Après la lecture du très sensible Du haut de mon cerisier de Paola Peretti, j’étais curieuse de découvrir ce très célèbre roman d’Italo Calvino. Curiosité encore un peu plus titillée par la lecture du poétique Un été en libertéde Mélanie Edwards. Deux romans sans liens mais dont l’héroïne a pour livre de chevet Le baron perché. Mes filles ayant également envie de découvrir ce titre, je me suis lancée dans une lecture à voix haute qui s’est rapidement révélée difficile car le texte ne s’y prête pas du tout. Les phrases sont d’une longueur ahurissante ce qui complique la lecture tant il est difficile parfois de pouvoir se poser et reprendre son souffle. Et de fait, cela n’a pas aidé à nous rendre ce roman agréable car ma voix chevrotait et avait du mal à donner le ton à ce récit pourtant intéressant.
Cosimo Piovasco di Rondo n’a qu’une dizaine années lorsqu’il monte sur le chêne du jardin familial pour ne plus jamais en redescendre. D’abord provocation à une injustice paternelle, cela devient une façon de se rendre intéressant aux yeux d’une fillette de son voisinage, avant de devenir un choix de vie réfléchi. Intelligent et observateur, Cosimo va faire de son arbre et de tous ceux du voisinage, un foyer unique mais d’une richesse incomparable. Au fil des rencontres et des années, il va s’adapter à son milieu, faire de très nombreuses lectures, étudier la philosophie, la politique, venir en aide aux plus démunis, se lier d’amitié avec des bandits, connaître l’amour, ses joies et ses peines. Sa vie sera riche et mouvementée mais jamais il ne reviendra sur sa décision et restera perché jusqu’à sa mort.
Conte philosophique, récit initiatique, Le baron perché est un roman fantastique, sur fond historique pertinent qui soulève la question des liens entre l’homme et la société. On peut aussi se demander si l’auteur ne tente pas de remettre en question les valeurs d’une vie de famille au profit d’une vie solitaire faite de rencontres multiples mais sans attaches. Ce qui est certain, est que ce récit ne laisse pas indifférent. Entre rires, consternations et réflexions, nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer.
En 1767, à la suite d’une dispute avec ses parents au sujet d’un plat d’escargots qu’il refuse de manger, le jeune Cosimo Piovasco di Rondo grimpe au chêne du jardin familial et n’en redescendra plus. Sautant de branche en branche et d’arbre en arbre, il s’élance à la découverte du monde: il étudie la philosophie, se passionne pour la politique, rencontre des bandits, connait les joies et les peines d’amour. Et cela sans jamais reposer un pied sur terre, ni revenir sur sa résolution.
Une mère invite ses enfants à jouer dehors. Si pour elle c’est le moyen d’avoir un peu de calme dans sa maison, pour les enfants il s’agit d’observer le monde qui les entoure. De leur jardin, ils franchissent la porte vers un monde aux couleurs luxuriantes et visitent quatorze paysages différents dans lesquels ils rencontrent des espèces animales en danger d’extinction.
Laurent Moreau propose un très bel album coloré qui sensibilise le lecteur à la beauté du monde et à la richesse de sa biodiversité. En fin d’ouvrage, les quelques 250 espèces consignées dans l’album sont répertoriées donnant un nouveau format à cet album: un jeu de cherche-et-trouve qui invite à encore plus d’observation.
Des enfants turbulents sont invités par leur maman à « jouer dehors ». Laurent Moreau nous embarque dans un véritable tour du monde à travers la représentation de quatorze paysages époustouflants : les bords de mer, la campagne, la montagne, la jungle asiatique…
J’ai eu le plaisir de découvrir Le secret de Léonard en avant première dans le cadre d’une offre Masse Critique et j’en remercie les éditions XO et Belin Jeunesse, ainsi que Babelio.
Flore, Raphaël, Pierre et Louis vivent à Amboise, château des Rois de France. Leurs parents travaillent au château qui est un lieu merveilleux pour les jeux des enfants. Ils en connaissent tout les endroits et secrets, ils aiment particulièrement se promener dans les souterrains pour espionner les conversations. C’est en allant jusqu’au Clos Lucé par les passages secrets que Flore apprend la mort de Léonard de Vinci. Avec ses trois amis, ils savent que l’un de ses plus précieux dessins a été volé. Ils doivent retrouver « l’aile volante » avant que le roi François Ier ne s’apperçoive de sa disparition.
Mireille Calmel n’a pas son pareil pour écrire des romans historiques aux personnages féminins forts et déterminés. Pour son premier roman jeunesse, elle conserve ces éléments qu’elle maitrise à merveille et signe un titre riche en aventure avec juste ce qu’il faut de dangers et de suspens pour attiser la curiosité des jeunes lecteurs et maintenir leur intérêt jusqu’au bout du récit. Si le texte est court et illustré, il ne manque pas de richesses. L’auteure emploie un lexique historique riche – définitions en bas de page – et ponctue son récit de faits et d’anecdotes historiques qui viennent l’enrichir un peu plus. Ses jeunes héros sont attachants et attirent rapidement la sympathie. On saluera la place importante donnée à Flore qui apporte un petit message féministe bienvenue dans une époque qui laissait peu de place aux filles/femmes en dehors de la maison. Le secret de Léonard est un roman parfait pour initier les jeunes lecteurs au roman historique.
Au château d’Amboise, le temps s’est arrêté: Léonard de Vinci vient de mourir. Mais pour Flore, Raphaël, Pierre et Louis, il n’y a plus une minute à perdre. Ils doivent retrouver le dessin de l’aile volante, l’une des plus célèbres inventions du maître. Qui l’a dérobé et pourquoi? Le compte à rebours est lancé, car le roi François Ier ne soit pas s’apercevoir de sa disparition…
Sur mon île aurait pu être une invitation au voyage mais ne nous y trompons pas, dès la couverture le ton est donné: la pollution plastique s’en prend aux animaux marins.
Le texte prend peu de place, les illustrations se suffisent à elles-mêmes. Partant de la ville et des hommes, l’auteur dénonce notre société de consommation et ce que cela engendre comme déchets plastiques. Du plastique qui apparait d’abord en points de couleurs qui font comme des constellations, avant de prendre des formes plus concrètes et de se retrouver dans l’océan, amoncelés en tas. Le huitième continent… Le macareux moine, avec son visage mignon, attire la sympathie du lecteur. Bien que très loin de son habitat naturel, il représente ici les espèces en voie d’extinction (lui est plutôt victime de la surpêche). Narrateur, il est l’hôte impuissant qui de son regard triste voit mourir ses amis.
Avec sincérité, Myung-Ae Lee propose un regard critique et réaliste sur un problème écologique majeur de notre époque. Elle soulève la question de la surconsommation et des effets qu’engendrent nos achats sur la biodiversité et sur nos paysages. Percutant, l’album s’adresse à un jeune public qui est ici pris au sérieux et responsabilisé. La protection des océans est l’affaire de tous et il n’est jamais trop tôt pour sensibiliser nos enfants. Sur mon île est un album au message écologique fort, au graphisme soigné qui nous a beaucoup touché et que nous avons pris le temps de lire plusieurs fois.
Recueil de nouvelles, Et parfois ils reviennent… nous entraîne à la découverte de huit récits fantastiques sélectionnés dans la bibliographie de maîtres du genre. Huit auteurs classiques du monde entier font ici figure de représentants d’un même genre mais décliné en différents registres. Le tout formant un ouvrage qui tour à tour fera frissonner ou rire le lecteur. Chez nous c’est un coup de cœur.
Lues à voix haute, ces nouvelles ont su captiver mes filles de onze ans qui ont pris beaucoup de plaisir à découvrir des textes de qualité, des auteurs qu’elles ne connaissaient pas pour la plupart et des histoires qui font froid dans le dos. Leur préférence va pourtant à la moins effrayante des nouvelles, Le Fantôme de Canterville d’Oscar Wilde, un classique mené par un fantôme grotesque et pathétique. Même si Gabrielle a également fort apprécié L’Etui merveilleux de Tcheng Ki-Tong qu’elle a trouvé plus poétique – elle adore la Chine et tout ce qui s’y rattache. Pour ma part, j’ai apprécié plusieurs de ces histoires, même si La Morte de Guy de Maupassant m’a semblé particulièrement terrifiante. Mais je donnerais ma préférence à La montagne des revenants de Gustavo Adolfo Bécquer, que j’ai trouvé belle et terrible à la fois.
Enfin je ne peux conclure sans parler des illustrations de talentueux Maurizio A.C. Quarello, qui déploie tout son art dans des aquarelles somptueuses. Une fois de plus il sublime les textes en les mettant en images avec un réalisme glaçant.
Guy de Maupassant (La Morte), Sheridan Le Fanu (Le Fantôme et le Rebouteux), Jerome K. Jerome (Le Fantôme de la chambre bleue), Gustavo Adolfo Bécquer (La Montagne des revenants), Robert E. Howard (Le Marécage), Oscar Wilde (Le Fantôme de Canterville), Tcheng Ki-Tong (L’Étui merveilleux), Edgar Allan Poe (Le Roi Peste) : huit maîtres du fantastique du monde entier sont ici réunis dans des registres différents – humour, grotesque, horreur ou épouvante pure –, pour un plaisir de lecture inégalé ! Avec à la clé le talent et l’appétit du grand illustrateur …
Irlande, 1847. La famine fait rage, décimant la population. Lorsque la peste menace les rares survivants, les O’Brien se tournent vers l’Amérique où le père est parti quelques années plus tôt pour trouver une terre d’accueil. C’est plein d’espoir que Sean et Annie embarquent à bord d’un bateau d’immigrants, laissant derrière eux leur mère malade, avec pour seul bagage, le trésor de leur famille: une torque d’or. Le voyage est d’autant plus périlleux qu’ils ne sont que deux enfants. Mais grâce à la protection de leur bijou, ils font des rencontres bienveillantes et peuvent compter sur leurs nouveaux amis pour les accompagner et les guider au travers les dangers qui ponctuent leur périple.
Morpurgo signe un récit culturellement et historiquement très riche et détaillé. Avec le talent qu’on lui connait, il revient sur un pan majeur de l’Histoire de l’Irlande dont la population n’a eu d’autres choix que d’immigrer vers une terre pleine de promesses alors qu’il leur restait si peu d’espoir de survie. Mais cette terre d’accueil n’était pas la paradis espéré et beaucoup perdirent la vie au cours du long voyage. En plus d’être une richesse culturelle, le texte est une véritable aventure jonchée de périples, de rencontres et de rebondissement qui en font un récit initiatique à faire lire à nos jeunes adolescents.
1847… Cette année-là, en Irlande, un terrible fléau anéantit la récolte de pommes de terre, condamnant le peuple à la famine. Sean et Annie, les deux enfants survivants du clan O’Brien n’ont qu’un seul espoir de salut: ils doivent partir retrouver leur père en Amérique. Ils s’embarquent à bord d’un navire d’émigrants. Commence alors la plus incroyable des épopées.
L’histoire prend place dans l’Union Soviétique Stalinienne. C’est l’hiver, il neige, et derrière les grilles du zoo de Moscou, une évasion se prépare. Une étrange meute d’animaux se concerte avant de franchir la porte, menée par l’ours. Plus ils avancent dans les paysages rudes de la toundra, certains redeviennent sauvages alors que d’autres semblent plutôt s’humaniser.
Vincent Cuvelier propose un conte philosophique qui soulève la question du pouvoir et de la liberté. Avec humour et subtilité, il invite son lecteur à se demander où sont les limites et jusqu’où les repousser. Le texte est sublimé par les illustrations très graphiques de Brice Postma Uzel qui semble s’être inspiré de l’art soviétique de l’époque. Je salue la fin ouverte qui laisse place à l’imagination et aux questionnements.
Au milieu du siècle dernier, des animaux s’évadent du zoo de Moscou. C’est l’hiver, il neige. L’ours mène la drôle de meute, composée de trois loups, d’un échassier, d’un porc-épic, d’un pingouin et d’autres animaux. Ils marchent, volent, trottent, et plus ils marchent, volent, trottent, plus ils redeviennent ce qu’ils ont toujours été: des animaux sauvages…