Deuxième semaines de vacances scolaires, marquée par les festivités de Noël et la découverte des cadeaux sous le sapin, parmi lesquels il y avait des livres. On voit aussi se dessiner leur personnalité, une passant plus de temps à lire et l’autre à regarder la TV.
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Que lisent-elles à 13 ans 1/2 ?
Toujours énormément de bandes dessinées, des suites attendues par toutes les deux ainsi que des découvertes et suites pour Juliette.
Gabrielle poursuit également plusieurs séries mais tente des découvertes dans des genres différents. Elle aime toujours beaucoup les biographies et prend plaisir à en lire sous ce format. Cette fois-ci du côté des mangas on retrouve une suite (surprise trouvée durant un passage chez le libraire) et une découverte avec Adabana que j’avais emprunté pour moi mais qu’elle a lu avant même que je ne m’en rende compte.
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Que regardent-elles à 13 ans 1/2 ?
Du côté des films, une belle surprise pour la nouvelle adaptation du Matilda de Roald Dahl. Pas très comédies musicales, il y avait des appréhensions mais au final c’était un très bon film. Le dernier Disney les a bien amusé, elles ont aimé le mélange des genres, les représentations des couples et de la famille qui s’éloignent des schémas hétéronormés. Juliette continue de revoir des films « doudous », bien au chaud sous sa couette.
Quant aux séries, il y a eu deux fins et deux découvertes, chacune la sienne. Gabrielle et moi avons versé quelques larmes sur His Dark Matérials. Encouragée par nos retours très enthousiastes sur Arcane, elle a décidé de la regarder de son côté. Elles ont fini Sword Art Online avec leur frère. Juliette, grande fan du manga Ranking of Kings, a découvert qu’il en existait une adaptation, elle s’est donc lancée avec plaisir.
Oscar Goupil a treize ans, des parents fantasques et une vie plutôt solitaire. Alors que les vacances de Noël débutent, ses parents s’absentent sans la prévenir, ne lui laissant que quelques instructions concernant son planning griffonnées sur un bout de papier. Il est envoyé chez Léonie, une vieille grand-tante installée à Londres qui le loge dans une ancienne chambre de bonne, située au sous-sol de sa demeure, et l’envoie travailler à la National Gallery. Sur place, l’adolescent ordinaire, découvre des choses qui le sont bien moins et il se retrouve bientôt au cœur d’une enquête visant à retrouver des artistes contemporains mystérieusement disparus.
Enquête policière, récit initiatique, aventure fantastique, A London Mystery est un mélange de tout ça à la fois. Avec ses personnages fantasques, exubérants, caractériels ou plus discrets, ce premier roman de Camille Guénot est une véritable bouffée d’oxygène en cette fin d’année, une aventure passionnante au cœur même de l’art et un voyage à travers les époques.
Le texte amène une réflexion très intéressant sur l’art en général mais plus particulièrement sur l’accueil et l’interprétation d’une œuvre, et de son artiste, selon l’époque à laquelle ils appartiennent. L’auteure s’inspire d’artistes réels pour créer ses personnages et les intègre à son histoire avec brio, faisant d’eux des esprits aussi libres que leurs œuvres. C’est assez fascinant mais surtout cela vient mettre du peps et de l’humour au récit.
J’ai aussi apprécié l’imprégnation anglaise de l’histoire avec des personnages secondaires qui se comportent de façon très guindé, entre style classieux et obsolète. Le jeune Danny avec sa joie de vivre et ses origines plus que modestes semble tout droit sorti d’un roman de Dickens. Quant à Oscar, c’est typiquement le genre de héro auquel on s’attache et qu’on prend plaisir à voir évoluer. Par ailleurs, l’auteure s’amuse à glisser des références à la littérature anglaise renforçant l’impression, que l’on pouvait ressentir dès l’exergue, pour sa passion pour les livres.
Oscar Goupil – A London Mystery est un roman pour les amoureux des livres et les amateurs d’art, des formes artistiques dont Camille Guénot semble encenser la diversité des genres tout en soulignant les débordements. A méditer…
Je vous invite à vous rendre sur l’Île aux Trésors pour y lire l’avis d’Isabelle.
Je remercie Babelio et les éditions l’école des loisirs pour la lecture de ce titre dans la cadre de Masse Critique.
Chers lecteurs, Si vous aimez le confort douillet de votre quotidien, si vous exécrez le mystère et la magie, reposez ce livre et passez votre chemin. Car ce qui vous attend entre ces pages n’est pas pour les âmes sensibles. Je vous le tout dis tout net : je suis un garçon ordinaire à qui des choses extraordinaires vont arriver. Tout commence par la lettre que mes parents m’ont laissé, m’obligeant à passer les vacances de Noël à Londres, chez mes grand-tante Léonie. Et je vous assure que, vu sa réputation, c’est loin d’être un cadeau. Mais attention, le train part… Vous me suivez ?
J’ai découvert les Lettres du Père Noël de Tolkien il y a quelques années, réunies dans un format poche. Séduite par l’histoire qui se dessine sur une trentaine de lettres et plus de vingt années, le format ne m’avait pas convaincu. Aussi la réédition en grand format par les éditions Christian Bourgois m’a sautée dans les mains alors que j’arpentais les allées d’une librairie.
Avec son grand format, sa couverture rigide, sa tranche tissée et son signet en tissu, ce recueil se classe dans la catégorie des beaux livres, faits pour durer. Et cela tombe bien car c’est typiquement le genre d’ouvrage qu’on prend plaisir à relire durant l’Avent d’une année sur l’autre, comme une histoire fractionnée qu’on prendrait plaisir à (re)découvrir chaque jour jusqu’à l’arrivée de Noël.
Si les premières lettres adressées à l’aîné de la fratrie Tolkien ne font que quelques lignes, certaines atteignent les quatre ou cinq pages d’écriture dans lesquelles le Père Noël raconte ses aventures au Pôle Nord avec son assistant Ours Polaire, et plus tard l’elfe Ilbereth. Si certaines années il ne se passe rien d’extraordinaire d’autres, la maison s’est écroulée et il a fallu déménagé et d’autres sont marquées par des guerres avec les gobelins des cavernes. Le tout rythmé par les bêtises d’Ours Polaire.
Christopher, troisième né de la fratrie, est probablement celui qui est le plus enthousiaste de cette correspondance et il écrit au Père Noël avec une rigueur que seule la force des choses restreindra. C’est d’ailleurs à ce fils que nous devons ce livre car il a pris soin de conserver les lettres et les illustrations qui les accompagnaient. La richesse de cet ouvrage tient d’ailleurs dans le fait que les lettres, enveloppes et illustrations de la main de J.R.R. Tolkien servent d’illustrations et laissent une emprunte de ce travail d’écriture qui consistait plutôt en un rituel de Noël pour sa famille.
Si l’édition française joue sur la différence de police d’écriture pour différencier la main de chaque personnage ayant contribué à l’écriture, les lettres d’origines nous montrent la créativité de l’auteur pour qui, écrire ces lettres devait représenter un travail énorme, car il écrivait de façon différente pour chaque personnage. L’écriture tremblotante du Père Noël me semble particulièrement difficile à maitriser, même si j’imagine qu’au fil des ans elle fut plus aisée à réaliser.
Plus qu’un récit d’aventures, Les Lettres du Père Noël, sont une immersion dans l’intimité de la famille Tolkien. Une correspondance étalée sur plusieurs années qui voit naître et grandir les enfants, qui nous raconte les petits rituels de Noël avec notamment le bas de laine que les enfants ne sont autorisés à suspendre qu’un temps, et qui nous rappelle combien l’auteur était créatif.
Chaque mois de décembre, une enveloppe portant un timbre du pôle Nord parvenait aux enfants de J.R.R. Tolkien. A l’intérieur se trouvaient une lettre rédigée dans une étrange écriture arachnéenne ainsi qu’un magnifique dessin en couleur. Ces lettres venaient du Père Noël et racontaient de merveilleuses histoires sur la vie au pôle Nord.La fois où tous les rennes se sont échappés et ont disséminé les cadeaux un peu partout ; La fois où l’ours polaire, sujet aux mésaventures, a grimpé au sommet du pôle Nord et est passé par le toit de la maison du Père Noël pour tomber dans la salle à manger ; et toutes les fois où des guerres ont éclaté contre la horde de gobelins qui vivent dans les grottes sous la maison !
De la première lettre adressée au fils aîné de Tolkien en 1920 à la dernière lettre poignante adressée à sa fille en 1943, cette nouvelle édition propose plusieurs éléments inédits tout en faisant la part belle aux reproductions charmantes des lettres, illustrations et enveloppes décorées. Une formidable célébration pour les lecteurs de tous âges.
Première semaine de vacances scolaires. Les filles ont optimisé leur temps au maximum entre devoirs, sorties avec les copines (patinoire, musée), préparations pour les fêtes, jeux de société, écrans et livres. C’est une semaine plutôt riche culturellement et elles espèrent bien continuer sur leur lancée.
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Que lisent-elles à 13 ans ?
Je ne reviens pas sur les romans car pour le moment elles poursuivent des lectures débutées plus tôt dans le mois. Mais il y a eu des BDs, des nouveautés, dont un gros coup de cœur pour toutes les deux (elles n’arrêtent de me pousser à la lire) et une série intégrale sur la Première Guerre Mondiale (là aussi elles m’encouragent à la lire) qui conduit, en fin du dernier tome, à un jeu de rôle qui plait à toute la famille.
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Que regardent-elles à 13 ans ?
Cette semaine, il y a eu un Voyage en Charabie vu en salle, une adaptation pas à la hauteur de nos espérances et un magnifique documentaire à la photographie époustouflante. Juliette se met sous la couette assez tôt pour avoir chaud et en profite pour revoir des films qu’elle apprécie beaucoup (avantage du laptop).
Du côté des séries, elles poursuivent des « en cours » : Sword Art Online est vu avec leur frère à raison d’un épisode par soirée ; Gabrielle regarde His Dark materials avec moi (je dois dire que ces deux épisodes m’ont laissé sans voix. J’attends la suite-et-fin avec grande impatience avant de me lancer dans la lecture du 3e livre).
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Exposition
J’ai emmené Gabrielle et l’une de ses amies au musée La Piscine – Roubaix pour visiter l’exposition temporaire William Morris – L’art dans tout. Le musée explore les liens qui unissent les artistes et les intellectuels en Grande-Bretagne et a choisi de mettre en avant l’univers de William Morris et son apport dans la reconnaissance des arts appliqués. L’exposition présente près d’une centaine d’œuvres – peinture, dessins, mobiliers et textiles. L’inspiration médiévale de son œuvre nous a complètement séduites.
Jamais présenté en France, l’œuvre du visionnaire William Morris a fortement marqué son époque en théorisant une utopie sociale, politique, écologique et artistique et en posant les bases de ce qu’on nommera plus tard les Arts & Crafts, qui défendent l’art dans tout et pour tous en réaction à l’industrialisation des savoir-faire artisanaux.
Designer textile, écrivain, poète, peintre, dessinateur, architecte, fabricant, militant socialiste, écologiste et incroyable théoricien, William Morris a développé un œuvre complexe et a milité pour qu’on considère d’une nouvelle manière l’art et l’artisanat, mais aussi les artistes et les artisans de l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle, marquée par l’apparition d’une société industrielle. Il est célèbre à la fois pour ses œuvres littéraires, son engagement politique socialiste, son travail d’édition et ses créations dans le domaine des arts décoratifs.
En réaction à la révolution industrielle qui a marqué l’époque victorienne, William Morris affirme l’importance de toutes les formes d’art – peinture, architecture, graphisme, artisanat, littérature… Il œuvre ainsi à redonner des qualités esthétiques aux objets, même les plus usuels, en produisant, par le travail manuel, de la beauté à l’usage de toutes les couches de la société et en valorisant les savoir- faire les plus rares pour aller contre le prosaïsme du monde industriel. Ses recherches formelles et historiques sur la culture Celte et le Moyen-Age nourrissent son inspiration et celles de ses amis artistes dont beaucoup appartiennent au mouvement des préraphaélites – Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, William Holman Hunt, John Everett Millais…- qui se crée autour de lui.
Il y avait longtemps que je n’avais pas lu de romance de Noël et j’ai soudain eu l’envie d’une lecture réconfortante, douce et légère pour profiter de ces vacances de fin d’année. Je suis tombée par hasard sur ce titre, troisième volet d’une série que j’avais aimé lire il y a quelques années et dont j’ignorais l’existence. C’est donc avec appréhension (les séries sont souvent redondantes) mais plaisir que j’ai prie le bateau pour Mount Polbearne, une île britannique située au large des Cornouailles.
L’avantage de cette série est que finalement la romance n’est pas le point de départ de l’histoire, elle sert plutôt à connecter les personnages entre eux. La petite boulangerie est avant tout une série « tranche de vie ». Ainsi, dans ce troisième volet, Polly et Huckle vivent toujours dans leur phare en compagnie de Neil le macareux, ont toujours des difficultés financières et leurs projets d’avenir sont au point mort. Sur les projets, on comprend vite que Polly freine plutôt des deux pieds, pas très sûre de savoir ce qu’est une famille, pas certaine d’avoir le temps d’avoir des enfants et sans doute pas d’avantage pour organiser leur mariage. Finalement la gestion de sa boulangerie et la charge de travail qu’elle représente servent aussi d’excuse à repousser la prise de décision.
Cela ne va guère mieux du côté de leurs amis Kerensa et Reuben qui vivent une crise de couple au moment où ils s’apprêtent à accueillir leur premier enfant. Lorsque Kerensa se confie à Polly à propos d’un secret, cela ajoute du sel sur les plaies du couple de cette dernière, Huckle n’appréciant guère avoir été tenu à l’écart d’une information aussi importante. On prend donc rapidement conscience que Noël ne sera pas vraiment au cœur du récit, l’événement sert surtout à installer le décor.
Entre quête d’identité, questionnement sur l’avenir et interrogations autour du couple, la fête de Noël organisée par Reuben vient dénoncer les extravagances et l’emprunte écologique des plus riches. Pourtant, Kerensa rattrape le tout en offrant à Polly un cadeau qui met en avant les valeurs de Noël : l’amour et l’amitié, le partage et le bonheur d’être ensemble, remettant le romance de Noël sur le devant de l’affiche.
On pourra regretter le peu de place laissée aux gourmandises de Noël et une histoire d’avantage centrée sur l’héritage, la transmission et la continuité au travers du couple et de la famille. Heureusement, il reste le pain grillé tartiné de miel, les friands au fromage et autres foccacia pour nous régaler de leur odeur savoureuse.
Polly Waterford ne voit pas le temps passer… Sa petite boulangerie l’occupe du matin au soir, au désespoir d’Huckle, son compagnon, qui rêve de profiter d’une simple grasse matinée avec elle. À l’approche des fêtes de fin d’année, Huckle rêve aussi d’un Noël en amoureux, bien au chaud dans leur grand phare, avec leur petit macareux Neil. Mais quand Kerensa débarque à Mount Polbearne pour dévoiler à sa meilleure amie un terrible secret sur son passé, Polly voit soudain son avenir s’assombrir. D’autant que la révélation de Kerensa menace la belle histoire qu’elle a construite avec Huckle. Jusqu’à présent, Polly a toujours réussi à surmonter les épreuves en cuisinant. Pourtant, cette fois-ci, préparer de bons petits pains risque de ne pas suffire à la sortir d’affaire. Polly est-elle prête à affronter son passé ? Réussira-t-elle à remettre sa vie sur de bons rails pour passer un joyeux Noël auprès de ceux qu’elle aime ?
Alors qu’il rêve de vacances au soleil, de plage et de repos, le Père Noël se réveille en plein hiver glacial. C’est le 24 décembre, jour de ce sacré Noël. Alors qu’il se prépare tranquillement pour sa tournée avec ses rennes, la météo annoncée pour sa tournée est vraiment mauvaise, très mauvaise : sacré froid, sacrée neige… Il faut bien reconnaître que c’est un sacré travail entre les cheminées étroites et pleines de suie, les antennes sur les toits, les escaliers, sans oublier les chats et les maisons difficiles d’accès.
C’est un vieil homme bougon et grognon qui s’accommode pourtant de sa tâche pour le plaisir des enfants de par le monde. Et il n’y a pas à dire, ce sacré Père Noël ronchon nous fait sacrément rire au fil de cette nuit magique qui se répète inlassablement chaque année. Avec sa mise en page aux allures de bande dessinée, l’aventure du Père Noël se lit et se vit dans le détail, rendant le quotidien de ce bonhomme au manteau rouge assez proche du notre. Entre le rythme de sa journée et son caractère emporté, ce vieux bonhomme perd un peu de son mystère et tend à ressembler à un bon vieux grand-père mal luné.
J’ai aussi été portée par le style désuet des illustrations qui, aujourd’hui, ajoute à l’intemporalité du personnage et de cette nuit magique. L’alternance plan rapproché, plan large dynamise l’histoire comme le ferait un petit film d’animation et permet à l’auteur de faire avancer son histoire sur une temporalité intéressante pour ce format de livre jeunesse. Sacré Père Noël est un album drôle porté par un personnage sympathique qui séduit toute la famille et fait rire dès le plus jeune âge.
Je vous invite à lire l’avis d’Isabelle sur l’intégrale de la série.
Ce best-seller international, devenu célèbre aussi en France, met en scène un père Noël grognon : encore ce 24 décembre ! Encore la neige ! Il aime son chien, son chat, à peine ses rennes et pas du tout sa besogne. C’est l’envers du décor, décrit avec un humour irrésistible. Sacré Père Noël !
Ces derniers mois, Gabrielle et moi avons beaucoup lu autour de la Première Guerre Mondiale et vu de nombreux films. Le Joyeux Noël de Christian Carion nous a particulièrement touché de par son message de fraternité. Je savais que Michael Morpurgo avait écrit un texte sur les événements de la nuit de Noël 1914, durant laquelle des cessez-le-feu non officiels eurent lieu à divers endroit de la ligne de front entre les soldats des deux camps. Ajouter ce titre à notre collection était une évidence, ne serait-ce que parce que la fraternité est une des valeurs essentielles à Noël.
C’est justement durant une nuit de Noël que le narrateur se lance dans la restauration de ce vieux bureau à cylindre qu’il vient d’acquérir chez un brocanteur. En débloquant un tiroir secret, il découvre une boîte contenant une lettre adressée à une certaine Mrs Jim Macpherson. Curieux il se met à lire cette correspondance dans laquelle un mari raconte à son épouse les événements incroyables de cette nuit hors du temps, de cette matinée glaciale au cours de laquelle des soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.
Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant, seul témoin de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Au-delà de la lettre, l’auteur pare son récit des valeurs de Noël en faisant de son narrateur le porteur d’une surprise à une vieille femme qui croyait avoir perdu pour toujours cet homme chéri, lui apportant par-là même, le repos de l’âme avant son dernier voyage. Tout simplement magnifique !
Noël 1914. Ce jour-là, dans les tranchées du front ouest, Jim Macpherson, un jeune soldat anglais, écrit à sa fiancée pour lui raconter l’incroyable événement qu’il vient de vivre…
Lorsque l’on a choisi le thème du Noël généreux pour notre sélection festive sur le blog collectif A l’ombre du grand arbre, j’ai d’abord pensé au classique anglais Un chant de Noël de Charles Dickens. Mais l’album de Gabrielle Vincent, septième volume de la série Ernest & Célestine, a surgi dans mon esprit la seconde suivante. Car il n’est à mes yeux d’album plus généreux que ce Noël chez Ernest et Célestine.
Publié pour la première fois en 1983, il fait parti de ces rares albums qui ont marqué mon enfance. J’aimais déjà le trait si réaliste de Gabrielle Vincent et je crois que le texte n’était même que superflu tant les magnifiques aquarelles parlent d’elles-mêmes. Chacune d’elle est riche en détails et donne vie aux personnages et à leurs émotions.
Très pauvre, Ernest ne voit pas comment tenir sa promesse d’organiser une fête de Réveillon de Noël pour Célestine et ses amis. Mais la petite souris ne manque pas de ressources et convainc le gros ours qu’avec des objets issus de la récupération ils pourront réaliser la plus jolie des décorations. Pendant qu’Ernest cuisine le goûter, Célestine confectionne des cadeaux pour ses petits amis. Quelques danses et histoires viennent animer la fête et faire briller les yeux des enfants qui repartent heureux et impatients d’être à l’année prochaine.
On retrouve dans ce bel album intemporel les vraies valeurs de Noël: le partage et la générosité emballé dans la chaleur de l’amitié ! L’émerveillement fonctionne toujours au fil des ans, faisant de ce titre un classique à conserver et à partager avec les générations à venir.
C’est bientôt Noël… Célestine rêve de faire une belle fête avec tous ses amis, Ernest avait promis… mais comment faire quand on n’a pas de sous? C’est sans compter sur leur inventivité… Sapin, décorations, gâteaux et guirlandes sont dressés avec enthousiasme pour un Noël plein d’émotions!
Après les souvenirs d’enfance relatés dans Moi, Boy, Roald Dahl signe une deuxième récit autobiographique qui nous entraîne dans sa vie de jeune adulte. Il n’a qu’une petite vingtaine d’année lorsqu’il est envoyé en Tanzanie par la compagnie pétrolière qui l’emploie. Quelques temps plus tard, la Seconde Guerre Mondiale est déclarée…
Alors qu’il entre dans la vie active, le tout jeune homme est animé d’un fort désir de voyager à travers le monde, d’aller à la découverte de pays dont il ne connait rien, là où la faune et la flore sont un dépaysement rien que par le nom qu’elles portent, là où il fait chaud et où chaque regard est un émerveillement. L’Afrique représente tout cela à la fois pour le jeune Roald Dahl qui vient chercher l’aventure et l’exotisme.
Avec sa verve habituelle, il nous raconte la beauté des paysages et relate des souvenirs marquants qui ont pimenté son quotidien. Si l’Afrique se révèle pleine de merveilles, Dahl est confronté à plusieurs reprises à sa phobie des serpents. Mais ce n’est pas sans malice qu’il nous raconte comment il a sauvé la vie de son jardinier alors qu’un mamba noir l’approchait par derrière, ou comment le chien de ses voisins fut retrouvé mort alors qu’on tentait de faire sortir un mamba vert de leur maison. Les dangers sont nombreux mais l’auteur réussit toujours à nous faire sourire, voir rire, même dans des situations qui semblent désespérés.
Ces premiers chapitres sont aussi l’occasion de découvrir l’emprunte de l’homme blanc sur le peuple africain. La colonisation est passée par là, et avec elle la soumission d’un peuple privé de sa culture et de son identité. Si l’on perçoit de la bienveillance et une forme de respect dans les relations de Roald Dahl avec son boy ou encore son jardinier, on ne peut que constater que les anglais ont des postes à responsabilités alors que les africains ont des emplois subalternes qui les placent sous la domination de l’homme blanc. Les échanges de l’auteur avec son employé permettent également de mettre en avant la différence culturelle et de valeurs source d’incompréhensions.
Lorsque la guerre est déclarée, le récit se recentre sur Roald Dahl et son enrôlement dans la Royal Air Force, et sur le conflit qui oppose l’Angleterre au reste de l’Europe. Après une formation éclaire, le jeune homme rejoint l’escadrille 80 auquel il est affecté ; les informations erronées du positionnement de son campement sont à l’origine du terrible accident au cours duquel il subit de très graves blessures qui le clouent au lit pendant de longs mois. Après quoi il repart au front, prêt à affronter les nazis et leurs alliés, prêt à défendre la Grèce, le Moyen-Orient et le canal de Suez.
La poésie du texte renvoie à la beauté des paysages qui, vus du ciel, prennent encore un aspect différent. De la haut, il raconte la sensation de liberté, la solitude et l’oubli momentané des conflits. Bien vite rattrapé par les avions ennemis, le soldat n’oublie pas la fragilité de l’existence, la chance d’être en vie et la peur omniprésente de se faire tuer. Il n’oublie pas non plus sa mère, dont les nouvelles se font de plus en plus rares, son désir de la revoir, la prochaine lettre qu’il lui écrira… Roald Dahl semble porté par les anges, confronté à la mort, il revient toujours, il survit et ne peut que s’étonner de sa chance quand la RAF ne se compose que d’une quinzaine d’avions alors que la Luftwaffe en aligne des milliers bien plus performants et mieux équipés.
Le récit nous raconte aussi ces hommes extraordinaires, morts bien trop jeunes, pour des idéaux auxquels ils croyaient réellement, mais souvent à cause de décisions prises par des bureaucrates trop éloignés de la réalité des combats pour en comprendre la portée. Il nous raconte aussi la guerre comme on ne nous l’apprend pas dans les livres d’Histoire : l’implication de la France de Vichy dans la campagne de Syrie, l’envoi de milliers de femmes italiennes aux soldats de Mussolini pour trompés leur ennui, le manque d’informations communiquées aux soldats britanniques loin de chez eux – Roald Dahl découvrira bien tardivement la capture et l’extermination des juifs par les nazis…
Escadrille 80 est un véritable exercice de mémoire, un témoignage de la Seconde Guerre Mondiale raconté par un soldat britannique, un aviateur de la RAF localisé en Afrique orientale, au Moyen-Orient et en Europe du sud. Enrichi de lettres à sa mère, de photographies prises par l’auteur et de pages de son carnet de vol, Escadrille 80 n’en est pas moins une aventure digne d’une aventure de Roald Dahl, remplie de malice et d’ironie, une aventure qui a la particularité de n’avoir rien de fictif.
Pour découvrir un autre pan de la vie de Roald Dahl, on pourra regarder le téléfilm To Olivia qui revient sur la relation de l’auteur avec son épouse, Patricia Neal, au moment de la perte de leur fille ainée suite à des complications liées à la rougeole. Si le film n’a rien d’exceptionnel, il permet de comprendre comment l’écriture a permis à Dahl de faire son deuil.
Pour découvrir d’autres faits majeurs des combats opposants l’armée britannique aux allemands en Afrique du Nord durant la Seconde Guerre Mondiale, je recommande la série SAS : Rogue Heroes qui revient sur la mise en place de la formation des Special Air Services menés par l’officier David Stirling.
L’aventure mène le jeune Roald Dahl de Londres jusqu’en Afrique orientale. Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate, il devient pilote de la RAF. Sillonner les airs à bord d’un Tiger Moth, croiser de mortels mambas verts ou des lions affamés, s’écraser en avion avant de devenir écrivain… Après Moi, Boy, le récit d’un destin haletant, passionnant, et vrai du début à la fin !