album

Le phare (2018/2021)

Hello, Lighthouse!

Auteur/Illustratrice : Sophie Blackall

Traductrice : Ilona Meyer

Editeur : des éléphants

Pages : 41

Après le très bon documentaire Comment fonctionne un phare ?, nous avons pris plaisir à en prolonger la lecture avec cet album dont le récit nous amène en pleine mer, au cœur dans phare isolé sur un rocher, pour y découvrir la vie du gardien. Sophie Blackall prend le temps de nous montrer son quotidien dès le jour de son arrivée, insistant sur l’importance de son rôle et sur le poids de la solitude. L’arrivée de son épouse puis de leur premier enfant ouvre sur la découverte d’un mode de vie unique et singulier.

Le récit est particulièrement intéressant et rythmé par l’écriture quotidienne dans le journal. Le lecteur est invité à découvrir un mode de vie dépendant des allers et retours d’une navette qui amène des produits essentiels à la vie, de l’alimentation à la culture en passant pas des médicaments, voir la venue d’un médecin. L’histoire s’achève sur l’évolution du fonctionnement des phares et la disparition d’un métier remplacé par des machines.

Les illustrations à l’encre de chine et à l’aquarelle sont magnifiques et offrent des plans divers qui subliment le texte. On appréciera aussi la lecture, en fin d’ouvrage, d’informations sur les phares et la vie des gardiens ainsi que le travail de recherches mené par l’auteure.

Au milieu de l’océan, un gardien de phare veille sur les navires de passage. Les jours passent et se ressemblent, obéissant à un immuable rituel : remplir la lampe d’huile, couper la mèche, astiquer la lentille, remonter le mécanisme de la lampe. Chaque événement est méticuleusement répertorié dans le journal de bord. Mais parfois, la routine est brisée par la tempête, le passage d’une baleine, le périlleux sauvetage de naufragés, l’arrivée du navire de ravitaillement ou de l’épouse tant attendue. Au côté du gardien, celle-ci veille sur le phare et sur la vie qui doucement grandit en elle.

roman ado·Service Presse

Sous ta peau, le feu

Auteure: Séverine Vidal

Editeur: Nathan

Pages: 288

XVIIIe siècle. Ange suit son père dans la pratique de la médecine. Lors d’une de leurs visites, ils font la connaissance d’Isabeau de Montagu, chatelaine de la région et de sa fille, Esmée. Seules survivantes de leur famille à cette épidémie, Isabeau souhaite que le médecin inocule sa fille afin de protéger la dernière personne chère qui lui reste. Pour Ange et Esmée, un regard suffit pour que naisse l’amour.

Récit historique, Sous ta peau, le feu est un roman qui entraîne dans une époque troublée, quelques années avant la Révolution française. La population vit dans la terreur de l’épidémie de variole qui fait rage et laisse planer l’intercitude sur l’avenir de tous. Séverine Vidal revient sur les débuts de la vaccination et le scepticisme quand à un procédé qui va à l’encontre des idées de l’époque, tant médicales que religieuses. S’attardant sur les symptômes de la maladie, les différents stades, l’abscence de traitement et l’importance du respect des règles sanitaires, sans oublier le rôle des soignants (quarantaine, masques, lavage des mains), elle dresse un parallèle troublant avec la pandémie que nous connaissons. Cela permet de relativiser notre situation et de poser un regard plus optimiste sur demain.

Mais Sous ta peau, le feu est aussi une histoire romanesque et féministe. L’auteure y dénonce le sort réservé aux femmes de l’époque. Appartenant à un père puis à un époux, elles se doivent de correspondre aux attentes d’une société qui les emprisonne dans un semblant d’existence qui ne laisse aucune place à la liberté. Dans leur attirance, leur relation naissante et leur passion, Ange et Esmée vont à l’encontre de tout ce que leur monde accepte ne laissant que peu d’espoir quand à un avenir commun heureux. Mais leur sincérité est si touchante que l’on a envie d’y croire. La description des émotions et de la découverte du premier émois amoureux jusqu’à l’exploration plus sensuelle des corps est d’une très belle justesse. C’est beau, tout simplement.

Sous ta peau, le feu est un roman très actuel dans les thématiques qu’il aborde mais permet aussi de faire le constat du chemin parcouru depuis le XVIIIe siècle. Un roman qui rappelle dans la thématique amoureuse le très beau film de Céline Sciamma, Portrait d’une jeune fille en feu, primé au Festival de Cannes.

Un grand merci à Séverine Vidal qui m’a permis de découvrir son roman en avant première.

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Bordeaux, 1764.
Ange Rouvray accompagne son père médecin dans ses visites auprès des malades. L’épidémie de variole fait rage et pour se protéger, il faut porter un masque, se désinfecter les mains, garder ses distances…
La jeune Esmée de Montagu a vu mourir en quelques semaines son père, son frère, ses sœurs. Elle reste seule avec sa mère, tellement pleine de chagrin qu’elle n’a plus de larmes. La comtesse Isabeau de Montagu, est obsédée par l’idée de garder sa dernière fille en vie. Elle veut tester sur elle une technique controversée et dangereuse et fait appel au docteur Rouvray, qu’elle espère ouvert à cette pratique nouvelle.
Lors de cette visite, Esmée et Ange se rencontrent. Et tombent amoureux.
Mais comment une histoire est-elle possible entre ces deux êtres que tout sépare ?

abonnement·IEF

Des abonnements

Une nouvelle année scolaire va commencer. Même si les abonnements des filles ne bougent plus vraiment, nous aimons ce rendez-vous annuel qui nous fait remettre sur la table celles des revues qu’elles apprécient. Des nouveautés se sont glissées dans le courant de l’année ou se profilent. Nous apprécions toujours autant les revues indépendantes qui en plus de la qualité offre une lecture sans publicités (autres que pour leurs propres produits). Allez! Je vous présente tout ça…

Les fidèles

Nous avons renouvelé l’abonnement de Gabrielle à la Salamandre Junior pour la cinquième… et très probablement dernière année. En effet, elle est prête à basculer sur la version adulte de la revue qui est complétée par quelques documentaires animaliers sous forme de DVD. Ce magazine est vraiment intéressant car il nourrit la curiosité des enfants au travers de reportages tout en leur donnant des pistes pour protéger la nature et des idées pour l’explorer.

Prix au numéro: 5€90 (6€50 le hors série) / Prix abonnement: 29€ (6 numéros) ou 39€ (6 numéros + 2 hors-série)

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Pour compléter cette revue, Gabrielle apprécie le magazine de la LPO: l’OiseauMag Junior. Comme son nom l’indique, elle permet de découvrir les oiseaux mais va plus loin en proposant également une ouverture à la nature pour apprendre aux enfants à protéger les espèces. On y trouve également des jeux, des bricolages, des concours et autres enquêtes. Nous avons par ailleurs appris que la LPO organise des activités natures pour les particuliers et les familles ponctuellement dans l’année. Nous pensons rejoindre le groupe de notre secteur.

Prix au numéro: 6€ / Prix abonnement: 24€ (4 numéros)

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Toujours intéressée par Georges, Juliette a choisi de renouveler cet abonnement qu’elle adore. C’est toujours un plaisir de découvrir les nouveaux numéros au graphisme moderne et la richesse des informations qu’ils apportent. Elle ne sélectionne plus les sujet désormais et le lit en entier, fait tous les jeux et bricolages proposés. Elle commence cependant à y trouver des limites…

Prix au numéro: 9€90 / Prix abonnement: 57€ (6 numéros)

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Nous maintenons également l’abonnement permanent au journal Mon quotidien que nous apprécions tous, les ainés et les parents le lisent également. C’est un très bon support pour se tenir informer de l’actualité et en parler en tenant compte de leur âge.

Prix variable selon la formule choisie

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Après une première année très enthousiasmante, nous avons également renouvelé l’abonnement à L’éléphant junior, cette revue qui réunit des sujets scientifiques, historiques, artistiques et autres sujets. Chaque numéros est bien pensé et propose différents sujets qui intéressent par leur côté ludo-éducatif.

Prix au numéro: 6€90 / Prix abonnement: 49€ (4 numéros + 2 hors-série)

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Philéas & Autobule est une revue indépendante belge accessible dans le monde entier. C’est un bimensuel de philosophie avec les enfants. Une façon de mieux comprendre le monde en partant d’un questionnement philosophique: A quoi ça sert, la force? Responsable, pour quoi faire? ou encore, L’amour, qu’est-ce que ça fait? Chaque numéro est complété par un dossier pédagogique téléchargeable sur le site de l’éditeur. Gabrielle a complètement adhérer à cette revue que nous allons continuer à exploiter pour des séances philosophiques. J’espère par ailleurs pouvoir intégrer Juliette en proposant ce moment durant les vacances scolaires. L’année s’annonce intéressante avec ces cinq thèmes: La solidarité, Utile/Inutile, Penser/Douter, La science, la liberté.

Prix au numéro: 4€ (+ frais de port variable selon pays de résidence) / Prix abonnement: 15€ pour la Belgique, 24€80 pour l’Europe, 30€ pour le Monde (5 numéros)

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Le petit nouveau

L’année dernière je vous disais être à la recherche d’un magazine anglais. Après plusieurs essais qui ne nous ont pas convaincues, nous avons trouvé une revue irlandaise (diffusée dans le monde entier) idéale pour nous qui aimons la littérature. The caterpillar est une revue qui se destine aux enfants à qui elle propose des poèmes et des nouvelles mises en valeurs par de très belles illustrations. Elle a remporté le prix Best Educational Magazines for children 2020 dans la catégorie junior magazine. Nous avons eu un gros coup de cœur à la lecture de notre premier numéro ce qui a déterminé la mise en place de l’abonnement. Gabrielle prend par ailleurs plaisir à en traduire les textes.

Abonnement à durée libre : 8€/saison / Abonnement annuel : 32€ (4 numéros)

BD/manga·roman graphique

Radium Girls (2020)

Auteure/Illustratrice : Cy

Editeur : Glénat

Collection : Karma

Pages : 136

Edna Bolz vient de se faire engager par la prestigieuse entreprise United States Radium Corporation sur les bancs de laquelle elle rejoint un groupe de jeunes femmes qui peignent de la peinture Undark sur des cadrans de montres. Fière de son nouvel emploi, elle s’imprègne de la technique en trois temps : « Lip. Dip. Paint. » qui consiste à lécher le pinceau pour le lisser avant de le tremper dans la peinture et de l’appliquer. Sans le savoir, elle vient d’entrer dans le cercle des Radium Girls, toutes condamnées à une mort par empoisonnement au radium. Des années plus tard, certaines se lancent dans une bataille juridique pour laver l’honneur de camarades mortes sous de faux prétextes (la syphilis était souvent attribuée) et des conditions de travail qui ne prenaient en compte que l’intérêt de l’employeur sans se soucier de la santé des employées.

Premier roman graphique de la collection Karma, Radium Girls frappe fort en mettant en avant le destin de ces jeunes femmes sacrifiées au nom de progrès. Avec cette nouvelle collection, les éditions Glénat souhaitent mettre en avant des anonymes, souvent oubliés, qui « ont fait changer la société dans ses fondements et ses acquis« . La dessinatrice Cy a choisi de raconter le destin des Radiums Girls dont le combat judiciaire a conduit à améliorer les normes de sécurité industrielle.

Mais plutôt que de s’attarder sur l’aspect scientifique, Cy choisit de mettre en avant les liens qui unissent ces jeunes femmes, leur façon de vivre, de s’amuser et d’exister en dehors de cette usine. Nous sommes dans les années 20 aux Etats-Unis, la prohibition pose des interdits, la mode évolue mais la censure continue d’enfermer les corps sous le tissu. Si elles ont accès au travail, leur travail reste précaire et permet à peine de sortir de la pauvreté. Pourtant, loin de se rendre compte des dangers auxquels elles s’exposent quotidiennement, elles profitent de la vie.

Ce qui frappe dès les premières pages est l’utilisation du radium qui se retrouve partout : dans la peinture bien sûr mais aussi dans des crèmes pour la peau, dans la laine et même dans certains médicaments pris comme nous avalerions de la Vitamine C. Un véritable commerce s’est mis en place autour de cette nouvelle substance dont la science ignore encore tant de choses. De fait, visuellement la couleur verte utilisée pour le radium se retrouve sur toutes les nuances de blanc, de la blouse des jeunes femmes aux panneaux publicitaires en passant par l’eau de la mer. Cette couleur contrebalance la palette de violets utilisée pour tout le reste donnant du peps au dessin.

Avec les connaissances, la lecture n’en est que plus terrifiante lorsque l’on voit que les employées utilisent la peinture pour se teinter les dents ou les ongles, une façon de s’amuser en effrayant leurs petits-amis. Le lecteur ne peut que trembler d’effroi lorsqu’il comprend que les premiers symptômes touchent certaines filles et constater l’évolution plus ou moins rapide du mal qui les ronge: de la douleur articulaire à la perte des dents, en passant par les fausses-couches ou la mort.

Radium Girls est un roman graphique terrible qui lève le voile sur un pan méconnu de l’histoire du travail américain et de l’exploitation des femmes par une société patriarcale qui donnait peu de valeur à leur vie. Bouleversant!

La découverte du radium fait une entrée fracassante dans les Etats-Unis des années 1920. L’élément miracle, découvert par Marie Curie, baigne l’Amérique de son aura phosphorescente.

1918, Edna Bolz s’installe aux côtés de Grace, Katherine, Mollie, Albina et Quinta devant les établis d’USRC. Elles vont y peindre minutieusement leur quota de cadrans de montres, avec cette peinture si spéciale qu’elle permet de lire l’heure dans le noir. Lip. Dip. Paint. Trois mots, trois gestes qui les mèneront à leur perte.

album

Les animaux ne sont pas obligés… (2020)

Auteur : Mathias de Breyne

Illustrateur : Charles Dutertre

Editeur : Magnard jeunesse

Pages : 40

Avec ses illustrations très colorées et sa multitude d’animaux, Les animaux ne sont obligés a tout pour plaire aux très jeunes lecteurs. Le texte est simple et joue sur la répétition pour stimuler l’intérêt de l’enfant.

Les crocodiles ne sont pas obligés d’aller chez le dentiste. Les vaches ne sont pas obligées d’arrêter de faire pipi au lit. Les cochons ne sont pas obligés de se tenir bien à table.

A travers cette ménagerie, Mathias de Breyne sensibilise les enfants aux avantages d’être un animal. Reprenant les obligations du quotidien ou encore les bonnes manières auxquelles les adultes soumettent les enfants, il utilise l’humour pour s’amuser des règles. L’adulte y trouvera aussi son compte de plaisir en s’amusant à retrouver les expressions de la langue française.

Par ailleurs les illustrations de Charles Dutertre ne manqueront pas d’amuser toute la famille ne serait-ce que pour les expressions du petit garçon, tellement réalistes, pleines de soumission. Les dessins sont par ailleurs plein de petits détails qui attirent le regard et viennent un peu plus enrichir le vocabulaire à la façon d’un imagier.

Certains animaux ont de la chance, ils peuvent éviter tout ce que les enfants détestent le plus au monde ! Le bel album qui s’amuse avec les règles, les codes des bonnes manières et les manies des adultes !

album

Le jour où je serai grande – Une histoire de Poucette (2020)

Auteur : Timothée de Fombelle

Photographies : Marie Liesse

Editeur : Gallimard Jeunesse

Pages : 32

Timothée de Fombelle utilise le personnage de Poucette pour aborder un thème récurent dans son œuvre : l’enfance. Le texte minimaliste parle des sensations et émotions que l’enfant ressent et du désir de la petite fille de les retenir en grandissant, ne pas oublier et préserver son âme d’enfant.

Les photographies de Marie Liesse illustrent le texte de façon poétique et onirique, nous entrainant dans les pas de cette toute petite fille pas plus haute qu’un pouce qui vit des aventures extraordinaires dans ce jardin immensément grand. Avec ses cheveux blonds et sa robe bleue, Poucette a des airs d’Alice au Pays des Merveilles et nous offre un voyage onirique et fantastique dans l’enfance.

Avec ses pages cartonnés, Le jour où je serai grande s’adresse aux tout petits mais séduira les plus grands par son message qui rappelle l’importance de conserver une part de son enfance en soi.

Poucette imagine son futur et se promet de ne pas oublier ses souvenirs d’enfance comme le bruit des pétales qui tombent, le plaisir d’avoir peur ou le rêve de savoir voler. Une histoire inspirée du conte de Poucette illustrée de photographies.

album

Comment mettre une baleine dans une valise ? (2019/2021)

Cómo meter una ballena en una maleta 

Auteur/Illustrateur : Guridi

Traductrice : Anne Casterman

Editeur : CotCotCot

Pages: 32

Après le vibrant Migrants de Issa Watanabe, je ne pensais pas trouver un album parlant d’immigration qui me toucherait autant. Et pourtant… Comment mettre une baleine dans une valise ?, publié pour la première fois en 2018 par l’illustrateur espagnol Raùl Nieto Guridi, est une question philosophique qui invite à la réflexion sur l’importance et la valeur de ce qui compte le plus pour nous et que nous aimerions emporter si nous devions tout quitter. La baleine devient alors la métaphore de toutes ces choses qui représentent notre vie: objets, personnes, émotions, souvenirs… et que nous ne pouvons laisser derrière.

En achetant cet album, sorti au début de l’été, je pensais qu’il s’agissait plutôt d’une question métaphysique amusante qui inviterait à se questionner sur la possibilité de faire entrer quelque chose de très gros dans quelque chose de très petit, une question d’autant plus amusante que nous sommes en période estivale. Mais au fil des pages et de la lecture, il m’est rapidement apparu que le sujet est bien plus profond et plus grave, et que loin des vacances, il est ici question d’un voyage plus grand, un voyage sans retour.

Ce qui frappe le plus à la lecture c’est le minimalisme du texte et des illustrations qui disent pourtant beaucoup. A l’image de ce personnage non défini, au visage sans traits, un anonyme parmi tant d’autres, qui nous renvoie à nous-même et nous invite à plus d’empathie. Le vide des pages sur lequel se détachent les deux personnages crée un sentiment d’immensité renforcé par la différence de taille entre le personnage et sa baleine qui nous fait prendre conscience de la difficulté à réduire notre vie au minimum empaquetable.

Comment mettre une baleine dans une valise ? est un album fort et beau, touchant et bouleversant qui résonne terriblement avec l’actualité.

Si vous deviez partir précipitamment, sans promesse de retour, qu’aimeriez-vous absolument emporter avec vous ? Il existe des valises pour presque tout : pour violons, pour trompette, pour bouteilles, pour jumelles, pour manteaux… mais pas pour baleines…

album

La baleine la plus seule au monde (2018/2021)

Der meest eenzame walvis ter wereld

Auteure : Kim Crabeels

Illustrateur : Sebastiaan Van Doninck

Traducteur : Souslik

Editeur : Alice jeunesse

Collection : Histoires comme ça

Pages : 80

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de 52 Hertz, aussi surnommée la baleine la plus seule au monde. C’est une baleine unique qui n’appartient à aucun groupe. La cause en est qu’elle émet ses chants sur une fréquence de cinquante-deux hertz au lieu de douze à vingt-cinq pour les autres. Ainsi son chant n’est entendu d’aucune autre. Les spécialistes n’ont pas d’explication, ils émettent des hypothèses de malformation ou d’une sous-race hybride née de deux sous-races différentes. Mais son histoire a touché de nombreuses personnes à travers le monde, sensibles à sa solitude. Un documentaire est d’ailleurs sorti aux Etats-Unis cet été, The Loneliest Whale: The Search for 52, qui suit le parcours de scientifiques partis à sa recherche dans l’Océan Pacifique. Kim Crabeels s’empare de cette touchante histoire pour écrire sur la solitude.

Lila vit seule la plupart du temps. Elle est gardienne du phare qui les abrite son père et elle. Mais celui-ci n’est pas souvent à la maison. C’est que l’appel du large est grand pour cet océanographe qui rentre toujours les poches pleines d’un joli coquillage pour agrandir la collection de la fillette et d’un carnet rempli d’histoires à raconter le soir avant d’aller au lit. Si Lila apprécie ces moments-là, elle préfèrerait pourtant que son papa reste auprès d’elle. Aussi lorsqu’il lui raconte avoir croisé une baleine unique au monde, 52 hertz la baleine la plus seule au monde, la fillette ne peut s’empêcher de faire le lien entre elles, d’établir une connection qui lui permettrait de se sentir plus proche de son papa. Car comment lui dire qu’elle aimerait qu’il reste au phare avec elle? Son amour pour lui l’empêche de le priver de cette liberté à laquelle il tient tant.

Si Lila est souvent seule, l’auteure s’attarde sur sa relation avec son père, les liens qui les unissent sont forts et la séparation est difficile pour tous les deux. Seule la promesse d’un retour rapide leur permet de tenir le coup, renforcé par l’amour qu’ils se portent. Bien sûr, le lecteur suit Lila et s’attache à cette fillette sensible dont le quotidien n’a rien d’ordinaire. 52 Hertz devient le lien qui les relie, un lien que l’auteure utilise pour transformer son histoire en un récit onirique dans lequel les repères disparaissent nous laissant face au doute: sommes-nous dans un rêve ou dans la réalité?

Avec ses quatre-vingt pages, La baleine la plus seule du monde est un album pour les plus grands. La poésie du texte est sublimée par les illustrations de Sebastiaan Van Doninck dont la lumière se fait le reflet des émotions de l’héroïne. C’est un énorme coup de coeur.

Lila habite dans un phare. Elle en est la gardienne pendant que son papa parcourt les mers pour ses recherches. C’est un scientifique et il s’absente souvent et longtemps. Dans ces moments-là, Lila se sent très seule. Quand son papa revient, il lui raconte ses aventures dans les fonds marins. Un jour, il lui parle d’une baleine que les autres baleines ne peuvent pas voir, car elles n’entendent pas son chant. Une baleine seule au monde, comme Lila quand son papa s’en va…

album·Documentaires /Livres jeux

La Fabuleuse Histoire de la Terre (2020)

Auteur: Le musée de Sciences Naturelles de Barcelone

Illustratrice : Aina Bestard

Editeur : Saltimbanque

Pages : 80

Prix Sorcières 2021 catégorie Carrément Sorcières Non-Fiction

Aucune histoire n’est plus fascinante que celle de la Terre. De sa formation à l’apparition de la vie, en passant par les différentes étapes qui l’ont fassonée à l’image que nous lui connaissons aujourd’hui, La fabuleuse histoire de la Terre dresse une chronologie de notre planète et de la richesse de son parcours.

A l’image d’une revue scientifique, cet album à l’italienne au format A3 propose des planches d’une grande richesse informative, superbement illustrées par Aina Bestard qui s’inspire des gravures et lithographies du XIXe siècle pour donner vie à cette histoire. Ce livre a été pensé comme un hommage à l’histoire de l’illustration paléonthologique dont l’illustratrice reprend les codes pour créer le mouvement ou habiller ses animaux, ses plantes. Cela donne l’impression que l’album nous arrive directement du passé.

C’est pourtant avec les connaissances actuelles que le Musée de Sciences Naturelles de Barcelone dirige ce titre, n’hésitant pas à indiquer les doutes qui subsistent sur certains points. Mais tout dans cet ouvrage a un petit côté rétro qui séduit, de la couleur du papier à celles des illustrations. Et c’est ce qui fait le charme de l’album. Un album pour les plus grands à la mise en page dynamique et pluriel avec ses frises, ses transparents, ses rabats et ses planches anatomiques.

J’ai particulièrement apprécié la multitude d’informations qui va bien au-delà du Big Bang et de l’apparition de la vie que l’on voit dans les nombreux documentaires jeunesses qui abordent ce sujet. Ici l’histoire va plus loin avec de la géographie et la dérive des continents, de la géologie avec une explication très claire et schématisée des strates et ce qu’on y trouve, ou encore les débuts de la vie à l’échelle microscopique.

La fabuleuse histoire de la Terre est bel et bien une histoire fabuleuse et un objet-livre somptueux, sublimé par un choix artistique digne d’une oeuvre d’art. Le récit s’achève sur une invitation à réfléchir à la continuité de l’histoire de notre planète et ce que nous souhaitons en faire.

A lire également les avis d’Isabelle, de la Collectionneuse de Papillons et de Tachan.

Aucune histoire n’est aussi longue que celle de la Terre ! Et quelle histoire ! Partez à la découverte de ce fabuleux voyage long de plusieurs milliards d’années. Et assistez en direct à la formation du Soleil, de la Terre, des premiers continents, et à l’émergence de la vie.

Documentaires /Livres jeux·roman ado

Les mystères de la peur (2019)

Auteur : Bruno Pellegrino

Illustrateur : Rémi Farnos

Editeur : La joie de Lire

Collection : Encrage

Pages : 144

Sélection officielle du Prix UNICEF de littérature jeunesse sélection 13-15 ans.

Nous sommes tous touchés par la peur. Qu’elle soit ou non rationnelle, elle est là pour nous aider à nous surpasser mais surtout, pour nous protéger des dangers auxquels nous sommes parfois confrontés. Pour Lou, douze ans, la peur est une inconnue. Son cerveau ne traite pas les informations correctement et ne lui envoie jamais de petit signal pouvant la mettre en garde contre le monde qui l’entoure, contre les autres. Elle devient de fait, un danger pour elle-même. Inquiets, ses deux papas l’emmènent faire des tests chez un spécialiste qui l’envoie à l’institut P.E.T.O.C.H.E où, se confrontant aux peurs de ses camarades, elle va devoir apprendre la peur…

Après Les mystères de l’eau, les éditions La joie de Lire propose de découvrir Les mystères de la peur. On retrouve aux illustrations Rémi Farnos qui séduit toujours par son trait précis et le choix d’alterner entre des illustrations classiques et des cases de bande dessinée. Ce format dynamise le texte de Bruno Pellegrino qui, richement informé en amont auprès de spécialistes, chercheurs et médecins, s’inspire d’un cas réel pour nourrir son récit. Au travers de Lou et de ses camarades, il explique cette émotion saisissante mais non moins indispensable qu’est la peur et comment elle fonctionne, ce qu’elle provoque, pourquoi et comment.

Les mystères de la peur est un récit de vulgarisation scientifique s’adressant aux jeunes lecteurs dès dix ans. Le roman se nourrit des informations scientifiques pour questionner, son format se prête particulièrement à une lecture avec l’adulte pour ouvrir sur la discussion.

Le petit + : un livre LGBTQ+ friendly.

Lou a 12 ans, et ses parents se font du souci pour elle. Son problème : elle ne ressent pas cette émotion qu’on appelle la peur. Elle n’a, littéralement, peur de rien. Ce n’est pas sa faute, mais cela la met dans des situations très dangereuses. Après un horrible accident évité de justesse, ses papas décident de l’envoyer à l’institut P.É.T.O.C.H.E. (Peurs, Épouvantes et leur Traitement Organisé, Ciblé et Hautement Efficace). Sous la houlette de la directrice, Madame Amygdala, une poignée d’enfants angoissés ou phobiques doivent passer des épreuves pour se libérer de leurs peurs. Est-ce qu’à leur contact Lou comprendra mieux cette émotion qui lui échappe – son utilité, mais aussi ses limites ?