
Going Solo
Auteur : Roald Dahl
Illustrateur : Quentin Blake
Traducteurs : Janine Hérisson & Henri Robillot
Editeur : Folio
Collection : Junior
Pages : 272
Après les souvenirs d’enfance relatés dans Moi, Boy, Roald Dahl signe une deuxième récit autobiographique qui nous entraîne dans sa vie de jeune adulte. Il n’a qu’une petite vingtaine d’année lorsqu’il est envoyé en Tanzanie par la compagnie pétrolière qui l’emploie. Quelques temps plus tard, la Seconde Guerre Mondiale est déclarée…
Alors qu’il entre dans la vie active, le tout jeune homme est animé d’un fort désir de voyager à travers le monde, d’aller à la découverte de pays dont il ne connait rien, là où la faune et la flore sont un dépaysement rien que par le nom qu’elles portent, là où il fait chaud et où chaque regard est un émerveillement. L’Afrique représente tout cela à la fois pour le jeune Roald Dahl qui vient chercher l’aventure et l’exotisme.
Avec sa verve habituelle, il nous raconte la beauté des paysages et relate des souvenirs marquants qui ont pimenté son quotidien. Si l’Afrique se révèle pleine de merveilles, Dahl est confronté à plusieurs reprises à sa phobie des serpents. Mais ce n’est pas sans malice qu’il nous raconte comment il a sauvé la vie de son jardinier alors qu’un mamba noir l’approchait par derrière, ou comment le chien de ses voisins fut retrouvé mort alors qu’on tentait de faire sortir un mamba vert de leur maison. Les dangers sont nombreux mais l’auteur réussit toujours à nous faire sourire, voir rire, même dans des situations qui semblent désespérés.
Ces premiers chapitres sont aussi l’occasion de découvrir l’emprunte de l’homme blanc sur le peuple africain. La colonisation est passée par là, et avec elle la soumission d’un peuple privé de sa culture et de son identité. Si l’on perçoit de la bienveillance et une forme de respect dans les relations de Roald Dahl avec son boy ou encore son jardinier, on ne peut que constater que les anglais ont des postes à responsabilités alors que les africains ont des emplois subalternes qui les placent sous la domination de l’homme blanc. Les échanges de l’auteur avec son employé permettent également de mettre en avant la différence culturelle et de valeurs source d’incompréhensions.
Lorsque la guerre est déclarée, le récit se recentre sur Roald Dahl et son enrôlement dans la Royal Air Force, et sur le conflit qui oppose l’Angleterre au reste de l’Europe. Après une formation éclaire, le jeune homme rejoint l’escadrille 80 auquel il est affecté ; les informations erronées du positionnement de son campement sont à l’origine du terrible accident au cours duquel il subit de très graves blessures qui le clouent au lit pendant de longs mois. Après quoi il repart au front, prêt à affronter les nazis et leurs alliés, prêt à défendre la Grèce, le Moyen-Orient et le canal de Suez.
La poésie du texte renvoie à la beauté des paysages qui, vus du ciel, prennent encore un aspect différent. De la haut, il raconte la sensation de liberté, la solitude et l’oubli momentané des conflits. Bien vite rattrapé par les avions ennemis, le soldat n’oublie pas la fragilité de l’existence, la chance d’être en vie et la peur omniprésente de se faire tuer. Il n’oublie pas non plus sa mère, dont les nouvelles se font de plus en plus rares, son désir de la revoir, la prochaine lettre qu’il lui écrira… Roald Dahl semble porté par les anges, confronté à la mort, il revient toujours, il survit et ne peut que s’étonner de sa chance quand la RAF ne se compose que d’une quinzaine d’avions alors que la Luftwaffe en aligne des milliers bien plus performants et mieux équipés.
Le récit nous raconte aussi ces hommes extraordinaires, morts bien trop jeunes, pour des idéaux auxquels ils croyaient réellement, mais souvent à cause de décisions prises par des bureaucrates trop éloignés de la réalité des combats pour en comprendre la portée. Il nous raconte aussi la guerre comme on ne nous l’apprend pas dans les livres d’Histoire : l’implication de la France de Vichy dans la campagne de Syrie, l’envoi de milliers de femmes italiennes aux soldats de Mussolini pour trompés leur ennui, le manque d’informations communiquées aux soldats britanniques loin de chez eux – Roald Dahl découvrira bien tardivement la capture et l’extermination des juifs par les nazis…
Escadrille 80 est un véritable exercice de mémoire, un témoignage de la Seconde Guerre Mondiale raconté par un soldat britannique, un aviateur de la RAF localisé en Afrique orientale, au Moyen-Orient et en Europe du sud. Enrichi de lettres à sa mère, de photographies prises par l’auteur et de pages de son carnet de vol, Escadrille 80 n’en est pas moins une aventure digne d’une aventure de Roald Dahl, remplie de malice et d’ironie, une aventure qui a la particularité de n’avoir rien de fictif.
Pour découvrir un autre pan de la vie de Roald Dahl, on pourra regarder le téléfilm To Olivia qui revient sur la relation de l’auteur avec son épouse, Patricia Neal, au moment de la perte de leur fille ainée suite à des complications liées à la rougeole. Si le film n’a rien d’exceptionnel, il permet de comprendre comment l’écriture a permis à Dahl de faire son deuil.
Pour découvrir d’autres faits majeurs des combats opposants l’armée britannique aux allemands en Afrique du Nord durant la Seconde Guerre Mondiale, je recommande la série SAS : Rogue Heroes qui revient sur la mise en place de la formation des Special Air Services menés par l’officier David Stirling.


L’aventure mène le jeune Roald Dahl de Londres jusqu’en Afrique orientale. Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate, il devient pilote de la RAF. Sillonner les airs à bord d’un Tiger Moth, croiser de mortels mambas verts ou des lions affamés, s’écraser en avion avant de devenir écrivain… Après Moi, Boy, le récit d’un destin haletant, passionnant, et vrai du début à la fin !
Je ne connaissais pas du tout ce roman de l’auteur mais je le note autant pour le découvrir autrement que pour le devoir de mémoire.
Une lecture vraiment intéressante et originale dans la bibliographie jeunesse de l’auteur.
Il m’en reste tant à lire, le prochain sera probablement anglais « The wonderful story of Henry Sugar » et mon barbu vise le rayon adulte avec « La grande entourloupe » que je lui piquerai sûrement 😉 Pour lui ce sera une première lecture de l’auteur même s’il en a suivi certaines quand je lisais à voix haute.
En tout cas, super découverte que cet Escadrille 80, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
Très intéressant ! Je l’ai lu il y a longtemps, tu me donnes envie de le relire.