Il y a un peu plus de six ans, je découvrais Flore Vesco lors d’une lecture partagée, avec mon fils, de son premier romanDe cape et de mots. Emportée par les mots et l’ambiance général du récit, je crois qu’aucun des romans de l’auteure ne m’a autant transportée depuis. C’est donc avec plaisir que j’ai redécouvert l’histoire de Serine dans cette adaptation en roman graphique.
Parfaitement réussie, l’adaptation a su conserver et préserver les scènes clés et les dialogues en les restituant avec toute la malice et la saveur des jeux de mots, charades, mots d’esprit et autres calembours dont l’auteure nous régale à chaque nouveau récit. Le duo Kerascoët a su donner vie à un univers et ses personnages avec toute la simplicité et l’humour que l’on pouvait attendre.
Surfant sur la vague des adaptations de romans jeunesses, il ne fait aucune doute que De cape et de mots séduira un public plus large de jeunes lecteurs moins attirés par les romans que la bande dessinée. Et si cela permet de faire découvrir Flore Vesco aux plus réfractaires, alors ce ne peut être que positif.
Au palais, les demoiselles de compagnie se succèdent. Aucune d’elles n’est capable de satisfaire les caprices d’une reine tyrannique. Serine décide de tenter sa chance. Avec son goût des bons mots et ses facéties, la jeune fille va souffler une vent de folie sur le cour. Sans se douter qu’elle est en train de risquer sa vie.
Un bébé abandonné est trouvé au bord d’un marais par un couple qui ne peut avoir d’enfants. Avec le seul désir de donner cet amour dont ils débordent, ils décident de l’adopter. Les années passent, Boris grandit comme tous les enfants, il apprend à faire du vélo, il va à l’école. Mais avec ses branchies et ses yeux globuleux, Boris est différent, et il sent de plus en plus fort l’odeur du marais l’appeler…
Comme à son habitude, Davide Cali signe un titre touchant et poétique. Dans ce petit récit, il interroge les origines et la quête d’identité. A partir d’une adoption, il parvient à aborder les thèmes de la différence et du besoin de savoir d’où l’on vient pour se construire, tout en questionnant l’importance des liens de sang dans la relation filiale. C’est fort bien amené ! Les émotions sont décrites avec justesse et valorisées par un petit héros particulièrement attachant.
Marco Somà déploie son talent d’illustrateur pour donner un visage à ce petit axolotl en lui attribuant les caractéristiques de son espèces combinées à d’autres plus humaines. Son imaginaire se développe à travers le marais, distillant le charme poétique d’une palette de couleurs désuètes dans des illustrations au style rétro. Une fois de plus, il séduit par une interprétation très personnelle des sensations et des questionnements ; ainsi l’odeur du marais prend la forme d’un banc de poissons volants et le besoin de connaître ses origines est représenté par la présence d’un bocal contenant une plante aux larges racines. C’est un coup de ❤ !
Recueil de dix-sept histoires qui ne sont en fait que l’expression de sept jeunes autour d’un seul et même fil rouge, Pas sûr que les cow-boys s’embrassent joue sur l’alternance de narrateur pour nous laisser entrevoir les relations de ce groupe, les liens qui les unissent, leur amitié, leur amour, mais aussi les blessures et les coups durs. Unis et solidaires, ils avancent côte à côte, s’épaulent dans les moments difficiles, échangent des baisers, et tentent de se sauver d’une vie de famille bancale et étouffante, voir carrément violente.
Henri Meunier livre un récit percutant dans sa construction et les blessures qu’il dessine dans les non-dits, les glissant entre les mots, entre les lignes. Touchants, ses personnages sont multiples et déversent chacun leur tour la douleur de leur existence, la quête du plaisir et leur espoir d’une vie plus belle pour un parent qui se retrouve seul, un petit-frère qu’on ne veut pas voir prendre les coups que l’on endure déjà, mais aussi pour soi, parce que le bonheur est un droit !
L’écriture retransmet les émotions avec beaucoup de justesse. Même si j’ai eu du mal à donner un âge aux personnages de par le décalage entre leur façon de s’exprimer et leurs actes, j’ai été très sensible au choix des mots, à la forme désuète de ce « parler jeune » qui donne un charme suranné et pourtant intemporel aux événements. Par ailleurs, les illustrations en noir et blanc de Nathalie Choux viennent installer un décor et appuyer la douleur et la détresse de ses ados paumés.
Pas sûr que les cow-boys s’embrassent est un récit qui m’a surprise par son histoire, bien loin des amourettes d’écoliers auxquelles je m’attendais mais m’a littéralement prise par la main pour affronter un tourbillon émotionnel que je n’avais pas vu venir.
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Attention, les secrets, c’est vachement précieux. Jeanne aime Pascal. Mais elle aime aussi Wilfried, qui est amoureux fou de Sophie qui ne sait pas si elle préfère lui ou Alphonse. Alphonse qui n’embrasse pas comme un amoureux. Mais au fond, est-ce que les cow-boys s’embrassent ? Une petite bande d’amis racontent leurs éclats de vie. Cette vie qui ondule, pétille, hésite, prend son envol.
Alice intègre une école d’art et se lit d’amitié avec Azaléa, une jeune fille passionnée par le fantastique et les mystères. Si pour Alice cette première année est l’occasion de suivre les traces de sa grand-mère tout en vivant sa passion, les motivations de sa nouvelle amie sont différentes puisqu’elle semble s’être inscrite avant tout dans l’espoir de lever le voile sur le mystère qui entoure l’école. Pourtant, Alice n’hésite pas à suivre Azaléa dans ses recherches, fuyant la réalité d’une vie de famille difficile. Bientôt, les deux amies se voient révéler bien plus de secrets qu’elles ne l’avaient imaginer et sont invitées à partager du temps et faire connaissance avec Tio, le vampire.
Réinterprétation du mythe vampire, La Bibliothèque des Vampires amène un questionnement quant à leur façon de se nourir et la recherche de leur âme disparue. Le point de départ est particulièrement intéressant puisqu’il interroge le rapport entre l’artiste et son art, et notamment l’idée qu’une œuvre d’art réussie serait imprégnée de l’âme de son artiste. C’est vraiment pertinent et bien amené ! Le concept m’a vraiment séduite et, cumulé à cet univers très artistique, j’ai trouvé que cela donnait des bases solides au récit.
Cependant, j’ai regretté la vitesse à laquelle s’installe l’histoire. Trop rapide, les personnages n’ont pas le temps d’être vraiment développés et le récit se dévoile trop facilement, sans qu’il n’y ait de réelles investigations ou de surprises. J’aime par ailleurs beaucoup le style graphique, surtout la richesse des décors et l’expressivité des visages, et certaines planches sont vraiment de toute beauté… Mais, je crois qu’une dizaine de pages supplémentaire n’aurait pas été de trop pour étoffer un peu l’ensemble et le rendre encore plus intéressant. Je chipote… Je n’en reste pas moins intéressée par la suite, qui aura sans doute encore bien des choses à dévoiler.
Il y a un secret dans cette Bibliothèque unique, un secret que jamais personne avant eux, n’avait découvert ! Un secret qui révèle une destinée surprenante aux immortels de la nuit, aux vampires.
Voilà une nouvelle semaine qui s’achève, la dernière avant les vacances d’hiver que nous attendons tous avec grande impatience car les fluctuations de températures nous ont bien fatiguées. Mais aussi parce que nous avons quelques projets de sorties en famille, ainsi que des sorties cinéma et un petit planning de DVD à sortir. En attendant, voici le bilan hebdo des filles.
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Que lisent-elles à 13 ans 1/2 ?
Les bandes dessinées ont la côte et toujours l’avantage d’être rapidement lues. Les filles adorent sortir un volume lorsqu’elles prennent le petit déjeuner ou le goûter. Cette semaine, elles ont lu le 6e tome de Princesse Sara et découvert une nouvelle série Tête de pioche, qui a surtout plu à Juliette. Juliette qui a aussi lu le dernier tome des Enquêtes de Philippine Lomar. De son côté, Gabrielle a pris plaisir à découvrir Béatrice et le premier tome de la petite série Sous les arbres, deux BDs que j’avais emprunté pour moi mais ses goûts tendent de plus en plus vers les miens.
Les mangas sont un autre format de bandes dessinées et elles prennent le même plaisir à en lire. Ainsi Juliette était ravie de trouver les suites de Frieren et Ranking of Kings dans le sac que j’ai ramené de la médiathèque cette semaine, alors que Gabrielle trouvait les suite et fin de Adabana, une série thriller qu’elle a vraiment aimé même si elle lui a aussi donné quelques frissons. J’avais également ramené deux séries en deux volumes pour moi, Gabrielle a plongé dans Dédale avec plaisir, puis toutes deux ont lu et été touchée par 300 jours avec toi.
Enfin, si Gabrielle est déçue de manquer de temps pour lire des romans (elle traîne des titres commencés sur plusieurs semaines), elle est toujours très contente de me voir ramener des albums en quantité. Cette semaine elle a donc lu Anne Brouillard (j’en ai lu quelques uns en préparation d’un billet pour le blog A l’ombre du grand arbre) et du Davide Cali, devenu un incontournable à la maison. Son appel du marais l’a beaucoup touché. Juliette a découverte avec joie le nouveau tome du Journal d’un dégonflé, le 17e. Son professeur de français lui a donné à lire Roméo & Juliette qu’ils vont étudier en classe et, si elle a un peu râlé au début, elle reconnaît que c’est vraiment une belle pièce, très bien écrite.
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Que regardent-elles à 13 ans 1/2 ?
Deux petits films nous ont occupé le week-end dernier. Un grand classique du cinéma français pour accompagner l’intérêt pour la Seconde Guerre Mondiale et le suite de l’anime de la semaine dernière pour le rituel « dimanche animation ».
Sans un mot, par la seule force de ses pinceaux, Anne Brouillard nous raconte l’orage, celui qui arrive soudainement, celui qui frappe lorsqu’on ne l’attend pas, celui qui ne fait que passer, venant rafraichir une lourde et chaude journée d’été.
Par un superbe jeu de lumières, l’auteure nous plonge littéralement dans l’histoire et nous place au cœur même de l’orage. La tension monte progressivement, amplifiée par un mouvement de travelling avant-arrière : un vase se brise, un chat sursaute, un couple se presse pour se mettre à l’abri…, pour atteindre son paroxysme au moment où la pluie vient tambouriner les fenêtres de la maison, l’orage éclate faisant vibrer les fenêtres, on sent l’éclair tomber avant de le voir… Et finalement, il passe, laissant revenir la lumière qui se reflète désormais dans les prés détrempés.
L’orage, un album vibrant de sensations qui nous permettent de vivre littéralement ce moment que l’artiste Anne Brouillard nous peint avec un réalisme troublant. On entend presque les bruits du vent et de l’eau qui coule à torrent, on sent presque l’odeur de la pluie et celle qu’elle laisse sur la terre après son passage. Absolument magnifique !
Quand le temps se gâte… Une histoire sans paroles pour dire l’orage, ses parfums, ses bruits, ses lumières et se rappeler ses parfums.
Après La Fabuleuse Histoire de la Terre, Aina Bestard élargie nos horizons autour d’un voyage au cœur même de notre système solaire en partant de notre position et de ce que nous voyons en regardant le ciel, avant de placer notre planète bleue dans un tout et de revenir au Big Bang et la formation du système solaire. Ce n’est qu’une fois ces données bien établies, qu’il sera temps de faire connaissance avec la Voie Lactée et les différents corps qui la composent.
On retrouve le style rétro qui faisait tout le charme du premier volume avec de magnifiques planches inspirées des gravures du XIXe siècle. La richesses des informations est dense sans pour autant être étouffante, faisant de cet album un incontournable de vulgarisation scientifique. Le format à l’italienne permet à l’illustratrice de dérouler le Système Solaire à une échelle intéressante pour en voir les détails. Et les détails ne manquent pas grâce à de magnifiques schémas et autre planches anatomiques, ainsi qu’au jeu de superposition permis par l’utilisation de papier calque.
Par ailleurs, j’ai trouvé que Fabuleux paysages du Système Solaire était moins complexe à saisir pour l’enfant lecteur, comme pour l’adulte non initié au vocabulaire scientifique ; le texte en est plus digeste et la lecture n’en est que plus aisée. Le récit s’achève sur une invitation à prendre soin de la Terre, « notre seule foyer » !
Quand le Soleil se couche, le ciel nocturne nous révèle de fabuleux paysages ! Découvrez notre étoile et ses planètes dont nous n’imaginons pas la diversité époustouflante ! Vénus et son désert brûlant. Mars, rouge de poussière. Jupiter, toujours sous les tornades. Uranus, la géante de glace… Un fabuleux voyage avec l’artiste Aina Bestard jusqu’aux confins de notre système solaire.
Ellie avait six ans lorsqu’une attaque de gargouilles venues du ciel la priva de ses parents. Sauvée in extremis par une guerrière de la garde royale des Ailes d’Or, elle rêve depuis de rejoindre ce corps d’élite. Mais dans le Royaume des clans, chacun a une place dédiée et les beaux discours n’existent que pour apaiser les esprits : Les Moineaux sont des fermiers, leur travail consiste à cultiver et récoler les graines de tournesol pour produire l’huile nécessaire à lustrer les plumes de leurs ailes ; la garde royale est réservée aux clans d’élite tel que les Aigles, les Eperviers ou encore les Balbuzards…
Ellie est née Moineau et, dès les épreuves de sélection, elle se heurte à l’hostilité et aux mépris de sa communauté. Elle décide alors de prendre son envol pour aller au-devant de son rêve et prendre sa destinée en main. En chemin, elle fait la rencontre d’un trio d’enfants de son âge et se joint à eux pour atteindre la capitale, Thelantis. Guide de l’expédition, Nox, jeune Corbeau, interroge ses motivations et sa vision du monde. Sur le trajet, ils se confrontent à divers dangers et font une découverte surprenante qui pourrait redéfinir les limites du monde tel qu’ils le connaissent, et les amène à prendre des décisions qu’ils n’avaient pas imaginer.
Premier volume d’une série qui s’annonce déjà captivante, La quête d’Ellie est un récit fantastique jeunesse qui tire son originalité par son univers peuplé d’humains ailés auxquels l’auteure donne les caractéristiques communes des oiseaux auxquels ils s’identifient, agrémentées d’une bonne dose de préjugés : les moineaux collectent, les aigles sont royaux, les corbeaux volent… A cela s’ajoutent des traits plus personnels ainsi que, pour certains, des facultés particulières, sorte de magie qui trouve ses origines dans un héritage dont on ne nous dévoile rien pour le moment.
Si la construction narrative suit le même schéma que toutes les séries du genre, celle-ci gagne à être lu pour la richesse de l’univers que Jessica Khoury a su développer, en y insufflant une certaine authenticité. Aventure et péripéties sont eu cœur de l’intrigue dont les enjeux semblent reposer sur un pouvoir politique instable et inégalitaire. On en découvre bien peu sur les gargouilles de pierres qui descendent du ciel pour attaquer ce peuple mais l’auteure nous donne suffisamment d’information concernant leur source de pouvoir pour attiser notre curiosité d’un bout à l’autre du récit.
Le quatuor, formé par les jeunes héros, fonctionne parfaitement. J’avoue avoir un petit faible pour Twig, métis arborant les couleurs de ses deux familles, le noir des Moqueurs et le blanc des Grues. Son histoire est particulièrement dramatique et sa faculté à comprendre les autres espèces ne le rend que plus touchant. Mais Gussie n’est pas en reste avec son intelligence exacerbée et son envie de tout comprendre. Née Faucon, son histoire aurait pu être plus heureuse si son clan n’avait pas voulu imposer sa volonté quant à son avenir.
Par ailleurs, le duo Ellie – Nox apporte ce qu’il faut de tensions pour faire évoluer leur relation mais aussi et surtout leur façon de regarder le monde dans lequel ils évoluent. L’innocence d’Ellie confronte la méfiance de Nox à l’égard des adultes et de la justice faisant de La quête d’Ellie un récit initiatique rondement mené. Je suis conquise ! Il ne me reste plus qu’à patienter pour découvrir la suite déjà annoncée, pour janvier 2024.
Je remercie les éditions Bayard Jeunesse et Babelio pour cette lecture offerte par la Masse Critique Privilège.
Bienvenue dans le Royaume des clans. Ici chacun porte des ailes mais craint les menaces venues du ciel…Ellie rêve de rejoindre la garde royale des Ailes d’Or, qui protège la population des attaques de gargouilles, les monstres tapis derrière les nuages. Mais c’est une mission réservée aux castes supérieures de Faucons ou d’Eperviers, et Ellie est née Moineau. Résolue à participer malgré tout à la course de sélection des gardes, Ellie s’échappe de son orphelinant. Elle croise alors le chemin de Nox, un jeune Corbeau. Il l’entraîne malgré elle dans une aventure périlleuse, qui va bouleverser le destin d’Ellie et sa vision du monde…
En huit petites histoires, Kotomi relate l’enfance d’une fillette de six ans dans le Japon d’aujourd’hui. Au programme, la rentrée en CP avec la cérémonie d’accueil et la distribution du matériel, la cérémonie du thé, le désir d’avoir un animal à soi, le temps du repas à l’école, la responsabilité d’être une grande sœur… Mais aussi le rôle du père dans le quotidien de l’enfant ou encore le handicap.
Momoko – Une enfance japonaise est un bel album qui invite au voyage. Car si les préoccupations de cette fillette ne sont pas différentes de celles des enfants d’ici et d’ailleurs, l’auteure nous raconte le Japon et ses traditions, sa culture et sa cuisine. Chaque événement est rapporté à hauteur d’enfants pour faciliter la comparaison tout en découvrant une autre façon de vivre.
Il se dégage de l’ensemble un sentiment de nostalgie presque rendu palpable par les illustrations au graphisme enfantin et aux couleurs acidulées. Le format album avec ses 162 pages et son découpage en petites histoires, ainsi que l’âge de Momoko, en font un titre particulièrement intéressant pour les lecteurs débutants. En plus de pouvoir d’identifier à la petite héroïne, ils pourront se confronter à la lecture d’un beau livre chapitré. Les filles et moi sommes conquises !
Je vous invite à vous rendre sur l’île aux trésors pour lire l’avis d’Isabelle.
Huit histoires étonnantes pour découvrir une famille, un maître d’école, un chat, un marchand de poissons rouges, un fabricant se taïyakis… et tout un monde !
Repéré dès sa sortie, c’est le billet de Tachan qui m’avait définitivement convaincue que Pax Automata était un roman qui me plairait. J’en ressors complètement séduite.
Uchronie steampunk, le récit nous amène dans le Paris de la Belle Epoque à la veille de l’inauguration de l’exposition universelle. Napoléon III a vaincu les prussiens à Sedan et Ada Lovelace a pris la tête du Royaume Uniforme après avoir renversé la Reine Victoria. Humains et automates coexistent dans ce monde en pleine évolution, marqué par des progrès technologiques et politiques. Ces derniers, soumis aux lois de la Pax Automata (qui ne sont pas sans rappeler les lois de la robotique d’Isaac Asimov), sont assignés à des rôles subalternes, souvent ingrats, et ne doivent pas plus ressembler aux humains qu’ils ne peuvent ressentir d’émotions. Mais sont-ils réellement aussi impassibles ?
Philémon de Fernay jurerait pourtant avoir vu trembler cet automate sur lequel il s’apprêtait à tirer. Elève pilote à la prestigieuse école de Saint-Cyr, il excelle dans l’art du vol aérien mais a le cœur bien trop généreux pour tirer sur qui que ce soit. Aussi, lorsqu’il découvre un automate enfant bien trop humanisé, dans des gravats qu’il est chargé de trier, il choisit de l’emmener avec lui, quitte à se mettre en danger, plutôt que de le laisser tomber entre de mauvaises mains. Il comprend bientôt qu’il vient de plonger au cœur d’une intrigue politique qui va bien au-delà d’une simple entorse à la loi.
Pax Automata est un roman palpitant porté par quatre adolescents intéressants, dont le développement ne les rend que plus attachants au fur et à mesure de l’avancée dans l’intrigue. Ferdinand, meilleur ami de Philémon, amène une énergie exubérante et un humour à toute épreuve ; Zélie, la romanicielle, éblouie par ses talents de mécanographe et son intelligence ; Elisa, camarade et rivale à l’école de pilotage, apporte un talent naturelle pour l’infiltration et une force mystérieuse qui les sortira de bien des mauvais pas. La fine équipe se complète à merveille et ne manque jamais de ressources pour rebondir et tenter de sauver l’empire français. Il est peut-être juste regrettable que les « méchants » restent dans l’ombre et n’ont qu’un petit rôle à jouer. J’aurais aimé plus de dangers et une intrigue politique plus développée…
Mais ce qui fait la richesse du récit est qu’Ariel Holz parvient à nous faire vivre les évènements en les rendant réalistes, du fait d’une intrigue politique portée par de vrais acteurs de l’Histoire, en les plaçant dans un Paris et une Europe imaginée mais pourtant bien crédible. C’est tout simplement captivant !
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1889. L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef crée par Clément Ader. Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ? Même Zélie, la romanicielle et mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?