Persuasion
Traduction: Mme Letorsay (revue et complétée par l’éditeur)
Illustratrice: Margaux Motin
Editeur: Tibert
Pages: 300
Il y a six ans de cela, je rédigeais un billet sur le Persuasion de Jane Austen, le dernier de ses romans achevés, sans aucun doute le plus mature et le plus abouti. Je vous invite à lire ma critique ici. Globalement je pourrais écrire la même chose, si ce n’est que j’ai pris plus de plaisir à lire l’introduction qu’à l’époque. Publié à titre posthume, conjointement avec Northanger Abbey, il est aussi le seul roman de l’auteure dont l’histoire se déroule à l’époque où il a été écrit, c’est à dire après la défaite de Napoléon contre l’Angleterre, son abdication et son exil sur l’île d’Elbe. Persuasion est bien entendu une romance mais c’est aussi un hommage à la Royal Navy, et peut-être tout particulièrement à ses deux frères, officiers de marine. On y retrouve toute l’ironie et le style de l’auteure dans cette critique sociale qui valorise les traits de caractère à la richesse, pose la question de la place de la femme dans la société, et dans le mariage, et met en avant l’avantage d’un mariage d’amour à un mariage de convenance.
Margaux Motin illustre cette nouvelle édition avec le même humour et la même fraîcheur déployés dans Orgueil & Préjugés. Dix-huit illustrations couleur viennent moderniser un texte et des valeurs intemporels. S’il n’y a aucun croquis au fil des pages, j’ai apprécié le petit carnet de fin d’ouvrage qui permet de découvrir le travail préparatoire de l’illustratrice. J’ai passé un très agréable moment en compagnie d’Anne Eliott, du Capitaine Wentworth et de tous leurs amis. Il ne reste qu’à espérer que les éditions Tibert publient l’ensemble des six romans achevés de Jane Austen dans ce même format!
« Tout le privilège que je demande, c’est celui d’aimer le plus longtemps, même quand l’objet ou quand l’espoir ont disparu. »
Nouvelle campagne Ulule des éditions Tibert: Raison & Sentiments
Tu me donnes envie de lire Jane Austen ! Dur dur en cette période de confinement, il faut que je voie ce que je peux trouver…
c’est très dur!!! On a récupéré un petit paquet de BD ce matin… commandé il y a presque 3 semaines. J’essaie de grouper mes achats pour ne pas trop solliciter la poste mais c’est pas simple tous les jours… c’est un très bon exercice de patience 😀
J’achète à chaque fois tous les livres de chez Tibert, mais plus par collection. J’avoue avoir du mal avec certaines illustrations des fois, ou plus précisément l’humour.
je comprends tout à fait. Motin laisse beaucoup de place aux textes dans ses illustrations, ce qui peut parfois être limite en terme d’humour
C’est exactement ça. Plus j’en parle et pkus je vois qu’on est beaucoup finalement à ne pas accrocher vraiment à l’humour qui est fait.
J’adore le travail de Tibert, ce sont de vrais passionnés ! Mais je me demandais ce que tu avais pensé de la traduction ?
la traduction de Mme Letorsay n’est généralement pas la plus fidèle à l’original mais l’éditeur ayant revu et corrigé le texte, on se rapproche d’avantage du texte d’origine. Je suppose qu’ils ont choisi une traduction ancienne pour être plus proche de Jane Austen en terme d’époque et de langage mais qu’il a fallu réadapter le texte pour renouer avec le sens et y réintroduire les phrases non traduites, les contre-sens et j’en passe. Pour te faire une idée je te mets un exemple avec le début du livre avec ce que j’ai sous la main et ce que j’ai pu trouver sur le net.
En anglais: « Sir Walter Elliot, of Kellynch Hall, in Somersetshire, was a man who, for his own amusement, never took up any book but the Baronetage; there he found occupation for an idle hour, and consolation in a distressed one; there his faculties were roused into admiration and respect, by contemplating the limited remnant of the earliest patents; there any unwelcome sensations, arising from domestic affairs changed naturally into pity and contempt as he turned over the almost endless creations of the last century; and there, if every other leaf were powerless, he could read his own history with an interest which never failed. »
Traduction Mme Letorsay: « Sir Walter Elliot, de Kellynch Hall, dans le comté de Somerset, n’avait jamais touché un livre pour son propre amusement, si ce n’est le livre héraldique.
Là, il trouvait de l’occupation dans les heures de désœuvrement et de la consolation dans les heures de chagrin. Dans ces vieux parchemins, il éprouvait un sentiment de respect et d’admiration. Là, toutes les sensations désagréables provenant des affaires domestiques se changeaient en pitié et en mépris. Quand il feuilletait les innombrables titres créés dans le siècle dernier, si chaque feuille lui était indifférente, une seule avait constamment pour lui le même intérêt, c’était la page où le volume favori s’ouvrait toujours : Famille Elliot, de Kellynch Hall. »
Traduction André Belamich (10/18): « Sir Walter Elliot, du château de Kellynch, en Somerset, était un homme qui, pour se divertir, ne prenait jamais d’autre livre que le Baronnetage ; c’est là qu’il trouvait l’occupation d’une heure de loisir et la consolation d’une heure d’affliction ; c’est là qu’il s’élevait à l’admiration et au respect en contemplant les restes limités des anciens titres ; c’est là que toute sensation fâcheuse due à des ennuis domestiques se transformait naturellement en pitié et en mépris. Il parcourait alors les anoblissements presque innombrables du siècle dernier et là, si tout autre feuille pouvait le laisser indifférent, il pouvait lire sa propre histoire avec un intérêt qui ne faiblissait jamais. »
Traduction Tibert: « Sir Walter Elliot, de Kellynch-Hall, dans le comté de Somersert, n’avait jamais pris en main un livre pour son propre divertissement, si ce n’est le livre des baronnets.
Il trouvait là de l’occupation pour une heure désœuvrée et de la consolation pour une heure de chagrin. Devant ces feuilles anciennes, il éprouvait respect et admiration. Là, tout sentiment fâcheux provenant d’affaires domestiques muait en pitié et mépris. Quand il parcourait les innombrables titres créés dans le siècle dernier, chaque feuille lui était indifférente, hormis une seule qui avait constamment pour lui un intérêt souverain. »