Auteur: Jonathan Gibbs
Traducteur: Stéphane Roques
Editeur: Buchet/Chastel
Pages: 370
Quatrième de couverture:
Que ce serait-il passé si Damien Hirst n’avait jamais existé? Si le jeune artiste britannique le plus célèbre et le plus influent des trente dernières années avait été quelqu’un d’autre? Quelqu’un d’encore plus provocateur, plus scandaleux et de beaucoup, beaucoup plus drôle? C’est le scénario que met en scène Randall, formidable premier roman campé dans le Londres des années 1990, de la « Cool Britannia », et de l’émergence des « Young British Artists ». Randall retrace la trajectoire de son héros éponyme – un subversif et génial artiste contemporain -, depuis son diplôme d’école d’art jusqu’aux somptueuses soirées financées par de richissimes banquiers de la City. L’intrigue se noue autour de la découverte, par le veuve et le meilleur ami de Randall, des années après sa mort, d’une cache de dessins et peintures pornographiques qui compromettent l’ensemble des acteurs du monde de l’art et de la finance de l’époque. Que faire de ces brûlots estimés à des millions de dollars et qui révolutionneront sans aucun doute l’histoire de l’art contemporain? Intriguant portrait d’artistes en devenir, histoire d’amour et d’amitié s’il en est, Randall propose une plongée dans un moment clé de l’histoire de l’art et relate avec humour et cruauté la folie financière contemporaine et l’explosion d’une société où ne fait plus sens que ce qui s’achète, et s’achète cher.
Ce que j’en pense:
Provocateur, Randall est un artiste contemporain dont l’inspiration douteuse et les créations scatologiques scandaleuses vont lui permettre d’accéder à une reconnaissance et de se faire un nom. Vincent, banquier de la city, est son meilleur ami, un peu par hasard. Il gère aussi sa fortune et à sa mort, devient son éxecuteur testamentaire aux côtés de Justine, sa veuve. Lorsque cette dernière découvre des toiles pornographiques dont tout le monde ignorait l’existence, elle demande à Vincent de venir la retrouver à New York pour décider ensemble de se qu’il convient de faire de cette découverte qui pourrait bouleverser le monde artistique et l’image du défunt artiste.
Le récit est construit sur une alternance de chapitres se déroulant dans le présent (écrit d’un point de vue extérieur) et d’autres dans le passé (écrit par Vincent); alors que Vincent et Justine tentent de composer avec la bombe que Randall leur a laissé sur les bras, on découvre au travers des yeux du premier, un homme talentueux, intelligent et drôle qui a su tirer profit de rencontres fortuites pour exprimer son art. Mais l’auteur va plus loin, mettant le doigt sur le lien ténu entre l’art et l’argent; l’argent qui acquiert l’art, le revend et en fait un bien, une valeur.
Jonathan Gibbs signe un premier roman intéressant et bien écrit – même si la longueur des chapitres est à revoir – qui dénonce la créativité mise au service de l’argent. Il connait son sujet et l’expose au lecteur non initié, par l’intermédiaire de Vincent, qui n’a pas ce regard artistique qu’ont les jeunes qui entourent Randall. L’histoire est bien construite et intelligemment présentée, et même si cette lecture m’a mise parfois mal à l’aise, je trouve que Randall est une découverte intéressante.
Merci à Babelio et les éditions Buchet Chastel pour ce voyage artistique.