
Kiri no mukou no fushigina machi
Auteure : Sachiko Kashiwaba
Traducteur : Nesrine Mezouane
Editeur : Ynnis
Pages : 144
Depuis quelques temps maintenant, les éditions Ynnis étoffe leur catalogue de titres rendus célèbres par leur adaptation pour le cinéma par le studio Ghibli. A l’origine du film d’Hayao Miyazaki, Le Voyage de Chihiro, il existe ce petit roman de moins de cent cinquante pages, La cité des brumes oubliées. Ce roman fantastique est le premier récit d’une auteure qui aura par la suite publiée plus de soixante-dix ouvrages. A ce jour, elle n’avait jamais été traduite en français. Ce qui est assez surprenant car son récit s’inspire clairement de récits occidentaux dont l’auteure explique avoir été influencée dès l’enfance.
Alors qu’elle passe habituellement les vacances d’été à Nagano, Lina est envoyée dans la Vallée des brumes où une connaissance de son père l’attend. Accueillie par une vieille femme au caractère épouvantable, Lina comprend rapidement qu’elle ne passera pas l’été à s’amuser. Grand-mère Picotto entend bien la faire travailler pour gagner sa pitance. Au fil des jours et des lieux où elle est envoyée travailler, Lina découvre que la Rue Extravagante n’abrite que quelques résidents permanents, descendants de sorciers qui, tous, vivent sous l’adage :
Qui ne travaille pas ne mange pas !
La cité des brumes oubliées et Le Voyage de Chihiro sont clairement deux œuvres différentes qui n’ont que peu de choses en commun : un univers magique, une fillette pleurnicheuse, un grand-mère acariâtre, une pièce surchauffée, un florilège de personnages aussi divers qu’attachants. Là où Miyazaki inscrit son film dans le folklore japonais tout en incluant de nombreuses références occidentales, Sachiko Kashiwaba encre son récit dans la culture occidentale dont la littérature a accompagné son enfance, développé son imaginaire et donné le goût de la lecture et de l’écriture.
L’écriture intemporelle et le lexique rendent la lecture accessible dès que l’enfant est capable de lire seul de façon fluide. Alors que le film, lui, ne passe pas toujours facilement auprès des plus jeunes : les esprits et divers créatures pouvant paraître effrayantes. Après la lecture, Gabrielle et moi avons pris le temps de regarder le film. Ce film est vraiment très beau mais je n’arrive jamais à être complètement séduite par l’ambiance parfois horrifique. Par contre Gabrielle, qui ne l’avait vu qu’une seule fois, et n’en gardait aucun autre souvenirs que celui d’avoir eu peur – sans doute était elle trop jeune – a vraiment apprécié même si elle n’aime pas Kaonashi, le sans-visage, dont le comportement est assez déroutant et dégoutant.
La cité des brumes oubliées est au final un roman fantastique où la magie prend une place importante mais laisse s’exprimer de belles valeurs plus humaines : récit initiatique, il fait appelle à la sensibilité et à la générosité pour venir en aide à son prochain. Lina apprend de son expérience et de ses rencontres qui lui permettent d’acquérir la maturité et l’autonomie qui lui faisaient défaut. C’est une lecture qui séduira toute la famille pour peu que l’on prend le texte comme une œuvre à part entière. Il est dommage que le récit soit si court car, comme Lina, on aurait aimé que ce moment dure un peu plus longtemps.
Si vous aimez l’univers de Miyazaki, je vous conseille fortement cette série de podcast en huit épisodes : Philosopher avec Miyazaki, réalisée par FranceCulture.
L’avis de Gabrielle
J’ai bien aimé. On pourrait penser que le livre serait pareil au Voyage de Chihiro de Miyazaki, mais pas du tout ! C’est dans un univers assez différent que ma mère m’a plongée lors de cette lecture à voix haute. Amusant, le livre nous a apportées beaucoup de fous rires à ma sœur, qui écoutait un chapitre de temps en temps, et moi. C’était trop bien !


Partie seule dans un lieu reculé pour les vacances, Lina se perd dans un épais brouillard. Lorsque la brume se dissipe enfin, la jeune fille découvre au cœur de celle-ci un village incongru… peuplé de personnages mystérieux et hauts en couleur. Coincée dans la pension d’une vieille mégère à la tête bien trop grosse, Lina va alors travailler dans des boutiques plus extravagantes les unes que les autres pour regagner sa liberté au cours d’un voyage d’apprentissage rythmé par des rencontres inoubliables.
Merci pour cette double découverte. D’abord je ne savais pas que le Voyage de Chihiro était inspiré d’un roman et en plus qu’il s’en éloignait comme ça.
Ça me donne très envie de découvrir ce texte qui a l’air enchanteur !