Le coin de Gaby·Le coin de Ju

Culture adolescente #18

C’est l’heure du bilan hebdo des filles. Un début de semaine sous le signe des séries TV pour Gabrielle qui est restée à la maison en raison d’une fièvre liée à une infection ORL de changement de saison. Pas mal de lectures également pour toutes les deux…

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Que lisent-elles à 13 ans 3/4 ?

Alors que Juliette continue de dévorer le sixième cycle de La Guerre des Clans, Gabrielle se replonge dans Six of Crow, effet secondaire lié à l’arrivée de la deuxième saison de la série Shadow and Bone sur Netflix.

A côté de ça, notre médiathèque a reçu quelques nouveautés manga et il s’est trouvé que j’étais de passage quasiment au moment où ils arrivaient en rayon. Ainsi Juliette a pu inaugurer le tome 6 de Ranking of King et le 7e de Frieren pendant que Gabrielle lisait le 2e volume d’A l’image de Mona Lisa que sa soeur a lu ensuite. Juliette avance également Spy x Family, et toute deux poursuivent Quand Takagi me taquine.

Du côté des BDs, nous avons récupéré les deux derniers volumes de la série Sous les Arbres qu’elles aiment beaucoup toutes les deux. Gabrielle a également lu et beaucoup aimé Vague de Froid. Reçu en Masse Critique, Les Ambassadeurs les a complètement séduites, au point que Juliette le lise deux fois de suite et que toutes deux espèrent une suite. Voilà de quoi me motiver à le découvrir rapidement.

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Que regardent-elles à 13 ans 3/4 ?

Le rituel dimanche animation fut l’occasion de revoir Wall-E, un succès qui n’est plus à faire mais un plaisir qui se renouvelle à chaque fois.

Du côté des séries TV, des nouveautés sont à noter mais uniquement pour Gabrielle. En effet, nous avons repris, l’homme et moi, The Last of Us, maintenant que la saison est complète et elle nous accompagne dans ce nouveau visionnage. Déjà trois épisodes de vus et quelques larmes ont coulé.
Comme souligné plus haut, nous avons commencé la deuxième saison de Shadow and Bone arrivée récemment sur Netflix avec déjà une moitié de faite. Je suis pour ma part moins emballée que par la première saison, c’est trop fouillis pour le moment, j’attends encore de voir comme ça évolue. Mais Gabrielle adore, surtout les passages avec le trio de Six of Crow ou avec Nikolaï, son personnage favori.
Juliette et elle poursuivent Spy x Family avec leur frère. Ce dernier regrette de ne pouvoir avancer plus vite mais avec les activités du soir c’est compliqué…

roman ado·Service Presse

Des Zombies dans la prairie (2023)

Auteur : Chrysostome Gourio

Editeur : Casterman

Pages : 384

Pour son dix-septième anniversaire, Maximus a une super idée de cadeau, mais sa mère ne voit apparemment pas les choses comme lui. Ainsi, au lieu du super festival de metal HELLFESTNOZ en Bretagne, il se retrouve dans un village alpin pour le BROCK’N’POCHE, festival de punks à chiens. Bon d’accord, c’est pas si nul la Haute-Savoie. Il y a plein de souvenirs d’enfance, Maminette et sa soupe du chalet, Jean-Sassois le grand-oncle philosophe, Julie la jolie gendarmette, les chamois, les marmottes… Bizarres ces marmottes ! C’est curieux qu’elles descendent si près du village, et puis elles ont un drôle d’air avec leurs bras ballants, leurs yeux rouges et leur pelage décrépi. Elles ont même l’air carrément pourri, et voilà que l’une d’elle le menace de la griffe. Il se passe décidément de rôles de choses par ici…

Comédie horrifique, Des Zombies dans la prairie séduira les lecteurs avides d’histoires terrifiantes (mais pas trop) et terriblement drôles. Car si les marmottes zombies descendent la montagne en quête de proies humaines, elles ont tôt fait de se confronter à plus fort qu’elles. La situation aurait pu prendre une tournure de fin d’humanité si Maximus et Julie, aidés par la grand-mère rebouteuse de cette dernière, n’avaient pas compris que quelque chose de plus grand se tramait dans les profondeurs de la montagne.

L’écriture de Chrysostome Gourio est riche d’inspirations musicales et cinématographiques et ses dialogues délirants viennent rythmer un récit complètement déjanté, voir carrément barré, qui s’achève sur un final explosif hallucinant. Entre Shaun of the Dead et Zombieland, en passant par Stranger Things et Le Seigneur des Anneaux, la confrontation des jeunes héros contre les créatures enragées se joue à coups de pelles sur fond de musique punk et laisse le lecteur devant une scène épique à mourir de rire.

Un roman à saluer pour son originalité et à conseiller aux lecteurs dès douze ans pour s’initier au genre horrifique en douceur. Brillant !

Je remercie les éditions Casterman et Chrysostome Gourio pour l’envoi de ce titre et leur confiance accordée aux lectrices du collectif A l’ombre du grand arbre.

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Maximus est dé-goû-té : pour ses dix-sept ans, il rêvait d’aller au plus grand festival de metal d’Europe, le HELLFESTNOZ. Or le voilà à bord du camping-car familial, entouré de sa mère et de ses petits-frères, direction la Haute-Savoie pour un festival… de punks à chiens.
Déjà au bout de sa vie, privé de metal et de réseau, Maximus est loin d’imaginer qu’une horde de marmottes assoiffées de sang s’apprêt à déferler sur les festivaliers insouciants ! Il est le premier à remarquer la tronche moisie et le regard maléfique de ces maudits rongeurs, qui ont le culot de le menacer d’un geste éloquent de la griffe. Et il se pourrait bien qu’il soit le dernier rempart face au carnage qui se prépare…

album·Docu

Un million d’huîtres au sommet de la montagne (2019/2022)

Un millón de ostras en lo alto de la montaña

Auteur : Alex Nogués

Illustratrice : Miren Asiain Lora

Traducteur : Sébastien Cordin

Editeur : Editions des éléphants

Pages : 48

Pourquoi trouve-t-on des huitres en haut des montagnes ? Question intéressante à laquelle Alex Nogués s’emploie à répondre au lecteur, s’adressant à lui par le tutoiement et l’entraînant dans ses pas, à l’observation des sols.

Album de vulgarisation scientifique, Un million d’huitres au sommet de la montagne prend la forme d’une aventure géologique qui, sur la pente d’une montagne ou au fond de l’eau, amène des informations sur la tectonique des plaques, la datation des roches ou encore la sédimentation, le tout en toute intelligence et simplicité pour être rendues compréhensibles par tous.

Le travail d’illustration de Miren Asiain Lora est particulièrement magnifique, que ce soit des illustrations pleine page ou des encadrés, à la manière des pages d’encyclopédie, la précision du trait et le soin des détails attirent le regard et invite à l’observation.

J’ai particulièrement apprécié l’approche de l’album qui part de l’observation d’un paysage dans lequel l’auteur nous invite à bien regarder ce qui se dessine sous nos yeux, à la manière d’un cherche et trouve, pour peu à peu nous amener sur ce qui l’intéresse réellement, l’étude géologique des sols et notamment la découverte d’une huître fossilisée ramassée au sommet d’une montagne. L’ensemble est vraiment de toute beauté, presque poétique.

De la cime des montagnes aux profondeurs de la mer, un passionnant voyage pour percer le mystère des fossiles et toucher du doigt la magie de la géologie.

Première lecture·Service Presse

Mon papa et moi (2023)

Auteure : Héloïse

Illustratrice : Stéphanie Marchal

Editeur : Voce Verso

Collection : Ginko (2 feuilles)

Pages : 32

La fillette nous raconte son nouveau quotidien depuis que son papa a une nouvelle amoureuse. Pas facile d’accepter cette nouvelle personne dans sa vie alors que ça se passait si bien juste tous les deux avec papa. Pourtant, petit à petit, la fillette et la jeune femme trouvent des terrains d’entente et se rapprochent.

Mon papa et moi est le petit dernier de la collection Ginko. Avec son sujet très actuel, le récit dégage beaucoup de tendresse et touchera les enfants dont les parents reconstruisent leur vie avec une nouvelle personne. Le texte joue sur la sensibilité pour amener le lecteur à penser la construction de cette relation familiale comme un travail d’équipe qui demande un minimum de patience et beaucoup d’amour. Il ne fait aucun doute que les enfants qui connaissent cette situation, mais également leurs parents et partenaires, s’y reconnaîtront dans ces petits rien du quotidien qui font tellement dans une relation.

Les illustrations aux couleurs pastels de Stéphanie Marchal sont autant de douceurs que les moments partagés à deux ou à trois et les émotions qui naissent au cœur de cette famille recomposée dans laquelle une enfant et une amoureuse tentent de s’apprivoiser.

Je remercie les éditions Voce Verso pour l’envoi de ce roman première lecture et leur confiance renouvelée.

Papa a une nouvelle amoureuse. Quand elle est là, Papa n’est plus pareil : on dirait que tout ce qui compte, c’est de lui faire plaisir. Eh bien moi, je n’aime pas lui faire plaisir. On est très bien tous les deux, Papa et moi. Elle n’a pas un autre enfant à qui nouer les lacets ?

album

L’ours Kintsugi (2019)

Auteure : Victoire de Changy

Illustratrice : Marine Schneider

Editeur : Cambourakis

Pages : 40

L’ours Kintsugi, fier et orgueilleux, n’aime rien moins que sa montagne et se promener au bord du précipice pour admirer le paysage et sentir le vent souffler entre ses doigts de pieds. Mais alors que le vent souffle très fort, il est emporté vers le bas, dans une chute interminable dont il ne ressort pas indemne. Honteux, il reste caché au cœur de la forêt, pansant ses blessures dans l’eau de la rivière. Bientôt la petite Kaori arrive pour l’aider et recoudre ses plaies de fil d’or. Une belle rencontre qui porte deux êtres à dépasser leurs aprioris, la fillette faisant preuve de courage et de bienveillance, l’ours de patience et d’acceptation de soi.

Le kintsugi est l’art de restaurer des objets brisés, généralement en céramique. L’idée est de valoriser les fêlures en les sublimant avec de l’or, une façon de prendre l’objet dans son ensemble, du moment de sa fabrication à la vie qui fut la sienne. Véritable ode à l’imperfection et à la fragilité, le kintsugi est l’art même de la résilience. Victoire de Changy a su parfaitement représenter la philosophie qui se dégage de cette forme d’art japonaise dans un album poétique et sensible, sublimé par les illustrations de Marine Schneider.

C’est l’histoire d’un ours qui s’appelle Kintsugi et qui tombe un matin de tout en haut d’une très haute montagne.

roman ado·roman young adult

Les Facétieuses (2022)

Auteure : Clémentine Beauvais

Editeur : Sarbacane

Collection : Exprim’

Pages : 320

Clémentine Beauvais vivote depuis son retour en France un an plus tôt. Déprimée, peut-être aussi un peu perdue, elle est en panne d’inspiration et ce n’est certes pas la demande de Tibo, son éditeur, qui la motive. C’est qu’il attend un roman fantastique et que Clémentine préfère les récits réalistes. Alors qu’elle s’interroge sur son avenir en tant qu’écrivaine, une proposition d’emploi la place face à un événement historique incongru autour duquel un mystère vient titiller sa curiosité et relancer sa fibre chercheuse : Louis XVII, fils du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette, est mort dans de terribles conditions dans un cachot froid, sombre et humide. Mais où donc était sa Marraine la Bonne Fée ? Pourquoi l’a-t-elle abandonné à une mort certaine ? Et surtout qui était-elle ? Clémentine entend bien répondre à ses questions et tirer un essai ou un roman de son enquête.

Si le sujet avait déjà de quoi surprendre, la présence de Clémentine Beauvais en tant qu’héroïne du récit vient complètement flouter les contours et rompre la frontière entre réalité et fiction. Je dois dire que les trois premiers chapitres m’ont plongée dans une intense perplexité, me faisant douter de ma culture générale et remettant en question la qualité des cours d’Histoire reçus tout au long de ma scolarité. Honteuse de mes propres limites j’ai fini par aller googler l’existence d’une école de marraines ou de Bayardine de Seyrigeac. Quel talent !

Essai, uchronie, enquête, récit de vie, roman fantastique, Les Facétieuses est un peu tout ça à la fois, pas vraiment classable… Si le texte m’a semblé parfois un peu long, j’ai ressenti ce besoin d’aller au bout pour avoir le fin mot de l’histoire. Clémentine Beauvais fait partie de ces auteur.e.s qui arrive à captiver par leur écriture immersive et nous donner envie d’obtenir les réponses promises. Par ailleurs, sa plume déborde d’humour et parvient à captiver par un sujet original, preuves à l’appuie de citations d’ouvrages aux titres, auteurs et éditeurs réels, interrogeant le lecteur sur les limites entre le réel et l’imaginaire. C’est brillant !

Je vous invite à lire les avis d’Isabelle et de Lucie.

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L’héroïne, Clémentine Beauvais, autrice jeunesse déprimée par une série d’échecs littéraires et amoureux, trébuche sur une curieuse énigme historique :
Qui était la Marraine la Bonne Fée du petit prince Louis XVII, fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ?

Comment cette fée – dotée, comme toutes ses consœurs de l’époque, de pouvoirs magiques puissants _ a-t-elle pu abandonner le petit prince à une mort atroce ? Plus étrange encore, pourquoi a-t-elle disparu des archives de l’Histoire après la Révolution ?
Et si derrière ces mystères se trouvait la clef d’un autre, encore plus grand :
Que s’est-il passé le jour où la magie s’est évaporée ?

Le coin de Gaby·Le coin de Ju

Culture adolescente #17

Une semaine plus light niveau programme malgré un week-end bien chargé pour Gabrielle mais de belles lectures pour toutes les deux avec un passage en médiathèque bien sympa. Une semaine bien remplie, je vous laisse voir…

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Que lisent-elles à 13 ans 1/2 ?

Après une relecture des cinq premiers cycle de La Guerre des Clans, Juliette attaque enfin le sixième cycle. On reste dans la lecture doudou par excellence et elle ne décroche pas malgré la répétition des scénarios qui peinent à se renouveler. De son côté, Gabrielle s’est laissée tenter par une lecture de la collection Tip Tongue aux éditions Syros pour voir si un petit roman bilingue lui plairait et si le concept le plait bien elle n’a pas accroché plus que ça à l’histoire. En revanche elle a adoré le petit roman de Christophe Léon, Missié (j’aurais sans doute l’occasion d’en parler prochainement).

Deux petites lectures du côté des albums. Juliette adore la série Cornebidouille et avait hâte de découvrir celui sur son enfance mais autant pour elle que pour Gabrielle se fut une petite déception. Et Gabrielle a apprécié Heureux hasards qui montre que même en étant maladroit on peut inventer des choses. De quoi la réconcilier avec sa maladresse !

Du côté des bandes dessinées, il y a eu des suites, la découverte d’une nouvelle série et en plus pour Gabrielle, un roman graphique qu’elle a trouvé poétique !

Et pour les mangas, Juliette avance la série Spy x Family pendant que Gabrielle a pris plaisir à découvrir une petite série en deux tomes.

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Que regardent-elles à 13 ans 1/2 ?

Pas de « dimanche animation » en raison d’un retour de voyage en Allemagne tardif mais un petit film d’animation du mercredi vu avec leur frère pour faire suite à une série qu’elles avaient aimé Sword Art Online. Toujours avec leur frère, elles ont vu trois épisodes de la série Spy x Family. Je les entends beaucoup rire ce qui est un bon indicateur de succès.
Gabrielle a enfin fini Wednesday. Il lui restait deux épisodes à voir mais elle craignait un final trop violent ou décevant. Nous l’avons bien rassuré et puis, je lui ai dit que si elle voulait voir la deuxième saison de Shadow & Bones avec moi, ce serait bien qu’elle finisse celle-ci d’abord. On sait ce qu’on regarde la semaine prochaine 😉 entre deux épisodes de The last of us que je compte revoir (avec elle) maintenant que tous les épisodes sont disponibles.
De son côté, Juliette avance les épisodes de Ranking of Kings.

album

La Biblio d’Orazio (2022)

Auteur : Davide Cali

Illustrateur : Sébastien Pelon

Editeur : ABC Melody

Pages : 40

Ancien professeur des écoles, Orazio partage désormais son amour des livres avec les habitants des collines en jouant au bibliothécaire ambulant. Installée dans une Piaggio Ape, véhicule à trois roues italien, sa bibliothèque déborde de livres en tout genre, récupérés ça et là auprès de ceux qui n’en veulent plus. La venue d’Orazio est très attendu et chacun se précipite dès que le bourdonnement du moteur se fait entendre sur les routes montagneuses. Aussi lorsque Orazio perd son véhicule dans un accident, c’est tout un monde qui s’écroule…

Vous connaissez mon intérêt pour les albums de Davide Cali et une fois de plus, c’est un sans faute. Avec La biblio d’Orazio c’est un monde empli de partage et de générosité qui s’offre au lecteur, un monde dans lequel les livres ont une place d’honneur et deviennent vecteur de liens et de solidarité. Mobile, la bibliothèque permet à tous d’accéder à la lecture et remplit le rôle essentiel de lieu de vie culturel et social dans ces villages coupés les uns des autres par les collines.

Les illustrations très colorées de Sébastien Pelon débordent de lumière et de chaleur. Au fil des pages, le lecteur voyage littéralement, sentant la douce chaleur du soleil lui caresser les doigts lorsqu’ils se posent sur le papier. Les paysages sont tout simplement magnifiques et l’on sentirait presque la douce brise sur notre visage lorsqu’Orazio parcourt les collines à bord de sa biblio, fenêtres ouvertes. La Sicile se dévoile au travers de ses paysages et de ses habitants qui forment une communauté solidaire. Tout simplement magnifique !

Dans les collines de Sicile, c’est l’heure de la sieste. Tout est calme mais parfois, on distingue un bourdonnement étrange: BzzzZZZ…Une abeille ?
Mais non, c’est la bibliothèque d’Orazio ! Cet ancien instituteur sillonne les villages des collines dans sa bibliothèque à trois roues. Sa mission : offrir des lectures aux populations isolées.
Il y a le vieux colonel qui veut apprendre à cultiver des tomates, la fleuriste qui lit des histoires à sa maman malade, les petits écoliers passionnés d’aventures de cyclopes et de monstres marins…

album·poésie

juste le ciel et nous (2022)

Auteure : Annie Agopian

Traducteur vers l’arabe : Golan Haji

Illustratrice : Carole Chaix

Editeur : Le port a jauni

Pages : 24

Plus qu’un recueil, Juste le ciel et nous est un long poème qui défile d’un bout à l’autre amenant une réflexion philosophique, un questionnement sur l’existence, sur le rapport de l’humain à l’univers, à la nature.

En nous donnant le rôle d’observateur du ciel, simplement rattachés au sol par nos pieds, Annie Agopian nous invite à repenser la brièveté d’une vie humaine comparée à celle de la nature qui se répète dans le cycle infini des saisons. Mais son texte invite aussi à repenser le monde sans limites, sans frontières, aussi infini que le ciel.

Les bilingues pourront relire le livre dans l’autre sens, dans la langue arabe (texte traduit) ; les deux textes se font miroir et se partagent un même espace, une même illustration de Carole Chaix qui a su si parfaitement restituer les mots de l’auteure et les sublimer.

Le ciel comme une cartographie du monde dans laquelle se tracent les routes des nomades et des exilés.
Le ciel comme dernier repère pour les sans-frontières. Le ciel infini.
Le ciel et notre regard perdu dans lui. Notre regard et son questionnement sur notre existence. Regarder le ciel et penser à la terre, où finissent nos vies.
Juste le ciel et nous est tout à la fois une cartographie, un pamphlet politique, une réflexion philosophique. C’est un long poème que l’on peut lire d’un bout à l’autre, et inversement.
Carole Chaix s’est emparée de ces mots clefs : cartographie, nomadisme, peine, violence des hommes, chemin de vie, de haut en bas, du ciel à la terre, et l’homme au dedans. Juste le ciel et nous s’est transformé en dessins au trait qui, mis bout à bout, forment une carte ou un organigramme, et qui, pris individuellement, forment les pages d’un cahier secret.

roman graphique

Le Bal des Folles – Bd (2021)

Auteure : Victoria Mas

Adaptation de : Véro Cazot

Illustratrice : Arianna Melone

Editeur : Albin Michel

Pages : 136

Eugénie Cléry se fait interner sur ordres de son père à l’hôpital de la Salpêtrière, dénoncée par une grand-mère qui a révélé que la jeune fille communiquait avec les esprits. Dirigé par le Docteur Charcot, l’hôpital tient plutôt lieu d’asile dans lequel on envoie les femmes jugées encombrantes ou dérangeantes. Parfaitement saines d’esprit à leur arrivée, il est assez rare qu’elles en ressortent en bonne santé… Quand elles en ressortent.

Je n’ai pas lu le roman de Victoria Mas, mais j’en ai vu l’adaptation cinématographique de Mélanie Laurent. L’histoire est particulièrement intéressante et suffisamment révoltante pour toucher un public un tant soit peu intéressé aux droits des femmes. Elle met en lumière la condition précaire des femmes soumises aux règles imposées par les hommes dans une société exclusivement pensée par et pour eux. L’auteure y dénonce le machisme et le patriarcat qui ont tôt fait de condamner une femme devenue encombrante.

Sous couvert de la folie, ces dernières se confrontent aux autorités (in)compétentes dont elles deviennent esclaves, sujets d’études et d’expérimentation quand elles ne servent pas leur plus bas instincts. On découvre ainsi que ce Bal des Folles permet à la classe la plus aisée de s’acoquinait avec ces aliénées, s’amusant un peu plus à leurs dépens. Tout simplement scandaleux !

Je ne pourrais comparer réellement l’adaptation qui m’a cependant semblée assez fidèle à ce que j’en ai vu, quoi que peut-être traitée assez rapidement sur certains aspects. Probablement un parti pris que de dénoncer plus que de s’attarder sur des situations scandaleuses, mais le message est suffisamment fort pour dénoncer et révéler des faits qui ont de quoi glacer le sang. Je n’ai pas été séduites par les visages des personnages mais j’ai aimé l’ensemble des illustrations à l’aquarelle qui retransmettent avec pudeur les mots de l’auteure.

Cette adaptation du Bal des Folles me semble être une belle entrée en matière avant de se lancer dans la lecture du roman.

« Vous savez que je ne suis pas folle ! Je ne souffre de rien. Vous redoutez juste ce que vous ne comprenez pas ! »
Véro Cazot et Arianna Melone s’emparent du best-seller de Victoria Mas et nous dévoilent, dans les pas d’Eugénie, une société de femmes prisonnières des hommes… Un monde où la folie, les ombres et l’humanité n’apparaissent pas toujours là où on les attendait.