deux poings serrés. Bientôt, tout va basculer sous le poids d’une nouvelle venue : la musique. Il en est là. Il est John. Pas encore Lennon.

Le coin de Gaby·Le coin de Ju

Culture adolescente #19

Une semaine bien remplie, un week-end de compétitions, un concert en préparation, une inscription dans un nouvel établissement et des microbes… Voici le bilan de la semaine.

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Que lisent-elles à 13 ans 3/4 ?

Pendant que Gabrielle savoure la suite de Six of Crow, Juliette a fini les volumes en sa possession de La Guerre des clans. Elle reprend donc Les royaumes de feu là où elle s’était arrêtée, au tome 11.

Elles ont pris plaisir à découvrir le dernier album des Fan brothers.

Du côté des BD, Juliette continue de découvrir Ninn et toutes deux adorent Le loup en slip. Gabrielle a aussi découvert Mademoiselle Sophie qui lui a bien plu.

Gabrielle a dévoré la série Orange dont il ne lui reste qu’un volume à lire. Et toute deux aiment toujours autant les séries de chats, ici avec Taï & Mamie Sue.

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Que regardent-elles à 13 ans 3/4 ?

Pas de film cette semaine et pas de dimanche animation en raison d’un week-end de compétition très chargé. Mais Gabrielle a choisi de voir les derniers épisodes de Shadow and Bone de son côté. Et nous avons à peine eu le temps de voir un épisode de The Last of Us.