roman ado

Le cercueil à roulettes (2020)

Auteur: Alexandre Chardin

Editeur: Casterman

Pages: 384

Alors qu’il se retrouve orphelin, Gabriel, quinze ans, ne se sent plus à sa place nulle part: une nuit chez sa tante, une autre dans son ancienne maison, une autre encore chez une amie de sa mère… Gabriel tente désespérément de maintenir la tête hors de l’eau et de faire face aux émotions qui le submergent. Lorsqu’il apprend que sa mère souhaite être mise en terre au côté de son père, il ne peut l’accepter. Impossible de venir rendre visite à la personne qu’il aime le plus au monde s’il doit aussi affronter ce père qu’il déteste. Il décide de partir avec le cercueil de sa mère, seul sur les routes, à la recherche d’un lieu où il pourra la laisser reposer.

Lecture bouleversante, Le cercueil à roulettes m’a saisi par l’émotion tangible qui traverse le récit et maintient le lecteur dans un état de flottement permanent, au même titre que son héros dont on se demande à quel moment il va s’effondrer. Habituée à l’écriture légère d’Alexandre Chardin, je ne l’attendais pas sur cette pente plus sensible qui m’a saisie dès les premières pages. Touchant, le texte n’en est rendu plus fort que par le cheminement de son héros vers l’acceptation et des rencontres qui jalonnent son parcours le conduisant vers l’inéluctable séparation.

Le cercueil à roulettes aborde le délicat sujet de la mort d’un parent et de la sensible période de deuil qui en découle. Pour Gabriel, cette étape devient un véritable chemin de rédemption et de pardon. Brutal, le récit est généreux dans l’attention que les personnages secondaires donnent à l’adolescent sur qui ils veillent affectueusement et les rencontres fortuites d’humains bienveillants qui conduisent ses pas vers la résilience. Tous ces personnages apportent une véritable palette de couleurs vibrante d’émotions qui rendent la lecture intense et mémorable.

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Gabriel est parti un matin, sans parents pour le retenir. Il marche seul et à son passage, on s’interroge. Que cherche cet adolescent vagabond ? Que cache-t-il dans son étrange caisse à roulettes, plus grande que lui ? De fermes en villages, de villages en forêts, du bitume des routes au courant du fleuve… un pas après l’autre, Gabriel poursuit une quête insensée : trouver le bon endroit pour remettre en terre le cercueil de sa mère. Et sans qu’il le veuille, ce sont les rencontres qui vont le guider.

roman jeunesse

Le secret des O’Reilly (2018)

Auteure: Nathalie Somers

Illustratrice : Marta Orzel

Editeur: Didier Jeunesse

Collection: Mon marque page +

Pages: 156

Comme tous les étés Kathleen et son petit frère Patrick partent en vacances en Irlande. Pour ces deux franco-irlandais, rendre visite à la famille de leur père est toujours une fête. Cet été plus que tout autre car leurs parents ont décidé qu’ils étaient assez grands pour s’y rendre avant eux. L’occasion de pouvoir assister à un concours de musique traditionnel auquel leurs cousines participent et espèrent bien décrocher la coupe. Mais pour cela il leur faudra battre les frères Clancy, clan rival du leur depuis des générations. Quand le danger vient à menacer les plus jeunes, la rivalité laisse place à l’entraide et les enfants en viennent à se questionner sur l’origine du conflit.

Ce petit séjour en Irlande nous offre l’occasion de voyager et de faire du tourisme avec un double regard, celui de l’étranger et celui du local. A la campagne ou en ville, les descriptions nous transportent sur place où les traditionnelles musiques et danses achèvent de nous dépayser. Le lecture est facile et sans grande surprise si ce n’est celui de voyager. Le groupe d’enfants va surpasser son antagonisme pour découvrir l’origine d’une querelle qui n’a que trop duré, dépoussiérant les souvenirs de leurs deux familles, cherchant à apaiser les tensions et guérir les cœurs en réconciliant les anciens pour mieux réunir les jeunes générations.

Le Secret des O’Reilly est une lecture agréable qui séduira les lecteurs dès 8/9 ans par son intrigue bien ficelée et ses personnages sympathiques.

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Cet été, Kathleen O’Reilly est ravie de retrouver ses cousines irlandaises. Celles-ci se préparent à défier les terribles frères Clancy dans le grand concours musical du village. La tension est à son comble car les deux familles se détestent depuis toujours et chacune rêve de remporter le trophée. Lorsque la situation s’envenime, Kathleen décide de s’en mêler. Elle va, malgré elle, réveiller un secret enfoui depuis trop longtemps…

album·Documentaires /Livres jeux

Noms d’oiseaux ! (des amours)/(des humeurs) (2018)

Auteure/Illustratrice : Isabelle Simler

Editeur : Courtes et Longues

Pages : 64

Album documentaire, Noms d’oiseaux! se divise en deux parties séparées par l’arrivée néfaste du Grand Albatros. Il suffit de retourner le livre pour que le sens de lecture passe des amours aux humeurs. D’un côté, deux moineaux se font la cour, de l’autre ils se disputent. Dans tous les cas, ils se donnent des noms d’oiseaux plus ou moins charmants introduisant la présentation de volatiles plus ou moins connus.

De planches de bande dessinée aux illustrations photographiques, Isabelle Simler signe un titre coloré qui permet de découvrir un grand nombre oiseaux au nom fleuri. Grand format, l’album permet à l’auteure de placer les plus grands oiseaux sur une grande alors que les plus petits se partagent l’espace. Dans tous les cas, chacun est accompagné d’une légende qui permet de localisé son lieu de vie, sa connaître sa taille, son nom commun et son nom latin sans oublier la mention qui classe les espèces menacées ou un grand danger d’extinction.

Noms d’oiseaux ! (des humeurs)/(des amours) est un très bel album original et sublimement illustré qui utilise l’humour pour faire connaître des oiseaux aux noms souvent farfelus.

Deux moineaux se battent pour une branche. Ils s’invectivent avec des noms d’oiseaux et chaque volatile cité apparaît comme par magie et se pose à son tour sur la branche. En retournant l’album, le même processus d’enclenche, mais avec des noms d’oiseaux amoureux.

album

On nous appelait les Mouches (2020)

Auteur: Davide Cali

Illustrateur: Maurizio A.C. Quarello

Editeur: Sarbacane

Pages: 48

On nous appelait les mouches. Parce qu’on grouillait comme des mouches sur une décharge géante, où on triait les déchets.

L’éclair Bleu a ravagé la planète qui a désormais l’apparence d’une décharge. La population s’est réorganisée en castes dont les enfants seraient en bas de l’échelle et plaçant au-dessus des chefs de chefs de plus en plus âgés. Chaque jour, chacun doit trouver de quoi gagner sa subsistance: un peu de nourriture de mauvaise qualité et un peu d’eau. Lorsque Poubelle trouve un objet particulier dont personne ne semble connaître l’utilité, le petit groupe d’amis part en quête d’un chef qui pourra leur en offrir un prix estimable, certains qu’ils sont de détenir quelque chose de spécial.

On nous appelait les mouches est un récit post-apocalyptique qui surprend par son format mais séduit par son histoire et le trait si caractéristiques de Maurizio A.C. Quarello (L’appel de la forêt, L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Et parfois ils reviennent…) toujours aussi soigné et réaliste. Le format offre un regard innovant qui place la dystopie au niveau des jeunes lecteurs (à partir de 9/10 ans) sans laisser les plus grands de côté. Fable écologique, récit fantastique, cet album unique en son genre dénonce l’inégalité des sexes et des âges, la surconsommation et place la culture comme pilier de l’humanité.

L’avis de LivresdAvril.

Un certain futur, pas si lointain peut-être. Le monde civilisé n’existe plus. Des enfants survivent sur des montagnes de déchets, qu’ils trient inlassablement pour revendre aux plus grands ce qui semble monnayable. On les appelle les mouches. Parmi eux, une petite bande, à laquelle appartient Lizzy. C’est elle qui nous raconte comment, un jour, l’un d’eux trouve un drôle d’objet dont on pense qu’il ne sert à rien (à l’image, on découvrira à la fin qu’il s’agit d’un livre). Les enfants, accompagnés de leur chef, partent pour Grand Bazar, la ville au-delà du
désert, afin d’en savoir plus et qui sait, d’en tirer un bon prix…

Le coin de Gaby·roman jeunesse

Y a pas de héros dans ma famille ! (2017)

Auteure: Jo Witek

Editeur: Actes Sud Junior

Pages: 144

Maurice, Mo pour sa famille, vit dans deux mondes: le monde sage de l’école avec les « merci » et les « s’il vous plaît », le monde de la maison où on se casse pas la tête niveau langage. Quand Hippolyte Castant emmène Mo chez lui, Maurice se rend compte de la différence entre leurs deux familles et que peut-être chez lui la vie n’est pas tout à fait comme chez les autres. Chez Hippolyte, on parle comme à l’école, et surtout, il y a un mur de photos des héros de la famille. Mo se met donc en quête d’indices pour trouver les héros de sa famille.

J’ai bien aimé ce roman qui met en avant que le plus important n’est pas d’avoir des héros dans sa famille mais des gens qui ont du cœur et qui restent dans le cœur de ceux qui les ont connus et aimés. C’est drôle et émouvant.


L’avis de Linda

Maurice est un élève brillant qui évolue dans deux mondes. Il y a le monde de l’école où tout est calme, poli et bien rangé, et celui de la maison où il y a toujours du bruit, la télévision en toile de fond, le langage grossier et les crêpes de sa maman. Ces deux mondes sont différents mais pour Maurice, cela est une norme. Jusqu’à ce qu’à ce jour où son meilleur copain, Hippolyte, vient chez lui pour travailler à un exposé. Sitôt arrivés, sa maman et lui font demi-tour et invite Maurice à aller travailler à la bibliothèque pour finir chez eux. Le monde bien organisé de Maurice s’écroule. Il se rend compte que pour certains enfants, le monde calme et rangé de l’école est la continuité de ce qu’ils ont à la maison. Sans parler du fait que chez Hippolyte, il y a ce mur couvert de photos des héros de la famille. Maurice se lance alors à la recherche des héros de sa famille qui va l’emmener dans le passé entre la Pologne et la Bretagne.

Après Une photo de vacances, je ne pouvais que découvrir d’autres titres de Jo Witek dont le style drôle et frais m’a séduite. On retrouve le même style dans ce titre même s’il faut s’accrocher niveau vocabulaire lorsque Maurice est avec sa famille. Le niveau vole assez bas et les grossièretés sont nombreuses, ça pique les yeux et écorche les oreilles. Pourtant, le personnage de Maurice est terriblement attachant et je me suis rapidement mise à croire avec lui qu’il ne pouvait pas ne pas y avoir de héros dans sa famille.

En partant des vieux albums de familles, le petit garçon va entraîner toute sa famille sur les traces de leurs ancêtres dans une quête d’identité passionnante qui fera grandir le héros tout en lui faisant comprendre que les actes héroïques ne se mesurent pas qu’en récompenses reçues. Accompagné dans son cheminement par des parents attentionnés et des frères et sœurs investis, le voyage aboutira dans la Bretagne natale de sa mère. Ce voyage lui fera comprendre combien l’amour de ses proches est plus important à son bonheur que tous les héros du monde.

Y a pas de héros dans ma famille est une lecture drôle et touchante dont on ressort aussi grandi que le héros.

***

Avant, Maurice Dambek et Mo s’entendaient super bien. Avant, j’étais heureux, ma vie gambadait légèrement entre le monde de l’école et celui de la maison. A l’école : on se tient bien, on parle comme dans les livres, on entend une mouche voler et il ne faut jamais oublier les « Merci » et les « S’il vous plaît ». A la maison, ça parle fort, ça hurle du dedans et du dehors, ça dit des gros mots. Mais voilà, Hippolyte Castant s’est pointé et tout s’est effondré. Tout à coup, mes deux vies ne se sont plus mélangées. Mo et Maurice Dambek ne pouvaient plus se saquer. Et vu que les deux c’est moi, c’était horrible.

BD/manga·roman graphique

Alicia, prima ballerina assoluta (2021)

Scénario: Eileen Hofer

Dessin et couleurs: Mayalen Goust

Editeur: Rue de Sèvres

Pages: 144

New York, 1943. Alicia Alonso s’apprête à monter sur scène. Elle ne le sait pas encore mais ce remplacement à bras levé va lui apporter le succès et la gloire dans le monde de la danse classique.

La Havane, 2011. Amanda Maestra intègre le Ballet nacional de Cuba. Elle porte, comme de nombreuses jeunes cubaines, l’espoir de marcher dans les pas d’Alicia Alonso, la prima ballerina assoluta.

En fond de toile, la révolution cubaine et ses conséquences. Alors qu’Alicia devient l’une des plus ferventes partisanes de la révolution, elle fait du ballet cubain un outil de propagande. Pour Amanda et ses proches l’héritage de cette révolution est un poids qui pèse lourdement sur les épaules et des rêves d’un avenir meilleur qui leur permettrait de quitter la misère dans laquelle ils vivent.

Repéré dès sa sortie, ce roman graphique m’avait attiré par sa couverture aux couleurs pastels et la promesse d’une histoire pour les amateurs de ballet et d’Histoire. Dès les premières pages, j’ai été happé par la mise en scène et le style graphique. Les illustrations autour de la danse sont magnifiques, le trait délicat de Mayalen Goust et le choix des couleurs apportent du réalisme et du naturel aux mouvements et aux expressions. Le cadrage est toujours pertinent et donne l’impression de suivre un film.

L’histoire parle bien entendu de danse et de ballet mais ce n’est pas le seul fil rouge puisque la révolution cubaine et la politique de Fidel Castro servent aussi l’histoire dans les deux époques mises en place. C’est d’ailleurs cette double temporalité qui fait la force du récit. L’une montrant comment une danseuse devenue quasiment aveugle a pu monter une école de danse et maintenir sa renommée tout en s’attirant le soutient d’un dictateur qui aura utiliser l’art comme outil de propagande comme personne d’autres. L’autre nous montrant combien l’héritage de la ballerine et celui de la révolution ont marqué une emprunte indélébile sur les générations futures.

S’il est particulièrement intéressant de suivre l’évolution d’Alicia Alonso et la création de son école, c’est le quotidien d’Amanda qui m’a le plus séduite, principalement parce qu’on peut suivre des adultes proches d’elle qui mettent en avant la misère à laquelle ils sont confrontés au quotidien et les moyens qu’ils doivent mettre en place pour mettre « un peu de beurre dans les épinards ».

Alicia Prima Ballerina Assoluta est un roman graphique à découvrir pour en savoir plus sur ce personnage artistique devenu un visage politique et pour découvrir un pan majeur de l’Histoire cubaine. C’est beau, c’est fort, c’est puissant!

A lire aussi, l’avis de Blandine et celui de Tachan.

A travers ce portrait de l’intrigante danseuse étoile Alicia Alonzo, Eileen Hofer et Mayalen Goust revisient la période post-révolution Cuba, où la dictature a fait du ballet national, son meilleur instrument de propagande.

roman ado·roman jeunesse

Deux fleurs en hiver (2020)

Auteure: Delphine Pessin

Editeur: Didier jeunesse

Collections: Romans

Pages: 188

Sélection officielle du Prix littéraire Ados « libre2lire » catégorie Ados.

Capucine et Violette font leur arrivée à l’EHPAD Bel-Air. La première a dix-sept ans et y fait un stage. La seconde est nouvelle résidente. Entre les deux le lien se fait de façon instinctive, elles voient au-delà des apparences et se comprennent. Alors que le personnel ne cesse de lui dire de ne pas s’attacher aux résidents pour ne pas de blesser, Capucine ne peut s’empêcher de s’attacher à Violette. Rapidement, leur nouvelle amitié vient chambouler la vie des pensionnaires et du personnel de la structure et la vie plus personnelle de ces deux héroïnes.

Les romans qui se déroulent dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes commencent à se faire une place sur les étagères jeunesses des librairies. Je pense notamment à Les nouvelles vies de Flora et Max Âge tendre. Ces romans ont pour point commun de valoriser les liens intergénérationnels au travers de personnages souvent complexes et différents.

Dans Deux fleurs en hiver, Delphine Pessin montre les difficultés de vivre et de travailler dans ces établissements dont les budgets de plus en plus serrés voient se réduire le personnel et la qualité des soins. L’auteure dépeint le quotidien surchargé et épuisant du personnel dont les gestes sont tellement chronométré qu’il ne reste plus de place pour l’attachement, la discussion ou l’écoute… Pourtant lorsque les deux partis s’associent, l’humain se révèle dans toute sa puissance.

La force du roman tient dans les personnages qui doutent, espèrent et ressentent des émotions variées qui ne nous les rendent que plus attachants. Capucine et Violette amènent chacune un point de vue différent dont l’alternance dynamise la lecture. L’écriture ne tombent jamais dans le pathos, les émotions sont vraies et nuancées. L’histoire est touchante et pleine de positivité, il y a des moments émouvants mais il y a aussi beaucoup d’humour ce qui rend la lecture très agréable.

Mes filles n’étaient pas super motivées par cette lecture dans laquelle elles semblaient avoir du mal à se projeter. Pourtant, elles m’ont rapidement dépassée et se sont régalées de cette lecture commune menée côte à côte mais à des moments distincts.

A lire également, les avis de Blandine et de LivresdAvril.

L’une, Capucine, a décidé d’effectuer son stage dans un EHPAD. Elle change de couleur de perruque en fonction de son humeur et au fil des découvertes du métier d’aide-soignante.

L’autre, Violette, est une vieille dame déboussolée qui vient d’arriver à l’Ehpad. Emue par le désarroi de Violette, Capucine fait des pieds et des mains pour lui redonner le sourire.

Leur rencontre va dynamiter la vie plan-plan de la maison de retraite et bousculer leurs cœurs en hibernation!

album

J’ai vu un magnifique oiseau (2020)

Widzialem pieknego dzieciola

Auteur: Michal Skibiński

Illustratrice: Ala Bankroft

Traductrice: Lydia Waleyszak

Editeur: Albin Michel jeunesse

Pages: 120

L’été de ses huit ans, Michal Skibiński écrit chaque jour une phrase dans son cahier pour améliorer son écriture du polonais. Les jours défilent au grès des promenades dans la nature, des rencontres à la pension de famille ou d’observation de chenilles. Le jeune garçon semble vivre un été agréable dont la seule ombre au table serait l’attente de sa maman. Rien ne nous prépare à la date du 1er septembre 1939 « La guerre a débuté. » qui vient ternir un paysage qui seuls les orages d’été avaient assombris jusque-là.

J’ai vu un magnifique oiseau décrit le basculement du monde dans la Seconde Guerre Mondiale au travers du regard innocent d’un enfant qui n’a pas encore conscience de l’horreur qui se met en place. Le 9 septembre 1939, le jour de la mort de son père, chef d’escadron de bombardement, il écrit « Les avions n’arrêtent pas de voler. » Ce n’est pas vraiment un témoignage, c’est le cahier d’un écolier qui atteste d’un temps où l’innocence a laissé la place à l’indescriptible horreur d’un monde qui vole en éclats.

Sublimés par les illustrations lumineuses d’Ala Bankroft, les mots de l’auteur sont touchants dans leur simplicité et l’ignorance des évènements historiques qui se jouent en arrière plan. L’illustratrice y peint une végétation luxuriante, des ciels bleus dans lesquels passent une montgolfière, des ciels orageux avant d’assombrir les couleurs pour montrer la guerre, la peur, la destruction…

J’ai vu un magnifique oiseau est un album percutant qui nous touche au plus profond de notre humanité. L’histoire de ce journal en fin d’ouvrage achève de nous bouleverser par son universalité.

A lire également, l’avis d’Isabelle et celui de Blandine.

Cette année-là, j’avais huit ans. Chaque jour, durant l’été, j’inscrivais une phrase dans un cahier. Une chose qui m’était arrivée. C’était mon devoir de vacances. La condition qui me permit de passer en classe supérieure. Ce cahier, je l’ai conservé jusqu’à aujourd’hui.

Documentaires /Livres jeux

Tous dehors! en ville (2021)

Auteurs: Patrick et Manon Luneau

Editeur: salamandre

Collection: Tous dehors!

Pages: 144

Fort de son expérience de cinéaste animalier et de formateur, Patrick Luneau propose de partager des activités nature qu’il a imaginé et testé. Avec sa fille, Manon, éducatrice à l’environnement, ils nous invitent, à travers les pages de ce livre, à appréhender la nature autrement en l’apprivoisant par le jeu et la création.

Après une introduction et des conseils pour aborder la nature selon la météo, le moment de la journée ou l’âge des enfants, Tous dehors! en ville liste soixante activités réparties en sept catégories: explorer, savourer, inventer, se bidonner, se poser, aider la nature et tous dedans. Agrémentée de photographies, chaque activité est décrite étape par étape pour être réalisée le plus facilement possible tout en respectant l’environnement. Car si la nature est un immense terrain de jeux, sa protection n’en reste pas moins une priorité.

La présentation des activités suit un schéma précis qui commence toujours par un conseil de l’âge à partir duquel elle est accessible ainsi que sa durée, vient ensuite la liste du matériel à prévoir. Sur le visuel ci-dessous à droite vous pouvez aussi voir qu’il y a un pictogramme « soleil », c’est un élément important qui permet de situer la saison la plus propice à réaliser l’activité, chacune ayant un pictogramme facile à identifier. Un classement selon les saisons est d’ailleurs répertorié en fin d’ouvrage pour faciliter la recherche. De même, on retrouve un classement par âge.

La diversité des activités est intéressante et le matériel requis n’est jamais bien compliqué à trouver, que ce soit chez soi, dans la nature ou encore sur le marché. A cela s’ajoute une liste de l’équipement nécessaire pour les ballades dans la nature avec des conseils pour que le poids du sac soit gérable pour l’enfant. L’observation et la pratique sont au cœur de toutes ces activités qui donnent de belles idées pour occuper les enfants en restant près de chez soi pour profiter de la nature autrement, la redécouvrir et la protéger.

Tous dehors! en ville est un guide bien pensé pour les familles qui aiment passer du temps dehors, pour éveiller les sens et apprendre au contact de la nature.

Je remercie les éditions La salamandre et Babelio pour la découverte de ce titre dans le cadre de Masse Critique.

Enquêtez dans le quartier, fouinez sous les ponts, pistez l’araignée loup, mangez votre land-art, humez le parc… Vous n’imaginez pas tout ce qu’il est possible de proposer aux enfants de 3 à 12 ans pour mieux leur faire découvrir la nature en ville. Durant vos sorties au parc, dans votre rue ou sur votre balcon, réalisez de nombreuses activités auxquelles les enfants adoreront participer en toutes saisons.

Vous voulez donner de bonnes raisons aux enfants pour sortir et profiter du grand air à deux pas de chez vous ? Tous dehors en ville ! est là pour vous aider. Les activités sont présentées pas à pas au moyen de photos authentiques et d’explications simples. Un index par saison et par âge permet d’organiser ses sorties dans la nature urbaine selon le moment de l’année et les enfants qui y participent.

album

Mon amie la chenille (2021)

Auteure/Illustratrice: Marion Janin

Editeur: L’atelier du poisson soluble

Collection: Les belles histoires du poisson

Pages: 72

Une jeune fille nous présente sa singulière amie, une chenille. Au fil des pages, elle nous parle de sa fragilité, de sa douceur, de ce lien qui les unit avant de nous montrer comment son amie vit auprès d’elle sur une bibliothèque transformée en maison de poupée. Le temps passe et la chenille grandit, un désir de voir le monde se développe et la pousse toujours plus loin. Quand arrive le temps de la métamorphose, la jeune fille comprend que leur lien ne sera plus jamais le même car elle aussi a bien grandi, elle n’est plus une petite fille, elle a de nouvelles amies. Mais toujours restera ce lien entre elle et son amie la chenille.

Mon amie la chenille est un album poétique qui aborde le passage de l’enfance à l’adolescence en utilisant la métaphore. Le trait réaliste de Marion Janin enrichit le texte par sa beauté et le charme que chaque illustration dégage. La couleur s’invite peu à peu au fil des pages comme pour marquer le temps qui passe et les changements qui s’opèrent. Avec elle, les détails se multiplient et viennent végétaliser les pages qu’elles remplissent aussi de références littéraires. La lecture est un grand moment de plaisir, magnifié par le dessin qui fait de cet album un véritable petit bijou de douceur. L’amitié sincère qui unit les deux personnages et l’émotion pure qui filtre au travers des pages en ont fait un coup de .

L’histoire d’une relation saugrenue, tendre et sincère.
Évocation des difficultés et des plaisirs de l’amitié, du temps qui passe, avec ses changements inévitables et irréversibles, les transformations qu’il fait subir aux corps. Sous forme d’une métaphore, une métaphore qui n’impose pas complètement son sens, Marion Janin nous propose une évocation très sensible et très personnelle de l’entrée dans l’adolescence.